Interview: THUNDERMOTHER

Interview: THUNDERMOTHER

L’histoire de Thundermother commence à l’été 2010, quand une guitariste du sud de la Suède, Filippa Nässil, décide de jouer du Rock’N’Roll. Après avoir déménagé à Stockholm, elle fait la rencontre de sa première complice la guitariste italienne Giorgia Carteri. Filippa scelle le groupe avec trois autres recrues, le Rock’N’Roll chevillé au corps: Tilda Stenqvist à la batterie,

L’histoire de Thundermother commence à l’été 2010, quand une guitariste du sud de la Suède, Filippa Nässil, décide de jouer du Rock’N’Roll. Après avoir déménagé à Stockholm, elle fait la rencontre de sa première complice la guitariste italienne Giorgia Carteri. Filippa scelle le groupe avec trois autres recrues, le Rock’N’Roll chevillé au corps: Tilda Stenqvist à la batterie, Linda Ström à la basse, et l’Irlandaise Clare Cunningham au chant.
Le 21 septembre dernier, Rock Metal Mag s’est entretenu avec Clare et Filippa à l’occasion de la promo de leur second album « Road Fever », sorti quelques jours auparavant.

 

Rock Metal Mag: Comment allez-vous ? J’ai entendu dire que votre tourbus est tombé en panne juste avant votre concert en France ?

Clare Cunningham: Oui, nous étions assez triste que cela soit arrivé juste avant notre première date en France car nous étions très impatiente de jouer ici, mais cette petite tournée était vraiment géniale. On s’est beaucoup amusée… jusqu’à ce que le tourbus tombe en panne ! Ce sont malheureusement des choses qui arrivent.


Rock Metal Mag: Pourquoi le nom « Thundermother » ?

Filippa Nässil: Et bien, nous étions assises autour d’ une bonne bière et c’est venu d’un coup, comme ça. Le nom est sorti très rapidement. « Thundermother » nous correspond vraiment bien nous et notre style de musique.


Rock Metal Mag: Parlons de Road Fever, votre nouvel album. Je trouve que c’est un super album avec un bon son bien hard rock avec une touche bluesy.

Filippa: Oui c’est exactement ça, merci beaucoup !

RMM: Comment composez-vous et qui écrit les paroles ?

Filippa : J’ai toujours ma guitare près de moi. Je compose chez moi dans un coin et en général les riffs viennent vite. Je joue tous les jours de la guitare, je vis pour ça. On ne se casse pas vraiment la tête pour composer et ça a l’air de fonctionner. Des fois, j’ai juste un titre de chanson qui sonne bien et je montre ça à Clare « Tiens écris moi des paroles qui collent au titre » (rires). Ça peut même être juste un mot que je trouve super cool ! En général, Clare écrit les paroles parce que c’est elle qui parle bien anglais, moi je ne sais pas (rires).

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RMM: Vous avez fait une campagne de fonds sur la plateforme Pledge. En combien de temps avez vous atteint votre objectif ?

Clare: Oh ça a été très rapide, c’est assez dingue. On a commencé ça en avril ou en mars et en à peine 1 mois on avait atteint notre but. On n’imaginait vraiment pas que ça marcherait aussi bien.

Filippa : Oui, on avait mis une petite somme au départ. On ne pensait même pas l’atteindre et puis au final on s’est retrouvé avec le double, ce qui est génial. Grâce à ça nous avons pu faire encore mieux que ce qui nous était permis à la base puisque nous disposions de plus de moyens.


RMM: Comment vous êtes-vous retrouvées dans le monde de la musique ? A quel âge avez-vous commencé à chanter ou jouer de la guitare ?

Filippa : J’étais très jeune. J’ai toujours été entourée par la musique dans ma famille. Il y avait toujours quelqu’un qui jouait de la guitare ou du banjo. J’ai été dans une école de musique spécialisée dans le rock et j’ai très vite dépassé les autres élèves dans la technique. Et puis j’ai aussi fait des études dans la production donc j’ai toujours baigné dans ce milieu.

Clare : En ce qui me concerne c’est pareil ! J’ai toujours chanté en fait. En grandissant j’ai pris conscience du potentiel de ma voix et voilà où j’en suis ! J’ai aussi commencé le piano à l’âge de 8 ans puis je me suis tournée vers la guitare acoustique. Je fais quelques concerts en solo, juste moi et ma guitare.


RMM: Avez-vous un artiste préféré qui vous a influencé dans votre carrière ?

Filippa : Mmh non, en fait bizarrement… je n’ai pas d’idoles ! J’aime des groupes comme Rage Against The Machine et AC/DC mais, il n’y a jamais eu quelqu’un que j’aime plus que d’autres, même au niveau des guitaristes. Tu vois ce que je veux dire ? Maintenant avec l’âge et un peu de recul, je dirais Malcolm Young comme influence.

Clare : C’est pareil pour moi.

Filippa : Ça c’est une réponse très constructive (rires)

Clare : Oui la tienne était meilleure ! J’aime beaucoup le rock des années 70 et j’adore la voix de Janis Joplin. Il y a beaucoup de musiciens que j’apprécie mais je ne me sens pas non plus influencée par une même personne. Je dirais plutôt que c’est la période des seventies.

Filippa : J’écoute aussi du reggae, Bob Marley entre autre. Il a de belles paroles sur l’égalité et tout ça, tu sais, on devrait tous s’aimer et être libre d’aimer qui on veut, surtout à notre époque. J’aime les paroles ou les personnes inspiratrices, comme John Lennon.


RMM: Avez-vous l’impression qu’il est plus difficile de percer dans la musique quand on est une fille ?

Filippa: Plus ou moins. En fait, ç’est peut être un avantage comme ç’est peut être l’inverse. Globalement dans le milieu du rock, c’est plus fermé donc c’est parfois compliqué pour une fille. Mais en même temps, il y a toujours les bonnes personnes qui vont prêter attention à notre musique parce que justementnous sommes des femmes ! Il faut bien chercher et on finit par les trouver. Des gens qui n’écoutent pas spécialement du rock peuvent être attiré par curiosité, ça marche pour beaucoup de choses. En Suède heureusement il y a plus d’égalité, mais je pense que de nos jours, c’est difficile pour tout le monde.

Clare : Oui ça dépend vraiment. Des fois on va te dire «oh un groupe de filles, j’en veux pas» et d’autres fois ça va être «tiens un groupe de filles c’est intéressant». Mais en général c’est un milieu assez masculin et on n’est pas toujours prise au sérieux. Finalement ça nous motive à faire encore mieux.

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RMM: Quel(s) conseille(s) donneriez-vous à quelqu’un qui démarre un groupe ?

Clare et Filippa en même temps : Ne jamais abandonner !!

Filippa : Il y aura des moments difficiles mais il ne faut pas abandonner. Ce n’est pas facile au début. Il y aura toujours quelqu’un pour te descendre, quelqu’un qui ne croira pas en toi. Surtout qu’être dans un groupe, bien souvent ce n’est pas considéré comme un métier, donc ça peut être difficilement perçu par l’entourage. Soit on est encouragé, soit on ne l’est pas. Il faut être passionné et ne pas écouter ce que peuvent dire les autres.

Clare : Et puis il n’est jamais trop tard pour être dans un groupe !

Filippa : Oui c’est ce qui est bien dans la musique, il n’y a pas d’âge pour commencer ou même arrêter. Certaines personnes démarrent un groupe quand elles ont la trentaine ou même après, ce n’est jamais trop tard. Regarde moi par exemple j’ai 29.

Clare : La musique est ouverte à tout le monde.

Filippa: Exactement ! Tu vois Ghost ? Certains musiciens étaient pizzaïolos avant d’être dans le groupe et ils ne sont pas tous jeunes ! Regarde où ils en sont maintenant, c’est dingue.


RMM: La chanson Rock’n’Roll Sisterhood pourrait être votre hymne personnel ?

Clare : Haha oui c’est vrai, notre hymne ! C’est un peu le girlpower. On aime beaucoup cette chanson et étant un groupe composé de filles, il fallait qu’on écrive quelque chose comme ça. C’est vraiment pour toutes les filles qui font du rock’n’roll.

Filippa : On aimerait qu’il y en ait plus.  Allez les filles, réveillez-vous (rires) !

Clare : Je crois avoir lu quelque part qu’il y a à peine 5% de femmes dans le monde qui sont dans la musique. C’est un chiffre vraiment ridicule. Il faut que ça augmente.

Filippa : Dans mon école de rock par exemple, j’étais la seule fille de ma classe alors ce n’était pas facile. Les mecs me faisaient toujours des remarques et me disaient que j’étais nulle, alors que je savais que je jouais bien. J’ai été malmené en quelque sorte et c’est vraiment dommage de voir ça. Ça n’a pas toujours été facile. J’ai même abandonné la guitare pendant presque 2 ans pour me consacrer pleinement à la production. Mais je voulais vraiment jouer de la musique, pas seulement en étant dans un groupe mais en possédant mon propre groupe. Ce qui est bien en Suède, c’est que le pays encourage les femmes à travailler dans la musique. On a droit à des formations et autres programmes. En gros, c’est un pays très concerné par la musique. L’Etat accorde des subventions aux groupes locaux par exemple. C’est vraiment stimulant quand on débute.


RMM: D’ailleurs Filippa tu as ton propre Label. Peux-tu m’en dire plus ?

Filippa : Oui en effet, tu as très bien fait tes recherches ! Et bien j’ai créé ce label Raspberry Rocks records pour produire de petits groupes parce qu’en fait, je n’avais pas assez d’argent pour produire Thundermother. Je produis mon autre groupe, qui est un groupe de blues. J’espère vraiment que ça prendra de l’ampleur à l’avenir et que du coup, je pourrais produire Tundermother.


RMM: Vous avez joué avec Motörhead, Airbourne, Crucified Barbara.. Comment ça s’est passé ?

Filippa : En fait on n’a pas joué avec Motörhead. Ça devait se faire mais Lemmy était malade donc ils ont annulé. Mais on a quand même discuté et joué avec le batteur Micky Dee et c’était vraiment cool.

Clare : Oui et puis Airbourne, c’était super aussi. Joel a dit qu’on est un des meilleurs groupes de hard rock.

Filippa : Ils adorent notre groupe ! A chaque fois qu’ils passent chez nous en Suède ils nous invitent.


RMM: Et avec quels groupes aimeriez-vous joué ?

Clare et Filippa : Motörhead (rires) !

Filippa : AC/DC et Airbourne.

Clare : C’est vraiment notre top 3 !

Filippa : AC/DC c’est un rêve. Je les ai vu en Suède cet été et ils étaient incroyables.

RMM: Je les ai vu aussi. Ils assurent toujours même à leur âge !

Filippa : C’est ça ! C’est impressionnant et c’est ce qui est beau dans la musique. C’est aussi ce qu’on disait tout à l’heure, il n’y a vraiment pas d’âge pour le rock. Et nous on se nourrit de leur énergie, c’est un super boost.


RMM: Quel est votre meilleur souvenir de cette tournée et le pire ?

Clare : Sur cette tournée il y en a eu beaucoup, comme souvent ! On s’éclate. On monte sur scène et on se donne au maximum, on fait la fête sans penser au reste.

Filippa : Il y a ce moment pendant notre set où je traverse la foule pour aller jusqu’au bar et c’est toujours un moment génial.

Clare : Le pire ? Il n’y en a pas vraiment eu… peut être quand j’ai été malade.

Filippa : Quand je me suis foulée le bras, la cheville, le poignet… tout (rires).

Clare : Haha oui c’est vrai, je crois qu’on a presque toute fait une chute pendant cette tournée. Et puis il y a eu ce moment ou j’ai beaucoup bu alors que j’étais encore malade, mauvaise idée ! C’est toujours un peu le bordel, on s’amuse tous les soirs. Je pense que le pire reste quand même notre annulation de concert à Monbéliard. Mais on va revenir c’est certain !

Filippa: Oui Monbéliard tu nous verras ! Et toi  aussi (me désignant) tu dois nous voir, ça serait génial !


RMM: Est-ce que vous préfére être sur scène ou dans un studio ?

Clare : Être sur scène, sans hésitation !

Filippa : Oui, en studio tu as toujours une pression extérieure, du stress… Tu dois absolument finir dans les temps. C’est une question d’argent tu vois…

Clare : Ouais en studio le temps c’est réellement de l’argent.

Filippa : C’est quelque chose qu’on aime pas trop. Nous on aime jouer pour le public, être sur scène c’est le top. On partage quelque chose avec le public. On leur fait passer un moment et nous aussi.

Clare : On est un groupe fait pour la scène, c’est certain, beaucoup plus que pour le studio.

Filippa : Mon rêve serait d’avoir ma propre maison avec mon super studio. On serait toutes dedans et on prendrait du bon temps à notre rythme sans stress. Il y aurait aussi une petite ferme avec des poules, des chiens…

Clare : Et des chevaux !

Filippa : L’arche de Noé sur fond de rock (rires).


RMM: Connaissez-vous quelques groupes français ?

Clare : Je connais quelques groupes de reggae français mais je ne pourrais pas dire les noms.

Filippa : Gojia ! Ils sont supers ! J’adore leur album et leur présence sur scène. Je les ai vu en concert, ça a envoyé.


RMM: Et enfin avez-vous visité Paris ?

Clare : On est arrivé hier dimanche à 23h donc c’était un peu tard. On s’est dépêché de poser nos affaire à l’hôtel et surtout de prendre une douche. C’était la première en 4 jours, donc ça fait du bien de sentir bon (rires).

Filippa : Après autant de jours sans douche, c’était vraiment une renaissance ! On a un peu visité Paris, c’est une belle ville. Je trouve que Paris ressemble à Malmö à cause de la seine qui me rappelle le canal à Malmö. On espèrevraiment revenir ici.

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Merci à HIM Media, Gibson France et bien sûr à Filippa et Clare pour leur grande gentillesse.

Chronique du premier album « Rock’n’Roll Disaster » ICI
Chronique du nouvel album « Road Fever » ICI