Spheres : Interview au Dr Feelgood Rocket

Spheres : Interview au Dr Feelgood Rocket

Entretien avec Jesse (Batterie) et Clemence (Basse) au cours de la journée promotion au Dr Feelgood Rocket à Paris le 13 septembre dernier.

Entretien avec Jesse et Clémence du groupe Spheres au Dr Feelgood Rocket à l’occasion de la journée promotion organisée par Roger de Replica Promotion

Nouvel album « Helios » sorti le 23 septembre 2022 via M&O Music

Spheres Helios

TRACKLIST

1 Algorithmic Sentience
2 Spiritual Journey
3 Pandemia
4 Helios
5 SCS
6 Running Man
7 Take Me Higher, Ailleurs
8 Do You Agree

Spheres

Line up :
Jonathan : Chant / guitare
Jesse : Batterie
Clemence : Basse
Olivier : Guitare
+ Marco Walcsa : Claviers

Fondé en décembre 2017 par le chanteur, guitariste et compositeur Jonathan Lino, SPHERES prend son envol en Mars 2019 avec la sortie de son 1er album IONO. Le groupe enchaîne alors avec sa 1ere tournée en France, Belgique et aux Pays-Bas.

L’invitation au voyage spirituel et la dystopie semblent être les dimensions principales de la musique de SPHERES. Mais ce qui ressort avec évidence, c’est la multitude de contrastes et de textures qui la composent. L’aventure se dessine autour de riffs acérés, de mélodies planantes, d’une voix au timbre multiple allant du chant clair au growl en passant par le scream. L’atmosphère des morceaux oscille entre rêve et frénésie et tout est fait pour bousculer l’auditeur afin qu’il prenne part au voyage d’Helios.

Les influences : Opeth, Tool, Mastodon, Gojira, Devin townsend

https://www.facebook.com/bandspheres

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Rock Metal Mag : Avant que Jonathan fonde Spheres, est ce que vous étiez dans un ou plusieurs autres groupes ?

Jesse : Oui, je faisais parti d’un groupe qui s’appelle Dreamcatcher et avant je jouais avec Imperial Gate, un groupe de Metal Prog. Et bien avant encore, je faisais parti du groupe de Metalcore Ianwill. Après j’ai d’autres projets que le Metal. J’ai un quintet de jazz et d’autres projets musicaux dédiés à faire du « cacheton » si l’on peut dire. Ce sont plus des groupes de reprises.

Clémence : Alors, moi j’ai fait plusieurs projets . J’ai joué dans un groupe de Rock mélodique/progressif, lorsque j’habitais au Mans. Et actuellement je fais parti d’un groupe de Black Metal qui fait ses débuts. Pour l’instant on a juste sorti un EP. Après j’ai acquis pas mal d’expérience dans des groupes de lycée. Mais sinon rien de réellement concret.

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Rock Metal Mag : Est ce que vous pouvez me parler de la formation du groupe SPHERES?

Jesse : Avant que l’on rejoigne Jonathan, il y avait un autre line up à l’époque. Donc, sur le 1er album, Iono, ce n’est pas nous. Ensuite il y a eu la pandémie et nous on est arrivé en 2021.

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Rock Metal Mag  : Par rapport au nom du groupe Spheres, est ce que vous avez des infos ?

Jesse : Alors on pense que Jonathan est juste passionné par la science fiction et tout ce qui est en rapport avec l’inter planétaire. Et donc il y a un lien avec cet univers là.

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Rock Metal Mag : Et donc, pour le 1er album Iono, il y avait volontairement un jeu de mot avec Spheres : Ce qui donne Ionosphère, pour parler de l’atmosphère de l’album . Et pour ce second album Helios, même jeu de mot avec Spheres ce qui donne héliosphère. Helios étant le dieu du soleil dans la mythologie grecque, l’héliosphère est l’astrosphère du Soleil. Donc la thématique de l’album est basée en partie là-dessus?

Jesse : Il y a la thématique de l’intergalactique et la dystopie post apocalyptique. Ce sont vraiment les deux univers qui collent à l’ensemble du groupe et à l’album Helios.

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Rock Metal Mag : Comment s’est passé votre processus de composition? Il est surement différent de celui de Iono?

Clémence : Alors on ne sait pas trop comment cela s’est passé pour le premier. Lorsque l’on est arrivé dans le groupe, il y avait une base de squelette, avec quelques morceaux. Mais rien de vraiment fini. Ensuite, on a rajouté chacun nos parties. Et on a décidé ensemble de rajouter par exemple, comme sur Pandemia, une ligne de guitare de type Iron Maiden.

Rock Metal Mag : Mais à la base c’est quand même Jonathan qui écrit les morceaux?

Jesse : Alors cela dépend des morceaux. Pour certains il a quelques questionnements et i y a des éléments qui ont été apportés par d’autres instruments.  Mais sinon, oui, il amène le squelette, ou si on préfère, il pose le plan sur la table. De là, nous on choisit vers où on va aller en apportant notre patte et notre signature. Il y a une vraie démocratie dans le groupe. Même si c’est lui le leader, il n’y a pas de coté très rigide et pragmatique.

Clémence : Ce n’est pas comme Ghost. Un mec qui fait tout et 4 personnes derrière.

Jesse : Nous ne sommes pas que des interprètes et on s’implique vraiment dans la compo. Avec les riffs de guitare qu’il nous a amené, il avait mis une base de batterie qui a beaucoup changé d’ailleurs. Dès que l’on me dit que je peux apporter ma patte, je vais jusqu’au bout. Et j’adore ça. j’ai ma propre identité du jeu de batterie avec un coté un peu d’improvisation. En fait c’est mon coté jazz qui ressort. Dès que j’entre dans un groupe, ce qui existe déjà, sort différemment avec ce que j’apporte. Et c’est toujours un peu dans l’improvisation.

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Rock Metal Mag : Vous avez beaucoup d’influences différentes par rapport à Jonathan ?

Clémence : On se retrouve sur beaucoup de choses et notamment sur les grandes lignes. Donc Opeth, Devin Townsend, Gojira et ensuite on a tous d’autres influences à coté.

Jesse : Je pourrais citer beaucoup d’artistes de jazz comme Richard Bona, Avishai Cohen. Aussi des artistes de Funk comme Jamiroquai. Donc je suis très ouvert . Il faut dire que je suis issu d’une famille de musiciens et j’ai eu une éducation musicale très polyvalente. Et c’est ce que j’aime parce que je ne veux pas forcément rentrer dans une case. J’aime bien être un peu éclectique et cela me tient à coeur.

Clémence : Tu fais ce que tu as envie de faire au moment où tu vas e faire.

Jesse : Voilà. Mais c’est ce qui fait la force d’un morceau. Si tu sais jouer un petit peu de tout, tu vas réussir à le faire ressentir dans ce que tu joues quel que soit le style.

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Rock Metal Mag : Pour en revenir à la thématique, pourquoi le thème de la dystopie? Une dystopie est un récit de fiction dépeignant une société imaginaire au pouvoir totalitaire ? C’est ce que vous avez voulu dire ?

Clémence : Il y a plusieurs facettes de dystopie abordées dans les différents morceaux. Cela peut être par exemple sur Algorithmic Sentience, la première chanson de l’album. On a un système où les humains ont réussi à numériser les esprits et du coup les charger dans différents corps. Donc on va se retrouver dans un monde où, si tu as de l’argent, tu vas pouvoir changer de corps et d’enveloppe. A l’inverse, si tu n’as pas d’argent, tu es voué à disparaître. Donc, on est bien dans un système de totalitarisme où seul l’élite va pouvoir s’en sortir.

Dans le morceau Running Man, qui est inspiré du bouquin de Stephen King  » The Running Man », tout le système a complètement changé. Le seul truc intéressant est un jeu TV super violent, super gore que tout le monde kiffe. Puisque le pouvoir en place, fait passer ça pour un truc bien. Donc, c’est un moyen de contrôle de la population.

Jesse : Il y a aussi le morceau SCS. Il faut avoir un certain nombre de crédits pour pouvoir rester dans la société.

Clémence : SCS c’est Social Credit System.

Jesse : Donc on pale bien de dystopie dans chaque morceau mais ils ont tous leur propre facette.

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Rock Metal Mag :  L’inspiration pour les textes est plutôt tirée de romans d’anticipation et de films futuristes, entre autres?

Jesse : Oui, on est un peu inspiré par ça parce que l’on aime ça. J’aime beaucoup jouer à des jeux vidéo où il y a cette forme de dystopie ou cet après apocalypse et où il faut que tu sois presque sauvage pour t’en sortir. Cet univers me plait beaucoup.

Clémence : Et pour généraliser un peu je pense que même les gens qui aiment et font du metal, ont une affinité naturelle avec la dystopie. Ce sont des trucs assez violents, sombres, qui collent beaucoup aux différents styles de metal. Donc l’un dans l’autre cela va bien ensemble. Tu as beaucoup moins d’artistes pop qui vont faire des trucs sur la dystopie. Et comme il y a beaucoup de possibilités, ça laisse libre cours à ton imagination.

Jesse : La musique pop est plus dans les évènements concrets.

Clémence : Elle est plus ancrée dans la réalité en générale.

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Spheres Helios

Rock Metal Mag : Pourquoi cet oeil sur la pochette qui fait un peu penser à Pulse de Pink Floyd réalisée par Storm Thorgerson ou encore aux dessins de Luc BARTHELEMY ? Qui est l’auteur ?

Clémence : Alors c’est Julien Grelet qui l’a dessinée. Et c’est aussi cet artiste qui avait fait la 1ère pochette de Spheres (ndlr: Iono). Et le processus créatif a été assez simple. Une fois que l’on avait les morceaux à peu près finis et mixés très sommairement, on lui a envoyé, pour voir ce qui l’inspirait. Et assez rapidement, il nous a sorti un design très proche de celui là. Il y avait déjà cet oeil dans l’espace et on a très vite accroché. En fait dans les modifications qui ont été faites on a juste rajouté les bulles avec les embryons. A noter qu’il y en a 4 puisque nous sommes 4 dans le groupe.

Jesse : C’est peut être moi le plus gros ( rires ).En fait ça colle à l’identité de chaque membre.

Clémence : Tu peux trouver un lien avec tous les sujets qui sont évoqués dans l’album. Tu as des petites créatures qui sont perdues dans l’espace et tu as un gros oeil qui est en train de tout scruter et de tout observer. Tu retrouves même la dystopie dans la pochette. Et donc on a eu très peu de remarques à faire à Julien.

Jesse : Il a vraiment bien compris ce que l’on voulait dès le début. L’oeil c’est pour dénoncer un dirigeant un peu trop totalitaire, trop strict. C’est un peu ce que l’on défend et ce que l’on dénonce dans Helios, par exemple dans Running Man. Même dans l’ancien album, on retrouve cette idée là. Donc la pochette représente bien ce que l’on dénonce dans les textes.

Clémence : Mais c’est notre vision et cela reste un design que chacun peut interpréter à sa façon. Notre vision à nous deux n’est pas forcément la vision des deux autres, ni même celle de l’artiste.

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Rock Metal Mag : Helios dans la mythologie grecque c’est le dieu du soleil,  mais votre pochette reste assez sombre quand même?

Clémence : Alors cet oeil au milieu, représente un peu le soleil. Tu peux aussi le voir comme ça.

Jesse : Ou la planète Terre.

Clémence : Après, il y a aussi les jeux de mots avec Ionospheres, Heliospheres. Et petit à petit tu t’éloignes en fait de ce que tu connais. Ionosphère c’est la limite de l’atmosphère de la Terre. Donc une fois que l’on est sorti de ça, on est dans le système solaire. Mais une fois que l’on passe le système solaire, on est dans l’Héliosphère, donc toute la sphère d’action du soleil. Et petit à petit, on s’éloigne de plus en plus. Il y a un petit voyage qui se crée indépendamment des albums sans pour autant que ce soit un truc très concept.

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Jo de Spheres

Rock Metal Mag : Les compositions sont très variées mais le chant aussi mélange énormément de style. Chant clair mélodique, chant rocailleux, Growl du Death,  scream du Black Metal..  Le timbre de voix multi facettes ressort vraiment.

Clémence : Et même sur le passage central de morceau Spiritual Journey, il y a l’utilisation de chant diphonique que tu vas retrouver traditionnellement dans la musique mongole. Les chants de gorge apportent. d’autres facettes différentes et permettent de voyager encore plus . Je pense que si il fallait résumer l’album en un mot ce serait: voyage.

Jesse : Oui, il y a vraiment une culture qui se nourrit de cultures du monde.

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Rock Metal Mag : Jonathan est prof de chant donc c’est aussi une façon de montrer un peu tout son répertoire vocal.

Clémence : Il met en pratique ce qu’il sait faire au service de la musique. Ses différentes voix servent les morceaux, donc, pourquoi s’en priver?

Jesse : Je trouve que ça colle aussi au personnage. Jonathan est très extraverti et par exemple on peut le voir dans le morceau Running Man, car à un moment il y a un coté très théâtral.

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Rock Metal Mag : Pandemia est un morceau très varié et a aussi un coté très atmosphérique et présente une multitude de contrastes et de textures . C’est le plus représentatif du groupe musicalement parlant?

Jesse : Les différentes facettes de Pandemia, oui, elles sont représentatives du groupe.

Clémence : Il est construit de façon à raconter une histoire en plusieurs chapitres. Il n’ y a jamais de passage qui revient vraiment.

Jesse : En fait chaque facette peut représenter un membre du groupe. Le coté plus calme, plus timide si l’on peut dire, te représente (Clémence). Le coté plus bourrin peut me représenter. (rires). Et enfin, juste après que tu doubles la partie de guitare, c’est peut être le coté un peu plus Olivier. Et vers le milieu, c’est plus Jo. On ne l’a pas pensé comme ça mais cela peut être représentatif de chacun d’entre nous.

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Rock Metal Mag : Pourquoi avoir choisi de présenter Spiritual Journey en premier single et vidéo ?

Jesse : C’est celui qui rentre le plus dans l’oreille. Le riff a un truc très radiophonique dans le processus. Et il reste dans la tête. Et donc ce morceau là allait donner un premier avant goût de l’album et l’envie d’aller écouter la suite.

Clémence : Mine de rien il y a beaucoup de facettes dans Spiritual Journey mais sans que ce soit un morceau aussi long que Pandemia. C’est difficile de clipper un morceau de 11 minutes. Déjà il y a la contrainte budgétaire, et c’est compliqué de faire un clip d’un morceau aussi long.

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Rock Metal Mag : Florian Soum est venu ajouter un superbe solo de guitare . pourquoi juste sur un titre?

Clémence : Alors de mémoire, Florian avait aussi auditionné pour ce groupe. Au final, cela ne le bottait pas plus que ça mais il a quand même gardé l’idée de faire un solo. Et cela s’est fait comme ça. C’est plus un solo guest en fait et cela fait plaisir d’avoir un musicien de son niveau qui vient bosser sur un morceau.

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Rock Metal Mag : Vous ne vous mettez aucune limite coté musical . C’est prog mais aussi Death, Thrash avec de l’electro. Est ce que tu n’avez pas peur que l’on vous reproche trop de disparité tant l’album est varié ?

Jesse : Le fait de ne pas rentrer dans une seule case, pas tant que ça. Nous même on dit que l’on fait du metal progressif, mais déjà, moi, je ne me catégorise pas comme un batteur metal. Donc, libre choix à la musique et l’auditeur est libre de choisir le style musical qu’il ressent.

Clémence : On a tous essayé de faire de la musique un peu plus « simple », mais cela nous correspond moins. Là, c’est vraiment un truc où l’on peut se donner à fond et il y a un énorme travail sur les ambiances et les claviers.

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Rock Metal Mag : L’intro de SCS me fait penser à Pantera. 

Jesse : Alors moi je pense plus à du Slipknot pour l’intro.

Clémence : Oui, Slipknot, je suis assez d’accord. Dans le style Before I Forget. Le rythme est martelé avec la batterie et la basse pour accellérer petit à petit

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spheres release

Rock Metal Mag : Vous prévoyez une release pour la sortie de l’album?

Jesse : Oui le 29 octobre à l’ International.

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Rock Metal Mag remercie Jesse et Clémence du groupe Spheres, Roger de Replica Promotin et le Dr Feelgood Rocket

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