Motocultor : Interview avec Yann Le Barraillec

Motocultor : Interview avec Yann Le Barraillec

Entretien au Dr Feelgood Rocket à Paris avec Yann Le Barraillec à propos de la 14ème édition du Motocultor 2023

 Entretien avec Yann Le Barraillec organisateur du Motocultor XIVème édition qui a lieu 17-18-19-20 AOÛT 2023 à Carhaix.

A l’affiche 110 groupes sur 4 scènes

Interview réalisée par Gaëlle lors de la journée promotion organisée par NRV Promotion au Dr Feelgood Rocket à Paris

Motocultor Affiche

Jeudi 17 Août

Royal Republic † Wolfmother † Hatebreed
A.A Williams † Angelus Apatrida † Burning Witches † Coroner † Extinction A.D † Grade 2 † Hällas † Kadavar † Komodor † Long Distance Calling † Lost in Kiev † Steve’n’Seagulls † Ugly Kid Joe † The Psychotic Monks † Warbringer † Worst Doubt † Zeal & Ardor

MOTOCULTOR

Vendredi 18 Août

Wardruna † Epica † Katatonia
Arka’n Asrafokor † Boisson Divine † Brieg Guerveno † Carcass † Carthagods † Crisix † Deicide (Legion set) † Déluge † Esthesis † GGGOLDDD † Gorod † Haken † Hanabie † Health † Hrafngrímr † Humanity’s Last Breath † Hypno5e † IC3PEAK † Insomnium † Lili Refrain † Luc Arbogast † Marduk † Napalm Death † Psychonaut † Terror † Uuhai † Vio-lence

MOTOCULTOR

Samedi 19 août

Bullet For My Valentine † Sodom † The Exploited
Akiavel † Amenra † Birds in Row † Bleed From Within † Brutal Sphincter † Brutus † Coilguns † Der Weg Einer Freheit † Dog Eat Dog † Fuoco Fatuo † Gama Bomb † Gatecreeper † Little Big † Ludwig von 88 † Not Scientists † Oi Boys † Pénitence Onirique † PØGØ † Rectal Smegma † Russian Circles † Scarlxrd † Sortilège † Sylvaine † The Toy Dolls † T.T.T (Tribute to Thrash) † Washington Dead Cats † Watain

MOTOCULTOR

Dimanche 20 août

Alestorm † Avatar
1914 remplacé par MOONREICH † ABBATH † Archspire † Bell Witch † Biohazard (Original Line-up) † Carpenter Brut † Cave In † Church of Misery † Converge † Crowbar † Deliverance † Dieth † Dying Fetus † Elder † Eyehategod † Gaerea † Heart Attack † Kabbalah † Landmvrks † Mondo Generator † Messa † Nostromo † Orpheum Black † Pleasing † Rise of the Northstar † Shadow of Intent † Soen † Stick to Your Guns

https://www.facebook.com/events/1469033496928627

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Rock Metal Mag : Tout d’abord, comment est née l’idée de créer le Motocultor Festival en 2007

Yann le Baraillec : J’organisais pas mal de concerts depuis quelques années car j’avais des amis musiciens. La force des choses a fait que je suis devenu l’organisateur attitré ! J’avais moi-même un groupe de reprises qui s’appelé « Motocultor », où j’officiais à la basse. On faisait beaucoup de concerts et comme le nom attirait du monde, on faisait quelques dates en tête d’affiche.

Cela se passait en 2006 alors que le groupe n’avait qu’un an.

J’organisais déjà des concerts depuis plusieurs années au sein d’associations et dans des salles en Bretagne ou sur Nantes. Nous avons été contacté pour être bénévoles sur l’ancien festival de Saint Nolff en septembre 2006. Je n’avais pas été sur ce festival depuis 4 ans mais c’est là que j’ai eu un déclic. J’y allais en tant que festivalier auparavant. Cette fois-ci j’avais un œil du côté de l’organisation. J’ai vu que c’était cool d’organiser un festival en plein air et que l’ambiance correspondait à ce que je voulais faire sur le territoire où j’habitais. Nous avons rapidement repris le nom du groupe car il était accrocheur.

C’était un peu le festival du groupe « Motocultor ».

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Rock Metal Mag : Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui veut lancer son propre festival à l’heure actuelle ?

Yann le Baraillec : Il faut toujours se lancer et ne pas écouter les personnes qui disent qu’il ne faut pas le faire. Je sais que c’est facile à dire mais il faut vraiment y aller et ne pas se décourager. Le secret c’est surtout de trouver le bon lieu et faire une bonne programmation pour être sûr d’avoir du monde. Il faut également savoir bien s’entourer pour l’organisation. Ce sont des conseils basiques mais il faut oser le faire. Cela demande aussi beaucoup de volonté ! Il n’y a pas énormément de gens qui ont une motivation suffisamment grande pour se lancer. Il faut plus de festivals alors j’encourage les gens !

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Rock Metal Mag : Parlons un peu des moyens logistiques car on ne se rend pas toujours compte de leur ampleur. Quel est le nombre de personnes qui travaillent sur le festival ou qui sont bénévoles ?

Yann le Baraillec : Nous étions 850 bénévoles l’année dernière et cette année nous avons fait un appel aux bénévoles pour monter à 1 000. Nous sommes confiants sur l’objectif à atteindre car cela part déjà très vite.

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Rock Metal Mag : Comment se passe l’installation du festival?

Yann le Baraillec : Le montage commence une dizaine de jours avant le premier jour du festival. Ensuite on dispose de cinq jours pour le démontage.

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Rock Metal Mag : Le festival existe depuis 16 ans,  quel constat fais-tu sur son évolution, la fréquentation ou encore la programmation ?

Yann le Baraillec : Déjà au niveau du budget, nous sommes passés de 6 000 euros à 3 millions ! Nous avons vu une forte croissance et là nous avons stabilisé le festival à taille humaine. Nous voulons qu’il reste convivial avec la jauge actuelle. Au début il n’y avait que des bénévoles et désormais nous faisons appel à des salariés pour certains métiers spécifiques. C’est un mixe essentiel entre bénévoles et salariés pour qu’un festival puisse se faire. C’est un peu nouveau pour nous puisque ça ne fait que depuis 2019 que l’on embauche plus de monde car avant cela se comptait seulement sur les doigts d’une main.

Au niveau de la jauge, nous sommes à 15 000 personnes par jour donc cela fait environ 44 000 entrées sur 4 jours pour l’année dernière. Pour cette édition nous visons 45 ou 60 000 entrées mais nous n’avons jamais rempli le festival.

Habituellement nous tournons à 11 000 personnes par jour.

Une fois que l’on aura atteint notre nouvel objectif, nous aimerions réussir à être complet plusieurs mois à l’avance. Par exemple, si nous arrivons à faire venir de plus grands groupes, ce ne sera pas pour nous agrandir mais pour remplir plus vite. L’idée serait de figer cela et faire d’autres petits concerts à côté. Je préférerais avoir d’autres projets le reste de l’année, plutôt que de faire grandir indéfiniment le festival.

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Rock Metal Mag : J’imagine qu’avec l’inflation le cachet des artistes a augmenté. Est-ce que le prix des pass en subit les conséquences ? Comment gérez-vous cela ?

Yann le Baraillec : On a augmenté le pass 4 jours de 20 euros et d’une dizaine d’euros pour les autres pass. Nous avons été obligé de procéder ainsi et nous verrons en septembre si cette augmentation a été un frein. Pour l’instant on ne ressent pas de différence au niveau des ventes. Notre augmentation reste petite comparée à d’autres festivals. On espère ne pas avoir à hausser encore les prix plus tard. Mais le cachet des artistes est devenu conséquent avec l’inflation. Il faut que les cachets arrivent à baisser à nouveau pour que nous ne soyons pas obligés de trop négocier, ou même de se priver d’artistes. Ce n’est pas évident !

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Rock Metal Mag : Cette édition 2023 ne sera pas à Saint Nolff mais à Carhaix. C’est presque à 1h de distance. Pourquoi ce changement ?

Yann le Baraillec : Cela faisait depuis 2019 qu’il y avait un désaccord sur la durée du festival. Nous avons réussi à faire passer les 4 jours en 2019 et 2022 mais nous attendions que la mairie se positionne sur l’après. Il devait y avoir un vote au conseil municipal. Si la décision avait été favorable, nous aurions pu rester à Saint Nolff . Tous les festivals sont passés à 4 jours et nous arrivons, grâce à un budget précis, a embaucher suffisamment sur 4 jours. Autrement, c’est plus compliqué.

Faire 4 jours c’est désormais le format standard en Europe.

Donc repasser à 3 jours aurait été un retour en arrière. La problématique c’est qu’il y avait des terrains de parking amenés à disparaître dans les prochaines années. Il aurait fallu aller à 5 ou 10 kilomètres pour se garer. Le côté convivial du festival se serait perdu. Nous nous sommes donc posés plusieurs questions, notamment par rapport aux nuisances sonores que cela aurait engendrées avec le passage des véhicules et des festivaliers. En l’absence de discussion et sans perspective d’aménagement du site de Saint Nolff depuis 2014, il a fallut penser à autre chose. Pourtant, nous avions le financement et le soutien des collectivités pour améliorer le site, notamment pour le réseau téléphonique. Malheureusement, il ne s’est rien passé rien au niveau de la Mairie.

Le cumul de tout cela nous a poussé à bouger ailleurs.

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Rock Metal Mag : Quels sont les principaux changements liés au nouveau site?

Yann le Baraillec : Le nouveau site va rester compact et de taille identique à l’autre. On veut garder les scènes proches pour que ce soit simple d’aller d’une scène à l’autre. Les parkings seront proches du site pour garder une convivialité. En gros les parkings, le camping et le site principal resteront à taille humaine, comme avant. On veut garder à l’identique l’esprit du site. Si il était trop étendu, l’ambiance serait différente et cela ferait plus vide.

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Rock Metal Mag : Est-ce qu’il y a un engouement de la part des habitants du coin ?

Yann le Baraillec : A fond ! Et pas seulement dans le coin mais également sur le département. Nous avons plein de demandes de gens du Finistère qui souhaitent être bénévoles. Les demandes avaient commencé avant même que ce soit officialisé à Carhaix. On n’avait jamais eu ça dans le Morbihan.

Les entreprises et les commerçants parlent beaucoup de façon positive de l’événement.

Il y a une grande curiosité de la part des gens qui veulent voir ce que cela donnera. Le public metal est toujours apprécié. Je pense qu’il y a aussi l’effet Vieilles Charrues qui est là. Les gens du coin savent ce que c’est que de participer à un festival sur 4 jours car il y a des bénévoles des Vieilles Charrues ou du festival du Bout du Monde. Ce sont les entreprises qui nous appellent avant que nous le fassions. Leur propositions collent aux attentes que l’on a. Je pense que si nous n’avions pas était à Carhaix, il aurait été difficile de continuer le festival. C’est beaucoup de boulot et là tout vient à nous ! Nous arrivons donc à faire les choses de manière correcte.

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Rock Metal Mag : Et à contrario, est-ce que vous avez eu des détracteurs ?

Yann le Baraillec : Pour le moment, non ! Il y a juste des gens qui s’inquiètent de voir des routes bloquées mais nous allons les rencontrer pour leur expliquer que justement, il n’y aura aucune route de bloquée ! Ils ont besoin d’être rassuré car ils ont en tête les conditions des Vieilles Charues qui accueille 80 000 personnes par jour, donc c’est très différent de nous. Nous n’allons fermer aucune route, rocade ou commerce.

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Rock Metal Mag : Quels sont les moyens déployés pour assurer la sécurité des festivaliers ?

Yann le Baraillec: Nous avons des agents d’une boite de sécurité ainsi que des agents SSIAP (pompiers) pour la sécurité incendie. Nous avons des secouristes sur le site H24, dès le moment où le parking et le camping ouvre, jusqu’au lundi 12h. Tous ces divers agents tournent sur le site. Il y a également un médecin sur place aux heures des concerts. Des stands de préventions sont également installés par rapport aux agressions sexistes et sexuelles. Cela se fait sur tous les festivals. Des associations liées à ça viennent former des équipes sur le site afin de sensibiliser les gens. Il y a des maraudes qui sont également effectuée. Tout se passe bien.

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Rock Metal Mag : Coté programmation, est-ce qu’il y a un groupe que vous aimeriez faire jouer en particulier?

Yann le Baraillec : Megadeth ! On adorerait les avoir sur la Dave Mustage ! On n’était pas loin d’y arriver cette année mais c’est finalement un échec. Je ne sais pas dans combien d’année nous aurons l’opportunité de les avoir mais on retentera. Ce n’est pas une question de budget mais une question de date et de route à faire pour le groupe. Cette année la date en Bretagne était trop éloignée du reste de la tournée. Une prochaine fois, s’il ne passe pas au Hellfest avant.

Nous voulions Wardruna depuis 2014 et nous avons réussi donc on ne désespère pas !

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Rock Metal Mag : La programmation est principalement axée Metal mais parfois il y a quelques groupes qui sortent du lot. Cette année ce serait plutôt Little Big et Royal Republic. Pourquoi ces choix un peu différents ?

Yann le Baraillec : Nous avons toujours fait ça, surtout avec des groupes émergents. Maintenant que nous sommes passés à 4 jours avec 4 scènes, on peut davantage se permettre cela sans dénaturer ce que l’on fait dans le metal extreme. Faire Royal Republic il y a quelques années, cela aurait été un groupe de black ou de death en moins. Donc difficile pour nous de s’imposer cela à l’époque où nous avions seulement 45 groupes.

Maintenant c’est possible sans toucher au quota des groupes extrêmes.

Les gens ont ce qu’ils veulent quoi qu’il arrive et en plus on ouvre un nouvel horizon, de nouvelles découvertes pour le public. Ce n’est pas forcement un truc qui se fait dans les festivals de metal, cette envie d’avoir un peu d’éclectisme. Pour moi, cela reste cohérent mais c’est vrai que lorsque l’on regarde les autres festivals de metal, ils restent souvent cantonnés à un style, comme le heavy par exemple. On en discute avec d’autres festivals partenaires car on souhaiterait faire venir des groupes de Stoner, mais comme on a déjà Orange Goblin ils estiment que c’est suffisant.

Sur 110 groupes, nous pouvons nous permettre d’autres possibilités.

Little Big est déjà venu en 2014 et à l’époque j’avais mis le frein à main ! L’année d’avant on les avait même refusé, puis finalement on s’est lancé. On les avait placé dans l’après-midi mais il y avait un créneau qui s’était libéré la nuit et dont personne ne voulait. C’est difficile de bouger des groupes quand tout est déjà planifié. J’ai réécouté et je me suis dit pourquoi ne pas les mettre la nuit ? Cela a plus de sens qu’un groupe comme celui-ci se produise tard la nuit. Donc c’est ce qu’il s’est passé en 2014 et ça a fait mouche auprès du public. Une demie heure avant leur passage s’était en mode pogo et pour eux c’était une ambiance de club. Et tout le monde était là pour eux ! Il n’y avait personne au camping ! Voilà cette année nous avons plaisir de les refaire !

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Rock Metal Mag : Que vous apporte l’organisation d’une soirée « WarmUp » ?

Yann le Baraillec : Cela permet aux bénévoles et aux équipes de découvrir le site avant l’heure car c’est juste à côté du site. Comme on déménage, c’était pour marquer le coup. Et puis les warm Up aide pour faire la promotion du festival. C’est une bonne soirée de retrouvailles des équipes. On va aussi mieux s’ancrer sur le territoire et faire découvrir le metal aux élus et aux diverses délégations de curieux.

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Rock Metal Mag remercie Yann le Baraillec, organisateur du festival MOTOCULTOR, NRV promotion et Le Dr Feelgood rocket

https://www.facebook.com/MOTOCULTOR.FESTIVAL.OpenAir