Interview: MONSTER TRUCK

Interview: MONSTER TRUCK

De nos jours, on a un peu trop tendance à utiliser le terme « Rock’ n’Roll » pour tout et n’importe quoi, au point de parfois en oublier son véritable sens… Heureusement, de temps à autres, quelques groupes sont là pour remettre les pendules à l’heure et nous rappeler que pour être « rock » il ne suffit pas

De nos jours, on a un peu trop tendance à utiliser le terme « Rock’ n’Roll » pour tout et n’importe quoi, au point de parfois en oublier son véritable sens… Heureusement, de temps à autres, quelques groupes sont là pour remettre les pendules à l’heure et nous rappeler que pour être « rock » il ne suffit pas d’avoir de jolis tatouages « tout beau tout neuf » et de booster le son de ses guitares…

Né en 2008 à Hamilton, Ontario, Monster Truck s’est lancé dans l’aventure sans trop se soucier des codes dictés par  »l’industrie du disque » et en décidant avant tout de jouer une musique influencée par les groupes de hard rock, de punk et de classic rock qui plaisaient depuis toujours à ses membres fondateurs : Jon Harvey (chant / basse), Jeremy Widerman (guitare), Brandon Bliss (orgue) et Steve Kiely (batterie).

Notre pays a découvert MONSTER TRUCK en 2014, tout d’abord à travers  »Furosity », leur 1er album sorti tardivement chez nous – pourtant n°1 au Canada dés 2013 – puis en première partie de Slash, au Zénith de Paris les 12 et 13 novembre 2014.

Fin 2015, le groupe dévoilait le titre « Don’t Tell Me How To Live », un premier extrait de  »Sittin’ Heavy » leur nouvel album sorti le 19 février dernier sur Mascot Records. La puissance rock du quatuor d’Hamilton est parfaitement illustrée par les 11 morceaux de ce disque.

Rock Metal Mag s’est entretenu avec le batteur Steve Kiely quelques heures avant leur show sold-out à La Maroquinerie, à Paris.

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Rock Metal Mag: Comment te sens-tu à l’approche du show de ce soir ?
Steve Kiely: Je me sens super bien ! La dernière fois qu’on a joué à Paris c’était en tête d’affiche et c’était une première. Je me souviens que le public était très enthousiaste et dansait beaucoup ! On vient juste d’apprendre que le concert est complet ce soir alors que c’est une salle plus grande, donc on est super excité et très content. Ça va être amusant (rires).

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Rock Metal Mag: C’est un groupe différent qui ouvre pour vous chaque soir. Alors connais-tu le groupe d’ouverture de ce soir, SIMO ?
Steve Kiely: Non je ne le connais pas vraiment. Je sais qu’ils sont sur le même label que nous ici en Europe donc ça nous fait quelque chose en commun (rires) ! Ils ont l’air cool en tout cas.

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Rock Metal Mag: Avez-vous vu toutes les bonnes critiques à propos de « Sittin’ Heavy » ? Et habituellement, prêtez-vous attention aux critiques ?
Steve Kiely: En ce qui me concerne, pas vraiment. Par contre Jer, le guitariste, prête beaucoup attention à ça sur internet notamment, il est toujours à la recherche de chroniques ou d’articles. Ça lui tient à cœur. Il a dit que les chroniques étaient toutes plutôt bonnes et qu’il n’en a pas vu de mauvaises, donc c’est bien. Quand il y en a une bonne, on la lit tous. De manière général, ça a été très positif et c’est une agréable surprise car tu sais, il y a toujours des gens qui ont un problème avec ta musique, qui n’aiment pas ci où ça… Mais je suis très content de toutes les chroniques qui on été publiées jusqu’à présent !

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Rock Metal Mag: Vous êtes passés du petit groupe de bar à celui qui ouvre pour Slash et Deep Purple dans des salles immenses ! Comment gérez-vous votre succès grandissant ?
Steve Kiely: Je pense que l’élément principal à se rappeler est qu’il faut se rattacher à quelque chose. Si c’est avec les gens qui t’entourent, comme passer du temps avec ta famille, il faut te souvenir des choses essentielles et non de toutes les choses futiles qui viennent avec le succès. On ne doit pas penser qu’on est plus important que les autres par exemple. En fait, il faut garder la tête haute tout en restant les pieds sur terre. Tu dois être entouré des bonnes personnes.

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Rock Metal Mag: Avez-vous toujours le même processus de création ?
Steve Kiely: C’était un peu différent cette fois-ci, car on a eu beaucoup plus de temps pour enregistrer notre précédent album (Furiosity). Par contre pour Sittin’Heavy, on a terminé deux ans de tournées et on s’est un peu reposé puis on s’y est mis juste après. On a pris ça comme un job où tu travailles du lundi au vendredi, sauf que là tu écris des chansons et tu poses des idées. On a fait ça pendant deux mois et ça a bien fonctionné, sauf que c’était un peu plus stressant à faire. Cette fois-ci, on a déjà commencé a écrire les chansons pour le prochain album et on veut que ça soit moins stressant, sur une longue période. Tu sais, au cours de l’année il se passe tellement de choses, tu as des sentiments différents, une inspiration différente, tu ne te focalises pas sur ça pendant seulement deux mois. Donc c’était différent de Furiosity mais heureusement ça a marché, et on a appris de cette expérience, mais on veut faire ça différemment la prochaine fois. On veut rendre ça plus facile, le faire par nous même et on veut être en mesure d’avoir du temps pour laisser couler les idées.

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Rock Metal Mag: D’ailleurs l’album semble plus diversifié au niveau des compositions. Était-ce une nécessité pour vous d’explorer de nouveaux horizons ?
Steve: On savait qu’on devait faire ça. Notre premier album était très rentre dedans, il n’y avait pas vraiment de répit, ce qui est bien car c’est comme ça qu’on a eu de nombreux fans mais maintenant, on ne veut pas revenir avec la même chose encore une fois. On savait qu’on devait aller vers d’autres territoires. Par exemple, on a exploré davantage les harmonies vocales, les tempos plus lents. Il fallait le faire sans que nos fans de la première heure nous détestent, mais c’était sympa d’essayer ça. C’est une tâche difficile qui peut te rendre nerveux car c’est nouveau et effrayant. Tu ne sais pas si tu es assez bon pour ça, mais ça nous soude encore plus en tant que groupe.

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Rock Metal Mag: Apparemment vous seriez tenté d’enregistrer un titre en français ?! Peux-tu m’en dire plus ?
Steve: On a encore jamais fait ça mais on en a beaucoup parlé car il y a la région française du Canada, le Québec. On en a discuté, mais on ne l’a pas fait sur cet album. En fait, Brandon (claviers) est le seul qui parle un peu le français québécois qui est légèrement différent du votre je crois. Donc on ne l’a pas encore fait, mais je pense que c’est quelque chose qu’on va vraiment faire dans le futur !

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Rock Metal Mag: Qu’aimes-tu le plus dans la musique ?
Steve: J’aime jouer en live et c’est une manière plaisante d’exprimer son énergie. J’adore les intéractions avec les fans. Ils puisent leur énergie à travers nous et nous faisons de même à travers eux, c’est ce que je préfère. Je ne peux retrouver ce sentiment nul par ailleurs qu’en live.

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Rock Metal Mag: Est-ce parfois difficile de garder votre énergie concert après concert ?
Steve: Oui on doit garder ça à l’esprit quand on est en tournée, l’énergie ! On ne doit pas trop faire les fous ou boire trop de bières (rires), surtout maintenant qu’on a tous 34 ans, ce n’est plus comme quand on en avait 22 (rires). A cet âge là, on pouvait faire la fête toute la nuit, se lever, et refaire de même la nuit suivante ! Je pense que maintenant que nous considérons notre carrière de musiciens comme un job à plein temps, nous avons plus de respect dans le fait que ce soit justement un job et que nous devons le considérer comme tel (rires). On doit être capable de faire ce boulot à 100% chaque nuit. Ce soir par exemple on joue et beaucoup de personnes vont venir donc on ne peut pas se permettre de décevoir notre fanbase. Habituellement, nous sommes assez sains en tournée. On fait de l’exercice, de longues marches, on mange correctement et on boit beaucoup d’eau en essayant de ne pas boire trop de café (ndlr: il désigne sa tasse de café) (rires). Oui c’est difficile, mais on gère plutôt bien. On se maintient comme on peut.

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Rock Metal Mag: Les chansons plutôt revigorantes « For The People » et « Power Of The People » (sur le premier album) présentent des similitudes. Sont-elles liées où est-ce juste une coïncidence ?
Steven: Non en fait c’est une totale coïncidence ! Je ne pense pas qu’on ait réalisé ça avant de regarder les titres des chansons « oh tiens, il y a une autre chansons sur les gens ! ». Mais il y a bien des similitudes dans le message que porte ces titres. Tu vois « Pour les gens », « Le pouvoir des gens », on parle souvent des personnes qui se rassemblent et du pouvoir qu’on a quand on est réuni en collectivité et où on ne fait plus qu’un. Donc je suppose qu’il y en quelque sorte un lien mais ce n’était pas intentionnel, ce n’était pas une suite. C’est un sujet qui trouve toujours sa place dans nos chansons, sur chaque album. Je parie que sur le prochain il y aura encore un titre qui parle des gens (rires).

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Rock Metal Mag: Et vous considérez-vous comme un groupe à l’esprit positif ? Car beaucoup de vos chansons sont positives et valorisantes, mêmes les ballades, c’est super !
Steve: Oh oui carrément, merci ! On est très positifs. La positivité, c’est notre message principal, tu sais la paix et l’amour, c’est un peu une atmosphère hippie. Ce n’est pas vraiment notre truc d’écrire des chansons sur la tristesse où la haine et encore moins sur la politique. Nous voulons une musique positive et accessible, ce n’est pas comme la musique que tu vas écouter seulement quand tu te sens mal, au contraire on essaie toujours de faire une musique exaltante, qui dégage de bonnes ondes. C’est ce qui définit notre son et le message qui s’en dégage.

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Rock Metal Mag: Le titre « The Enforcer » est utilisé pendant des matchs de hockey et vous sponsorisez même une équipe. Comment tout cela est arrivé ?
Steve: Au Canada, le hockey est le sport numéro 1. Tout le monde aime ça et tout le monde en joue ! Dans le groupe, nous sommes tous d’immenses fans de hockey et on cherche toujours à visionner des matchs sur nos téléphones (rires). Jer a proposé cette idée qui était de sponsoriser une équipe de jeune filles de 12,13 ans. Comme nous aimons le hockey, nous avons pensé que c’était une bonne idée, surtout une équipe féminine car les filles ont beaucoup moins de soutien. Ça prenait tout son sens pour nous et nous voulions faire pour le mieux. Et quand The Enforcer a été utilisé pour Hockey Net Canada, l’équivalent d’un gros match de football ici, c’était super. Je ne savais pas ce qui allait se passer, je regardais le jeu et le titre a résonné et là c’était dingue. Cette chanson a été écrite avec ça à l’esprit, c’était un peu le but qu’elle passe pendant des matchs de hockey dans des arenas et c’est devenu une réalité. Ouais ça a marché (rires) !

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Rock Metal Mag: Quelle est actuellement ta chanson préférée provenant de Sittin’ Heavy ?
Steve: Ma chanson préférée serait soit For The People ou To The Flame, c’est un match serré ! To The Flame est un morceau assez différent pour nous, il est plus lent et sonne un peu stonner. Je pense que c’est ce que j’aime dans ce titre car on explore quelque chose de différent. Pour l’autre, For The People, il y a beaucoup d’harmonies vocales et c’est ce qu’on a voulu faire pour cet album, mettre davantage de choeurs et d’harmonie. J’ai l’impression qu’on a accompli ça d’une bonne manière et puis, c’est un titre plaisant à jouer. Le public réagi toujours bien !

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RMM: Qui a choisi le lieu pour capturer le clip de Don’t Tell Me How To Live ?
Steve: C’était une carrière remplie de gravats en Ontario, pas loin de chez nous. Il y avait cette grosse machine qui casse les pierres ou je ne sais quoi. C’était vraiment un lieu impressionnant. On utilise beaucoup de caméras drones et en général, ce n’est pas facile de trouver l’endroit adéquat pour filmer avec ça, car tu ne veux pas voir tes voisins dans le clip ou plein de vieilles voitures, ça serait bizarre (rires), mais on a dégoté ce lieu et c’était super. En fait, le plus dur avec ce clip, ça a justement été de trouver la bonne localisation. En plus c’était vraiment une journée glaciale et il s’est mis a neiger à la fin. Je portais aussi un simple tee-shirt, mais aujourd’hui il fait beau ! Entre les scènes je remettais vite des gants, une veste et un bonnet (rires).

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RMM: Vous avez côtoyé de grands groupes en tournée mais avec lequel, ou lesquels, rêves-tu de jouer ?
Steve: On a fait des concerts avec les Rival Sons aux USA et j’adorerais jouer à nouveau avec eux. Ils sont supers ! J’adore le groupe et ce sont des gars très sympas. Si je pense à des groupes avec qui on n’a jamais fait de tournée, je dirais Rage Against The Machine. C’est mon groupe préféré et ce serait le rêve ultime de jouer avec eux. Je ne sais pas s’ils vont se reformer, mais je l’espère. J’adorais aussi être sur la tournée actuelle des Guns’n’Roses ! Et je sais que ça n’arrivera jamais car ils se sont dissous, mais j’adorais jouer avec les Grateful Dead. J’adore toute cette atmosphère hippie et cette communauté. C’est une réponse un peu bizarre (rires).

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RMM: Vous avez pas mal de tatouages. As-tu déjà vu des fans avec un tatouage de Monster Truck ?
Steve: J’ai vu des photos mais je n’ai jamais rencontré de fans avec un tatouage du groupe. Il y a une personne de notre management qui s’est fait tatouer « Don’t Tell Me How To Live » sur le bras. Oh en fait si ! Il y avait un gars par chez nous avec un tatouage Monster Truck. C’était à l’époque où nous avions des t-shirt avec une fille dessus que l’on appelait Reshonda. Peut-être que tu pourras trouver une photo en ligne, c’est un vieux t-shirt. Donc ce gars avait toute l’épaule de tatouée avec Reshonda portant un collier. C’est assez intéressant à voir en général.

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RMM: Quels sont tes passes-temps favoris ?
Steve: Quand je suis à la maison, j’aime me détendre, je vois quelques amis et parfois je joue au hockey. Je ne sais pas si on peut appeler ça un hobby, mais ça me maintient en forme. En fait, quand je suis chez moi, j’essaie juste de rester dans ma maison (rires). Mon passe-temps serait de rester simplement avec ma famille et mon amour, c’est ce que j’essaie de faire le plus possible. Peut-être que je devrais trouver un vrai hobby… comme le rangement par exemple (rires).

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RMM: Qu’est ce qui va suivre pour le groupe prochainement ?
Steve: Et bien, une année très remplie avec beaucoup de tournées. On va passer beaucoup de temps en Europe mais aussi en Amérique. Et puis on va continuer à écrire des chansons pour le prochain album. Tout à l’heure dans le dressing room, on avait une guitare acoustique et on a trouvé quelques idées. Quand je pense à ce qui va suivre pour le groupe, je vois juste beaucoup de tournées. On va vraiment être sur les routes toute cette année, tout en essayant de composer. Et on va d’ailleurs revenir ici en France à l’automne, en octobre je crois. On sera en tournée avec Nickelback, donc je pense qu’on passera à nouveau au Zénith en octobre, et on devrait faire quelques festivals cet été mais pas le Hellfest malheureusement. Peut-être qu’on est pas assez heavy pour ce festival (rires) !

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RMM: Maintenant tu dois choisir ton préféré ! Led Zeppelin ou Deep Purple ?
Steve: Wahou c’est très difficile ! (il réfléchit) Zeppelin !

RMM: The Doors ou The Who ?
Steve: The Doors

RMM: AC/DC ou Iron Maiden ?
Steve: AC/DC. Mais ces questions sont toutes difficiles (rires) !

RMM: Bière ou vin ?
Steve: Bière. En fait quand je suis en Europe, c’est la bière et quand je suis chez moi, c’est le vin. La bière est meilleure ici, donc ça dépend juste de l’endroit où je me trouve. Mais le vin français est excellent !

RMM: Et Sons Of Anarchy ou Game Of Thrones ?
Steve: Tu sais quoi ? Je n’ ai vu aucune de ces séries alors que c’est justement les deux que je veux absolument voir ! Il faut que je le fasse. Tu vois c’est le problème quand tu es à la maison, tu te dis « est ce que je regarde Game Of Thrones ou est-ce que je traîne avec ma famille que je n’ai pas vu depuis deux mois ». Si je les regardais, je commencerais avec Sons Of Anarchy parce que je n’ai jamais été trop dans le fantasy, les dragons tout ça, bof (rires).

RMM: Merci beaucoup Steve pour cette interview !
Steve: Merci à vous c’était bien sympa.

Merci à Olivier de Replica Promotion et à Monster Truck.

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Retrouvez les photos du concert à La Maroquinerie ICI

Plus d’infos sur le nouvel album « Sittin’ Heavy » ICI

Notre interview de 2014 avec le claviériste de Monster Truck ICI