Interview avec Pat O’May au Hard Rock Café

Interview avec Pat O’May au Hard Rock Café

Grace à la journée promotion organisée par Roger de Replica promotion, Rock Metal Mag a pu s’entretenir ave Pat O’May au Hard Rock Café à Paris.

Le 4 septembre dernier, Rock Metal Mag a pu s’entretenir avec Pat O’May afin de discuter de son nouvel album « Welcome to a new world” qui sort le 17 septembre 2021 via ArtDisto.

Pat O'May

Le nouvel album “Welcome to a new world” est en précommande : ICI

Le thème de l’album :

Le voyage entre la beauté de l’univers, la gestion de nos peurs paralysantes et notre capacité à fabriquer un monde nouveau, étrange, fantasque et optimiste. Le voyage est plus précieux que le temps !

Pochette Album

Line up

Pat O’May – Guitar, Violentax, vocals
Christophe Babin – Bass
John Helfy- Drums

James Wood- Vocals, backing vocals

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Pat O'May

Rock Metal Mag : Tu es un musicien très actif et très prolifique qui a presque 30 ans de carrière . Est ce qu’aujourd’hui tu peux dire que tu es un artiste comblé musicalement parlant?

Pat O’May : En un sens, si je parle au niveau de la création, oui, parce que je fais ce que je peux avec ce que j’ai. (rire) Je laisse juste l’inspiration courir et puis j’essaie de la mettre en forme. Après, pour être comblé, j’aimerais avoir beaucoup plus d’outils dans ma poche au niveau musical, technique, intellectuel.. Mais ça va, j’ai de la chance quand même. Comme tu disais, cela fait en gros une trentaine d’années et même plus, en fait, que j’ai commencé. Je vais avoir 60 ans et ça fait bien 40 ans que je suis sur les routes.

Je n’ai pas eu énormément de trous au début de carrière et depuis je fais mon petit bonhomme de chemin. Et puis j’ai pris pas mal de liberté lorsque je suis partie en carrière solo. J’ai pu faire ce que j’ai envie de faire. Je n’ai de compte à rendre à personne. Voilà, c’est un choix. Il n’y a pas que des bons cotés non plus, puisque du coup, je m’investis à tous les niveaux. Parfois financièrement, puisque j’ai produit moi-même certains albums. Mais je suis libre. Personne ne m’a jamais dit ce qu’il fallait faire.

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guitare Vola

Rock Metal Mag : Tu suis surement le bon chemin et je vois que tu es récompensé avec cette très belle guitare.

Pat O’May : (rire) oui, là j’ai signé avec les guitares Vola, dont la boite est basée en Amérique et au Japon. On a décidé de bosser ensemble l’année dernière. Ils m’ont proposé de faire ce modèle signature et je suis absolument ravi autant du résultat sonore que de l’esthétique. Moi je l’appelle « The Beauty ». (rire)

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Rock Metal Mag : Est ce que la situation sanitaire vécue ces derniers temps a compromis certains de tes projets et posé problème pour la réalisation de cet album?

Pat O’May : Par rapport à l’album, je dirais qu’il serait sorti il y a déjà 1 an. Mais c’est un moindre mal car cela m’a permis de peaufiner un peu plus la prod, les textes, les arrangements. Par contre cela a compromis beaucoup de concerts et on a du annuler quasiment 50 dates. C’est énorme. Notamment toute la tournée avec les 3 Pat, Pat McManus, Patrick Rondat et moi-même. (ndlr: 3 PATS FOR A GUITAR NIGHT ) On avait une belle grosse tournée, avec une vingtaine de dates partout en France et un petit peu dans d’autres pays.

3 Pat

Donc tout cela est tombé à l’eau avec les retombées financières. Ce n’était pas une période facile à gérer. Habituellement j’arrive toujours à cumuler 3 trucs en même temps du style : Un album, une tournée et mon Guitar camp, qui est un stage de guitare. Et puis aussi des musiques de films, des reportages… etc.

Et donc depuis le début du Covid, je n’ai pas eu la moindre musique de film à faire, pas de reportage non plus puisque les mecs avec qui je travaille font des reportages à l’étranger. Du coup, ils n’ont pas pu tourner. Donc voilà pas de travail effectif de cet ordre là. J’ai monté des Master Class mais c’est tombé à l’eau à cause du Covid. Mais je pense que c’est le lot de tout le monde.

Il ne faut pas se démotiver mais c’est très dur. Et si tu te démotives, car tu y a droit vu que c’est une pression assez énorme, il faut retrouver l’énergie pour rebondir et reprendre la vie là où elle en est. Tu ne la reprendras jamais là où elle en était avant. Ce qui est passé est passé et tu ne peux pas le refaire. Mais il y a plein de belles choses à construire.

Guitar camp 2021

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Rock Metal Mag : Pourquoi avoir choisi de faire un album concept ?

Pat O’May : Cela me trottait dans la tête depuis un moment. Et dans tous mes albums, ce qui m’intéresse est d’offrir un voyage aux gens. Et là, je me suis dit que cela serait pas mal que le voyage dure plus d’une heure et que ce soit une intégrale. J’ai donc travaillé dans cet esprit là. J’avais aussi en tête les albums concept des années 70 comme Par les fils de Mandrin de Ange , Tommy, etc..

Et comme j’ai fait beaucoup de musique à l’image, je voulais avoir un coté un peu cinématographique dans l’écriture. Donc j’ai essayé de lier un peu tout ça en racontant des histoires et avoir ce coté cinématographique et conceptuel.

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Rock Metal Mag : Et donc sur scène comment envisages tu le concert?  Tu vas mettre cet album intégralement en image aussi?

Pat O’May : Alors l’album sera joué en intégralité, de A à Z. Et puis on a travaillé une scénographie autant au niveau light qu’avec un écran et des vidéos. Donc, avec l’apparition de Mr No Face qui viendra, de temps en temps, dire bonjour. On avait vraiment envie avec toute l’équipe de prolonger le concept sur scène. Ce serait trop con, d’arriver et de jouer juste 4/5 morceaux, cela n’aurait aucun sens.

Alors là, on va bientôt partir en répet et en résidence, juste avant cette première date Parisienne. On va rôder le spectacle à Paris cette année. D’habitude on le rôde en province pour venir le jouer à Paris, une fois qu’il est ok. Et bien là on va faire le contraire. (Rires)

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Album pochette

Rock Metal Mag : l’ histoire de ce personnage central, No Face, est en fait l’histoire de beaucoup de personnes aujourd’hui qui sont emprisonnées dans un carcan social, économique et ne savent plus ce qu’est la liberté de vivre en s’échappant vraiment du quotidien ?

Pat O’May : Oui c’est vraiment l’histoire de tout le monde. Cela ne concerne pas uniquement les business men. J’ai pris juste cette image là, parce qu’elle était un peu symbolique. Mais en fait No Face, c’est toi, c’est moi, c’est nous, c’est  le paysan du coin, le chinois qui habite à Guangdong. C’est pour cela qu’il y a plein d’interventions avec des langues différentes sur l’album. Voila, cela peut être n’importe qui.

Et c’est ce coté enfermé dans nos peurs, à plus ou moins forte résonnance. Aujourd’hui, quand on voit ce qui se passe, on drive les gens avec la peur. Et c’est de tous temps. Aux Etats Unis ils l’ont fait avec la première guerre d’Irak. Et driver les gens avec la peur cela marche très très bien. Donc toute l’idée de ce personnage là, est de se rendre compte à un moment donné qu’il n’a pas pu naître sans aucun sens. Alors où et comment cela a-t-il pu arriver?

C’est ce qu’il va chercher à analyser et à chaque fois qu’il analyse quelque chose, il se libère un peu. Un comme un peau de banane , il s’épluche et il s’ouvre. C’est très optimiste en fait, comme une renaissance et pour certaines personnes ce sera même une naissance. En France on peut parler de renaissance sans problèmes au Etats Unis c’est born again et il y a d’autres connotations. (rires)

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Rock Metal Mag : Où as tu trouvé ton inspiration pour imaginer un tel voyage musical?

Pat O’May : J’essaie de regarder beaucoup ce qui se passe autour de moi. Je suis très sensible à ça. Je fais de la musique mais elle n’est pas mon unique centre d’intérêt. C’est l’art que j’ai choisi pour raconter des histoires et m’exprimer. C’est un métier quelque part. Jouer de la guitare n’est pas une finalité.

Après, c’est avoir un maximum d’outils concernant la pratique de ton instrument afin de pouvoir raconter le plus de choses possibles. Si tu as besoin de notes , ce n’est pas grave si tu ne sais pas en faire 40. Mais si tu en as besoin de 40 et que tu ne sais pas les faire, c’est con. (rires) tu ne raconteras pas la même chose.

Voilà c’était juste un aparté sur l’instrument lui-même. Sinon c’est essayer d’être, un minimum, ouvert au monde. Mais bon, ça c’est sur le papier car je ne suis pas ouvert à 100%. Je suis pétri de certitudes comme beaucoup de monde, mais ce qui nourrit mes doutes c’est justement d’essayer de m’ouvrir ailleurs, corriger ou découvrir certaines choses. Je suis très féru d’histoire, de philo, de choses comme ça.

Et les gens m’intéressent. J’adore découvrir des gens, des personnages, des paysages. Un paysage peut être énormément inspirant. Tu vas te balader 3 heures en montagne, tu découvres des tas de trucs. Et puis cela fait écho à ce que tu as vécu avant. Cela s’imbrique come un puzzle dont tu tailles toi-même les pièces.

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Rock Metal Mag : Quand as-tu commencé l’écriture de cet album?

Pat O’May : J’ai commencé en novembre et décembre 2019 et je l’ai fini en janvier 2020. Juste avant la punition de mars. (Rires)

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Pat et Bryan

Rock Metal Mag : Le mixage s’est fait au studio Carla Gébain avec Bryan Rondeau, tu as déjà eu l’occasion de travailler avec lui ?

Pat O’May : Non c’est la première fois que l’on bossait ensemble et cela s’est très bien passé. on a formé une bonne équipe. Je suis également ingé son et je fais beaucoup de studio et de prods en tant que producteur, mixeur, preneur de son. J’ai été très tôt intéressé par le son. Maintenant, le son fait partie de la composition d’un morceau ce qui n’était pas forcément le cas dans les années 70, où l’on s’attachait plus à une suite d’accords. Le son sculpte les idées, donc c’est super important.

Donc ce qui est bien est que Bryan est vachement plus jeune que moi. Et j’aime bien bosser avec des mecs plus jeunes parce qu’il  y a des choses que je maîtrise et d’autres moins. Et quand je bosse avec quelqu’un pour le mixage, hormis la prod que je fais moi-même, j’aime bien avoir des compléments. Donc, si il est plus fort que moi sur certaines choses c’est bien d’être complémentaire. On fonctionné comme ça et c’est quand même important d’avoir un recul extérieur. Comme je suis dessus depuis un an, donc entre la compo, les arrangements, les textes, le livret, cela fait quand même pas mal de taf.

 Du coup tu as un peu la tête dans le guidon et tu peux passer à coté de choses. Donc là, j’ai eu de la chance et ça s’est vraiment très bien passé.

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Rock Metal Mag : Par contre pour le Mastering c’est ALEX WHARTON qui était aux commandes aux studios d’ABBEY ROAD, et là c’est une collaboration de longue date il me semble?

Pat O’May : Oui ça fait le quatrième album que l’on fait ensemble. Le mastering s’est vraiment la dernière étape entre le projet que tu avais à la base et le public. Le mastering a une saveur particulière parce que c’est lui qui va sublimer l’album. Et Alex est pour moi, un joyau à ce niveau là. Tu vas sur son site et tu regardes ce qu’il a fait pour tout le monde, de Björk à McCartney . Et on a vachement sympathisé et c’est devenu un ami.

Alors là, pour la petite histoire, c’est la première fois que je n’ai pas pu me rendre sur place à cause du Covid. Mais bon, on se connait et on a tellement de souvenirs, en studio et aussi en dehors, qu’il sait très bien où je veux aller. Et quand il a renvoyé le mastering, il m’a dit que si je voyais des trucs à changer, il les referait de suite. Et quand je l’ai écouté, il n’y avait rien a changer. (rires) C’est ce qui caractérise vraiment la façon dont j’ai envie de bosser. Et tout l’album s’est passé comme ça avec une belle complicité et une complémentarité entre les gens. C’est vraiment génial. Et les musiciens ce sont des tueurs.!

Avec cette équipe là cela fait 6 ans. On a fait  l’album Live (ndlr: « One Night In Breizh Land » 2018) mais c’est le premier album studio que l’on fait ensemble.  Très souvent sur les autres albums j’avais vachement de Guests, parce que j’aime bien partager. Alors pour cet album là, j’ai dit on est tous les trois et basta.

Pat O'May trio

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Rock Metal Mag : Mais tu as quelques invités quand même ?

Pat O’May : Oui, James Wood, qui fait des backing et qui, avant était dans le groupe. Et puis il en avait marre de tailler la route et je pense que le Covid est passé par là aussi. Il a aussi ses propres projets, qui sont plus folks. Ils sont vachement bien mais ce n’est pas la même route. Mais on reste amis, il n’ y a pas de problèmes. Il est venu enregistrer ses voix et c’est super.

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Rock Metal Mag : Le premier morceau présenté en vidéo est en fait la dernière chanson de l’album . Pourquoi avoir choisi In This Town?

Pat O’May : Parce que ce morceau est un résumé de là où cela va finir. Si on avait mis le premier morceau, on aurait été plus dans le questionnement, au niveau du texte de l’histoire. Et là, je voulais que la première image donnée soit optimiste. Et je pense que ce morceau est très optimiste.

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Rock Metal Mag : Est ce qu’un prochain clip est en préparation et sur quel morceau?

Pat O’May : On y réfléchit. Déjà il faut voir avec la maison de prod. Et puis on attend aussi de voir la réaction des gens afin de choisir sur quel morceau le faire. Ce n’est pas évident car il y a tellement de couleurs différentes.

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Rock Metal Mag : Mais toi tu as peut être un morceau qui te touche plus qu’un autre?

Pat O’May : Non, ce sont tous mes bébés.

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Rock Metal Mag : Et le 8ème morceau The Day Before qui est uniquement instrumental a une signification particulière?

Pat O’May : Il continue de raconter l’histoire mais il n’y a pas de chant dessus. Et c’est la première fois qu’ il y a si peu d’instrumental sur un album. D’habitude il y a toujours au moins 3 instrumentaux. Sinon, le texte en allemand récité par une amie allemande signifie : « Et maintenant Mr No Face, dévoile nous ton âme ». Donc, j’avais envie de montrer son âme avec un instrumental. Et cela passe par tout un tas d’émotions. C’est cool au départ et puis ça monte, ça redescend et ça se calme à la fin. C’est un peu toutes les humeurs que l’on peut avoir dans une journée.

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Rock Metal Mag :  Je me doute que tu es très impatient de remonter sur scène pour défendre cet album ?

Pat O’May : Si tu savais ! oui, on a vraiment hyper hâte de défendre cet album, de le présenter aux gens et de retrouver cette communion avec le public qui nous a manqué. C’est terrifiant. On s’est manqué d’un coté comme de l’autre. Il y a tellement de choses qui se passent avec le public quand on se rencontre. C’est un match de ping pong fairplay. Tu envoies la balle et le public te la renvoie avec de la force et vachement d’amour. Et puis tu renvoies et ça te motive. On y va et on avance ensemble, et on  grandit pour quelques heures ensemble.

On se fait du bien mutuellement et il y a un manque. Puis tous les facebook live c’est du bruit. J’en ai fait quelques uns mais j’ai vite arrêté parce que c’est pas mon métier. Après il y a probablement aussi des questions générationnelles. Les jeunes aujourd’hui sont des Youtubeurs. Mais moi je suis trop vieux pour ça. Ce qui m’intéresse ce n’est pas de connaître le nombre de likes que j’ai sur un truc. C’est de voir et de sentir la respiration de l’autre.

Et puis la musique fait tellement appel à l’imaginaire. C’est comme un bouquin, il y a juste des mots mais c’est toi qui construit les décors, la tête de tes personnages. Tu fais ta propre scéno, tu fais ta lumière, tu fais tout.. La musique te fais voyager mais différemment. Il y en a un qui va se retrouver dans les plaines d’Ecosse, un autre aux Champs Elysées, parce que c’est ce que cela lui évoque. C’est génial.

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Rock Metal Mag : Vous avez lancé une campagne de financement participatif qui a atteint 165% le 20/12 2020. C’est beau !! Tu ne t’attendais surement pas à un tel succès, quel a été ton ressenti à ce moment là?

Pat O’May : Je ne m’y attendais vraiment pas. Cela m’a bluffé parce que l’on sait qu’il y a des gens qui nous suivent. Mais là, cela nous a permis d’avoir plus de moyens pour travailler l’album, pour être plus à l’aise et offrir quelque chose d’un peu mieux. Parce que des fois c’est aussi des histoires de finances. C’est incroyable la façon dont cela s’est envolé. Merci aux gens.

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Pat concert

Rock Metal Mag : Pour conclure, le mercredi 22 Septembre tu seras en concert au Café de la Danse à Paris, est ce que tu as d’autres dates en préparation ou cela reste encore compliqué ?

Pat O’May : Il y a déjà une vingtaine de dates qui sont calées. Dans l’Est de la France et en Bretagne où on va faire une grosse date à coté de Quimper le 20 novembre 2021, à Nice, à Marseille, un peu partout en fait

Pat concerts

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Rock Metal Mag remercie Pat’O May, Michelle Surleau , Roger de Replica Promtion

Pat et Roger

Photo Christian Arnaud