Interview avec Max d’Embryonic Cells

Interview avec Max d’Embryonic Cells

Jeudi 15 octobre 2020, Max du groupe Embryonic Cells était en journée promotion au Hard Rock Café à Paris et Rock Metal Mag a pu s’entretenir avec lui.

Entretien avec Max Beaulieu, guitariste et chanteur du groupe EMBRYONIC CELLS , jeudi 15 octobre 2020 au Hard Rock Café Paris avec Roger de Replica Promotion.

Le nouvel album du groupe « Decline  » est sorti le 9 octobre 2020 via MusikÖeye

Tracklist :
1 To Pay Our Share
2 Thermageddon
3 Devoid Of Promise
4 Alone I Fall
5 From The Shadows Into day
6 First Tear
7 You’re So Full Of Fear

Pour commander l’album : https://www.musiko-eye.fr/produit/embryonic-cells-decline/

Embryonic Cells érige un paysage épique avec un mélange efficace de Black / War Metal, puisque «Decline» rappelle la magie du Black/ Death Metal originel, pur, intense, tragique et destructeur.

Membres du groupe

Max Beaulieu : Guitars/Vocals
Djo Lemay : Drums
Fred Fantoni : Bass

Facebook : https://www.facebook.com/Embryonic-Cells-179425228782758/

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Rock Metal Mag : Embryonic Cells est donc de retour mais sous la forme d’un trio sans Pierre le pape et avec un nouveau bassiste. Tu peux me parler de ce changement de Line up ?

Max : Effectivement ce nouvel album marque un changement de line up important puisque ce sont 2 membres d’Embryonic Cells qui ont transhumé. Et puis Fred est arrivé au poste de bassiste. Donc, ce changement de line up implique une nouvelle logistique et forcément des incidences dans le processus créatif.

En ce qui concerne Pierre le Pape, tu n’es pas sans savoir qu’il est très sollicité. Il a ses propres groupes et il combine énormément d’engagements professionnels. Et en fait cette multiplicité d’engagements s’est superposée à un déménagement pour moi. J’ai quitté la Champagne Ardennes et maintenant je suis installé dans le Vercors. A un moment Pierre a du ordonner des choix mais on entretient toujours d’excellentes relations. Pierre c’est notre pote.

Rock Metal Mag : Il reviendra peut être sur un prochain album?

Max : Je pense que la vie des groupes c’est souvent comme la vie des couples. Dans l’amour il y a des hauts et des bas. On se rencontre, on se quitte, on se retrouve, on se sépare de nouveau et c’est la vie. C’est la même vie pour les groupes et je l’accepte de la manière la plus sereine possible.

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Rock Metal Mag : Vous avez également changé de Label puisque Apathia n’existe plus, comment est née cette collaboration avec MusikÖeye?

Max : Embryonic Cells est une boutique qui fonctionne principalement à la passion. Et c’est lors d’un concert d’Embryonic Cells organisé par MusikÖeye que l’on a rencontré le label manager Gérôme Théodore. En fait on s’est reconnu et on a matché. L’échelle du label nous convenait bien et aussi la manière dont il travaille. Il nous a fait une proposition est on s’est empressé d’accepter parce que l’on se sentait déjà chez nous.

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Rock Metal Mag :  Entre “The Dead Sentence” (2012) et Horizon (2018), 6 années s’étaient écoulées. Cette fois -ci, le 5 ème album sort 2 ans après. C’est un enchainement beaucoup plus rapide. C’était une sorte de challenge pour toi?

Max : Dans la discographie, il y a parfois des écarts qui se comptent en années. Et 5 ou 6 ans sont des échelles assez grandes. Je pense que ces écarts sont dus au fait qu’à l’époque, on se posait trop de questions. Est ce que c’est le bon morceau, ou le bon line up?

Donc, cette surabondance de questions, cette posture du penseur de Rodin, elle génère de la procrastination et parfois de l’inhibition. Voire parfois une forme de paralysie. Ces dernières années avec Embryonic Cells, et c’est peut être un signe de maturité, on a décidé d’y aller franco. En fait, on a tout simplement décidé de se poser moins de questions et de faire confiance à notre intuition et aux morceaux qui sortent du manche de nos guitares. Donc aujourd’hui, on s’inscrit dans cette dynamique.

L’idée n’est pas de sortir les albums les plus rapprochés possible, mais de passer à l’action et de faire confiance à nos intuitions.

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Rock Metal Mag : Quand avez vous commencé à travailler sur Decline ?

Max : Cela va faire à peu près un an.

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Rock Metal Mag : Coté composition est ce que comme pour Horizon tu as d’abord imaginé la ligne de chant ?

Max : Oui tout à fait. En fait cela dépend des morceaux. Certains sont composées sur une envie de ligne de chant ou sur une certaine ligne de chant. Pour d’autres morceaux la ligne de chant a été déterminée par les riffs. Il y a eu un processus créatif très hybride et très partagé.

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Rock Metal Mag : Les paroles sont très sombres et parlent de destruction et de mort ? C’est le monde qui s’embrase à la vitesse d’un cheval au galop et le titre Decline résume tout en quelque sorte?

Max : Decline n’est pas un concept album, mais il y a un fil rouge narratif. Tous les morceaux sont liés à travers une sorte de récit. Et Decline dépeint notre monde qui s’effondre d’une manière invisible. En fait, depuis plusieurs années maintenant, on assiste à une multiplicité de signaux. Nos écosystèmes nous envoient des signes. La pandémie que l’on traverse actuellement est l’un de ces signaux.

Decline évoque notre incapacité collective à prendre en considération ces signaux et à cultiver le dénie. Donc le grand virage n’est toujours pas amorcé. Je crois que c’est aussi lié à une certaine vanité humaine. Culturellement, dans bien des civilisations. l’homme s’est toujours extrait de la nature. Il n’a pas tout à fait intégré qu’il faisait partie des écosystèmes et de la nature. De ce fait, il dépend de la survie de sa nature. Aujourd’hui, toutes les études confirment, qu’en l’espace de 50 ans, on a éliminé  60 à 70% de la biodiversité. C’est tout à fait alarmant et c’est une catastrophe.

Ce ne sont pas quelques beaux animaux qui disparaissent de la surface de la Planète. Notre propre survie est en jeu car l’humanité est liée à cette biodiversité. En fait Decline est plus une collapsologie et il dépeint cet effondrement et une fois encore notre culture du dénie.

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Rock Metal Mag :  D’ailleurs, pour l’Artwork de Decline,  tu as mis des flammes un peu partout . C’est le reflet du monde qui s’embrase à la vitesse d’un cheval au galop?

Max : Exactement, la diversité est en flamme. Je te remercie d’ailleurs d’avoir fait attention à ce cheval .

Rock Metal Mag : Je trouve que c’est vraiment représentatif du déclin de la Planète qui part en flamme vitesse grand V. 

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Rock Metal Mag : Musicalement il y a toujours l’ADN old school du Black Metal mais avec un coté plus dense et plus technique, sans claviers cette fois-ci. Le Growl est plus bestial et plus War Metal.

Max : Moi, j’ai une écoute active et tous les avis sont bons. ils sont aussi légitimes que le mien voire même plus. C’est moi qui ait accouché de ce machin là avec les copains. Et c’est très difficile pour moi de commenter mon propre processus créatif. J’ai du mal à classer Embryonic Cells,  à le mettre dans une case, ou à le baptiser. Mais dans ce que tu dis, en 1 je m’y retrouve et en 2 je trouve cela tout à fait pertinent et légitime.

Mais disons que, traditionnellement, la musique d’Embryonic Cells est toujours, comme tu l’as dit, accompagnée de  claviers. Ces nappes occupent le spectre d’une certaine manière. Aujourd’hui, sans claviers, cela a permis aux compositions d’être un peu plus massives, plus rentre dedans et plus hargneuses.

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Rock Metal Mag : Même si Embryonic Cells est loin d’être au stade embryonnaire , il y a toujours des embryons de nouveautés dans les compositions. Sur le titre « Devoid of Promise » et sur les passages en chant clair j’ai trouvé des intonations à la Dave Gahan (Depêche Mode) ?  Tout comme  « From The Shadows Into day »  il y a un coté Cold Wave et indus au niveau du chant clair. « To Pay Our Share » a aussi sa part de tempo Cold Wave. C’est une nouvelle touche musicale dans tes compositions.

Max : Embryonic Cells est un groupe hybride qui compile différentes influences comme du Thrash , du Death, ou certaines formes de Heavy. Et personnellement une de mes grosses influences musicales en fait c’est Depêche Mode. Et je suis un fan. Je te remercie de l’avoir remarqué.

Dans cet album, il y a donc pas mal de morceaux qui font la part belle à la Cold Wave et il a aussi un coté indus, absolument. Ce sont des influences que je revendique complètement. Pour moi Depêche Mode c’est une grosse pierre dans le jardin, c’est un groupe incontournable. Il réussit l’exploit de continuer à sortir des albums que je trouve tout à fait renouvelés et intéressants.

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Rock Metal Mag :  La contradiction entre le coté rageur du Growl et le coté narratif du chant clair est très bien structurée.

Max : L’expérimentation du chant clair avait déjà été faite sur Horizon et je pense plus particulièrement à un morceau comme « No Boundaries« . Et les retours étaient bons et en studio et en répétition c’était plutôt une bonne expérience. Aller dans cette direction est un virage qui me tenait vraiment à coeur. Je voulais cultiver beaucoup plus de chant clair.

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Rock Metal Mag : En dehors de Depêche Mode, quels sont les groupes qui t’influencent le plus ?

Max : C’est difficile à dire parce que j’écoute de la Bossa Nova, du Jazz, énormément d’électro, énormément de New Wave Synth, énormément de Metal dans sa diversité la plus éclatée. Je suis un fan de très vieux Heavy Metal, de Judas priest, de Mötley Crüe, de Slayer..voilà. C’est tellement éclectique et varié que forcément tout est ingurgité, digéré. Et cela se retranscrit d’une manière ou d’une autre dans la musique d’Embryonic Cells.

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Rock Metal Mag : Et le nouveau bassiste a apporté aussi de nouvelles influences? comment ça se passe au niveau des compos avec lui?

Max : Alors le processus est resté le même. C’est à dire que moi dans mon salon je fabrique une riffothèque avec un catalogue avec une proposition de première structure. Et autour de cette colonne vertébrale, Fred le bassiste et Djo, le batteur, proposent des ajustements, des réarrangements et leurs propres idées. En fait on jam sur ces morceaux. Lorsque l’on sent que le morceau est arrivé à maturité, que le Tetris de la structure fonctionne bien et nous procure de fortes sensations de Live, il devient définitif.

C’est un processus créatif qui est collectif. On n’est pas du tout sur un management vertical, mais plutôt en mode écoute active collective en co-construction. L’idée est bien sur que tout le monde prenne du plaisir et que l’on arrive à des consensus.

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Rock Metal Mag : Elle est née comment cette collaboration avec Fred ?

Max : Fred jouait et joue toujours dans un groupe du batteur qui s’appelle « Juganata ». C’est un excellent groupe de Doom. Ils viennent de sortir leurs deuxième album et Djo qui est une figure emblématique et pérenne d’Embryonic Cells a proposé d’intégrer Fred. Et cela s’est fait de manière très fluide et très naturellement.

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Rock Metal Mag : Est ce que le confinement a contrarié vos projets par rapport à la sortie de l’album?

Max : Le confinement n’a pas tellement chahuté les calendriers. Il a surtout généré énormément de frustration. On aime bien le studio car c’est toujours une bonne expérience mais notre raison d’être c’est de jouer. C’est célébrer notre passion pour ce putain de Metal sur scène mais c’est aussi , jouer entre nous.

Moi j’ai plus de 40 balais mais j’ai toujours ce plaisir intact de Teenager, qui est de retrouver mes potes pour faire une bonne répét. On va pouvoir exalter de la sueur et des phéromones. J’ai toujours ce plaisir là, aussi intense. Donc le confinement a surtout généré du manque de musique. Produire de la musique et aller découvrir des groupes sur scène. Ce n’est pas prêt de finir d’ailleurs et c’est très triste.

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Rock Metal Mag :  Pour en revenir à l’Artwork de Decline, que tu as réalisé sous le nom de Maxenegger .  Quelle était ton idée de base, un miroir qui révèle la planète en feu ?

Max : Alors cet Artwork, je l’ai fait de manière un petit peu intuitive; Et j’aime beaucoup l’idée que chacun et chacune puisse lui donner sa propre interprétation. Pour ma part je pense que c’est une espèce de fenêtre historique que traverse l’humanité. On est dans un moment de transition et de canevas.

D’ailleurs, beaucoup parle de l’ancien monde et du nouveau monde. Dans tous les cas, que l’on soit d’accord ou pas avec cette vision, cela traduit quand même bien l’idée que l’on se trouve dans un passage très délicat dans notre histoire commune.

En fait, j’aimais bien l’idée de porte, de monolithe qui nous invite. On fait le choix d’y aller ou non. Chacun y va de sa propre interprétation. Pour moi, l’idée était de marquer une fenêtre temporelle et d’un passage à ne pas manquer.

Mais le miroir me va très bien. Il y a du sens.

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Rock Metal Mag : Vous avez sorti le clip de “You’re So Full Of Fear” et c’est ton frère, Timothé Beaulieu qui a réalisé les images et le montage de la vidéo. Il a eu carte blanche pour le scénario ?

Max : En fait le storytelling est issu d’un Brainstorming entre les membres d’Embryonic Cells. Nous avons écrit le peach, puis nous l’avons scénarisé et storyboardé . En fait, Timothé, avec tout son temps et tout son talent, a fait la prise images et a assuré le montage.

Pour nous il était hors de question de faire un n’ième clip, comme beaucoup de groupes, dans une usine désaffectée, ou un hangar ou un champs. J’ai beaucoup de respect pour tout ça, mais personnellement ce n’est pas du tout ma came. Aujourd’hui les outils nous permettent justement de raconter des histoires et d’illustrer des thématiques. Alors pourquoi s’en priver?

Timothé, je le remercie encore énormément, car il  a beaucoup de talent. Il est doté d’un vrai regard qui nous a aidé à faire des choix. il a été clairement invité à participer à son processus créatif. Franchement j’invite tous les groupes qui veulent faire un clip à aller vers lui pour profiter de son talent.

Ce clip était vraiment un chalenge car c’est un morceau qui a une durée d’un peu plus de 7mn. Donc ça commence à faire partie des formats longs. Il fallait tenir les auditeurs en haleine et distiller suffisamment d’indices, d’envie ou de plaisir pour qu’ils aillent jusqu’au bout. Il a été tourné dans un endroit magnifique qui est dans mon village situé dans le Vercors. Et toutes les images que l’on voit illustrent les promenades que je fais quotidiennement.

Rock Metal Mag : Donc évidemment la fin c’est ce fameux passage.

Max :  Exactement. Et c’est encore une grotte. L’idée est de proposer un axe narratif, des paroles, de la musique où l’on voit toute la production comme faisant partie du pack Embryonic Cells.

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Rock Metal Mag : Est ce que vous envisagez de sortir un nouveau clip ?

Max : Oui on réfléchit sur la sortie d’un second clip pour valoriser un autre morceau de l’album. Il y a des choses assez exaltantes et on espère prometteuses qui sont en train de se profiler

Rock Metal Mag : Vous pensez le sortir prochainement?

Max : On espère . On avait 2 tournées prévues . Une en Europe de l’Est et une petite tournée française. Aujourd’hui tout a été annulé. On a aucune visibilité sur les opportunités de se produire demain. La question qui se pose alors est de savoir comment faire vivre notre groupe dans un contexte Covidien . Donc c’est terriblement frustrant et triste. Alors l’idée de sortir un nouveau clip, c’est aussi un moyen de garder le contact avec les gens qui nous apprécient.

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Rock Metal Mag : Et le live Stream ça ne te tente pas ?

Max : Si c’est un idée à laquelle on réfléchit et qui commence à nous tenter. Même si une fois encore ce n’est pas un truc tout à fait naturel pour nous. Mais pourquoi pas? On y réfléchit fortement et je pense que l’on va y passer. A la base on aime tellement échanger de la sueur avec les gens. On vit vraiment une période très frustrante. Dans la réussite d’un concert c’est 50% le groupe et 50% le public et j’espère que ça va reprendre. Les morceaux de cet album on a vraiment à coeur de les défendre.

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Rock Metal Mag remercie Maxime du groupe Embryonic Cells, Roger de Replica Promotion et le Hard Rock Café Paris.