Entretien avec JM et Tom respectivement chanteur /guitariste et batteur du trio Howard
Entretien avec JM et Tom du trio Fuzzrock parisien, HOWARD, deux jours avant son concert au Backstage By the Mill en janvier dernier
Par Gaelle
Le nouvel album Event Horizon est sorti le 21 octobre 2022 via Season of Mist
EVENT HORIZON TRACKLIST
1.Bankable Sermon
2.Seeds Of Love
3.Need Want Get
4.Telescope
5.I Hear A Sound
6.The Way
7.Heedless
8.Event Horizon
Photo : Gabbie Burns
Line up
Guitar / Vocals : JM Canoville
Organ / Bass / Synths : Raphaël Jeandenand
Drums / Samples : Tom Karren
https://www.facebook.com/howardofficial
De Deep Purple à Wolfmother ou des Doors à Black Mountain, Howard puise ses influences dans la grande histoire du rock pour se forger sa propre identité sonore gorgée de Fuzz. Le premier album Obstacle voit le jour le 13 mars 2020. En juillet 2021, le trio sort une reprise de Waiting for the Sun des Doors en partenariat avec Rolling Stone magazine. Le 21 octobre 2022 le second album est dans les bacs.
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Donc on va rentrer dans le vif du sujet avec Event Horizon !
Rock Metal Mag : Pendant la pandémie et le confinement, vous avez fait le choix judicieux de rester ensemble pour construire ce nouvel album. Comment s’est passée cette longue période de composition ?
JM Canoville : Alors cela a commencé dans le stress total puisque l’on venait de sortir le précédent album. Mais littéralement 2 jours avant. Et là on voit les annonces qui tombent comme quoi tout est annulé. Donc, on a choisi de partir dans une maison de famille à la campagne, en se disant, on prend deux semaines voire un peu plus au cas où. Alors on a pris plein de matos, tous les instruments et un petit peu de quoi enregistrer.
Une fois arrivé, on s’est installé et les voisins ont fait connaissance avec nous, heureux d’avoir finalement du rock dans ce petit village. Et au final cela a duré dans la longueur pour tout le monde. Et ce qui a été intéressant, c’est d’avoir revu nos manières de composer, puisque nous avions tout ce temps à notre disposition. En étant H 24 ensemble, on pouvait faire de la musique jusqu’à 8 heures par jour et c’est un luxe que l’on avait encore jamais eu.
Cela nous a permis d’explorer plus de choses.
Comme avoir plus nos voix propres sur cet album. Et aussi, être davantage confronté, bien plus que sur Obstacle, pour créer un projet de 3 voix à l’unisson.
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Rock Metal Mag : Quel a été votre plus gros challenge ?
Tom Karren : Maintenir de la compo créative et constructive. Sur une période de 2 mois, pour le coup, c’est très long. Tu n’as pas d’échappatoire puisque on est trois + plus deux copines dans une petite maison. Donc le groupe plus le quotidien partagé à cinq, sur la durée, ce n’est pas évident.
JM Canoville : Il fallait calquer le temps de musique, presque sur des horaires de travail en fait avec la pause déjeuner au milieu. Et puis, finir à telle heure pour ne pas gêner les voisins. Et aussi l’incertitude qui planait à savoir quand cela allait reprendre.
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Rock Metal Mag : Comme vous avez eu environ 2 ans pour sortir l’album, est-ce que vous avez retravaillé des morceaux sur cette période ? Ou vous vous êtes dit « ah mince on aurait du faire comme ci ou comme ça mais c’était déjà enregistré ?
Tom Karren : En fait, on a fini assez vite l’écriture de cet album. Mais on a quand même pris le temps que l’on jugeait bon pour revenir sur les idées que l’on avait. Il y a des morceaux, écrits pendant le confinement, que l’on a refait à la toute fin. Donc il y a eu pas mal d’aller-retour d’écriture, de compos et aussi de production. Et tout ce temps là, a été très bien utilisé.
JM Canoville : Comme justement il y avait le contexte particulier des confinements avec les couvre feux..etc, cela nous a permis avec le Sextan, le studio où l’on enregistre d’avoir beaucoup plus de créneaux d’enregistrement, par rapport à une période standard. Et du coup comme disait Tom, on a eu le luxe de pouvoir repasser sur plein de trucs et notamment aller beaucoup plus loin sur de la production sonore, là où sur Obstacle on était plus dans le rendu brut des instrus. C’était presque un live enregistré et puis on refait la voix après.
Cette fois, on s’est beaucoup moins limité.
Il y a des parties qui, au début étaient à la guitare sont devenues des parties au synthé. Beaucoup de choses ont évoluées dans les arrangements et dans les choix musicaux.
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Rock Metal Mag : « I Hear A Sound » est le premier morceau dévoilé en juin 2021 avec sa vidéo très représentative de l’époque. Qui a eu l’idée de ce clip et comment a-t-il été réalisé ?
Tom Karren : A vrai dire faire un tournage à l’époque cela restait compliqué. L’idée est venue collégialement, c’est du vide qui habite un petit peu toutes les images du clip. Cela s’est fait quand on a vu un réel sur internet et on a même pas vu le gars.
JM Canoville: Oui, on a même pas eu l’opportunité de le rencontrer. Forcément, la période de créa du clip était en décembre et donc on ne pouvait pas bouger de chez nous puisque l’on était en deuxième confinement. Donc, les images de confinement viennent du gars. Il avait des plans qu’il avait tourné et il a tout de suite adhéré au morceau qu’il a trouvé trop cool.
Ce qui était bien c’est que tout le monde sur terre vivait le même truc. Donc, ce n’était pas trop compliqué d’avoir une résonnance avec un gars sans l’avoir jamais rencontré.
Il disait: « Je crois que je vois ce que vous vivez ».
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Rock Metal Mag : La pochette ressemble à un ensemble de cablage électrique. Comment est née l’idée de ce visuel (par JM) ?
JM Canoville : En fait on s’est posé pas mal de questions sur cette pochette. Est ce qu’il faut que l’on soit dessus, est ce que ce sera un dessin?.. Et puis on a fait plein de tests, et c’est tout simplement empiriquement que je suis tombé dans un garage, sur des vieux relais téléphoniques. Je les ai pris en photos avec différentes lumières et en les manipulant dans des logiciels d’édition. En fait ça allait assez bien puisque l’on voulait de l’électronique dans le visuel de l’album puisque c’est quelque chose que l’on rajoute plus par rapport à l’album précédent.
Et du coup avec la perspective, il y a une idée de plonger vers l’avant et de se faire happer par le truc convergent.
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Rock Metal Mag : La thématique des chansons porte sur les dérives de notre société de consommation. Est-ce que c’est comme un exutoire pour vous ou est-ce que vous souhaitez faire passer un message ?
Tom Karren : Alors c’est un bon mot exutoire, parce que parfois, on a besoin de faire passer des trucs. Et c’est aussi une catharsis, j’aime bien ce mot là aussi. Cela passe comme un message qui résonne aujourd’hui, pour toute nos générations. Mais c’est vrai que c’est un peu inconsciemment car ce n’est pas un message en étendard puisque l’on est comme tout le monde et on fait attention à ses déchets. On peut changer les choses mais à plusieurs échelles.
Donc exutoire, cela nous parle bien.
JM Canoville : C’était quelque chose qui nous travaillait beaucoup aussi à cette période là. Et Howard existe pour vraiment faire sortir ce que l’on a en nous. Donc, c’était naturel que cela vienne dans le sujet des nouveaux morceaux et c’est une chose qui nous rassemble dans le groupe. Comme je le disais tous à l’heure, on a travaillé collégialement à trois sur cet album et ces choses qui font parties de ce que l’on ressent tous les trois.
Cela nous semble naturel de les exprimer à travers notre voix unique qu’est Howard
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Rock Metal Mag : Du coup, justement, est ce que vous participez tous à l’écriture des paroles?
JM Canoville : Oui, sur cet album cela s’est passé à peu près comme ça. C’est davantage un choix de thèmes collectif . Après j’écris des brouillons et je teste des trucs. Il y a des phrases qui viennent naturellement quand on répète et quand on trouve les lignes de voix. Et puis il y a toujours un truc de métrique qui marche avec la musique, des tournures de phrases qui vont plus ou moins fonctionner.
Tom Karren : Après tout se remodèle et est revu collectivement.
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Rock Metal Mag : Quelle chanson, sur l’album, vous touche le plus d’un point de vu personnel et pourquoi ?
Tom Karren : Moi, j’aime bien Telescope, c’est la dernière de la première face du vinyle. C’est un morceau que l’on avait commencé à écrire juste avant le confinement et qui a eu un avant un pendant, un après. Elle a un message fort et elle ressemble assez à ce que l’on faisait avant. Donc, c’est une belle transition, avec des beaux moments de silence assez suspendus et d’autres qui ont plus la patate, comme on aime bien le faire.
JM Canoville : Alors moi, je dirais plus The Way, qui est un peu la ballade de l’album. Ce morceau là est un titre qui vient de très loin de mon coté et j’avais une version guitare voix qui a au moins 10 ans. Mais je n’arrivais pas à en faire un truc avec les différents groupes par lesquels je passais. Et puis on l’a bossé ensemble pendant des heures et des heures, grâce « au confinement » et elle a été complètement transformée.
Du coup elle ressemble très peu à la version originale. Mais, elle fait partie des choses qui me touchent car elle représente aussi assez bien ce que le groupe apporte et pour moi personnellement dans ma vie. J’ai une identité propre, y compris en tant que musicien et j’ai la chance de pouvoir la transformer et la mêler à celle de Tom et Raph. Et ce que je trouve intéressant avec ce morceau là c’est qu’il représente parfaitement cela.
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Rock Metal Mag : Donc le titre de l’album Event Horizon «l’Horizon des événements» évoque ce point de non retour dans lequel nous nous trouvons. On ne pourrait pas aller au delà, c’est bien ce que vous voulez exprimer ?
JM Canoville : Oui, on ne peut plus revenir en arrière.
Tom Karren : Sans être expert en psychologie, c’est notre claviériste Raph qui s’est très entretenu à ce sujet. Et JM parlait tout à l’heure de l Artwork et de son point de convergence, qui donne une résonnance à cet Horizon des événements.
JM Canoville : En fait, c’est un point où l’on ne peut plus observer ce qu’il y a après. Puisque toute la lumière est absorbée et nous actuellement, avec les outils que l’on a, on ne sait pas ce qu’il y a après. Et du coup, il y a ce truc un peu fun où tout converge par là. C’est un parallèle à faire avec la société de consommation, les dérèglements climatiques. Après libre à chacun de dire ce qu’il y a après. Est ce qu’il faut tout réinventer?. Est ce que cela repart dans l’autre sens?
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Rock Metal Mag : Le 6 juillet 2022 marquait les 50 ans du départ du mythique chanteur des Doors, Jim Morrison, et vous lui avez rendu un très bel hommage avec la reprise de « Waiting For The Sun« . Vocalement il a une grosse influence sur toi JM?
JM Canoville : Oui, j’ai grandi avec beaucoup de musique de années 70 parce que c’est ce qui tournait un peu à la maison. Alors pas H 24 mais de ce que mes parents et mes grands frères écoutaient c’était ce que je préférais. Et j’ai vraiment fait assez jeune, une fixette sur les Doors parce qu’il y avait ce truc très théâtral que j’aimais bien dans la voix de Jim Morrison et dans tous les instrus autour.
Le 1er disque que j’ai acheté, c’est carrément Morrison Hotel des Doors.
Après j’ai acheté The Soft Parade, que j’adore, dont les gens ne sont pas forcément fans. Et donc c’est une énorme influence pour moi. Il peut être d’une douceur magnifique, partir dans quelque chose de très animal que j’aime bien, et puis on sent qu’il a le coeur derrière ce qu’il chante. Et pour moi c’est ce qu’il y a de plus important dans le travail du chant. C’est sentir qu’il y a des émotions et que ce n’est pas juste un texte que l’on déclame. Donc c’est une des raisons qui fait que je l’aime autant. Ce n’est pas la seule influence de mon coté mais il a quand même une énorme place.
Tom Karren : C’est vrai que l’on se disait que, pour les cinquante ans de sa mort, on aimerait, quand même, marquer le coup. Mais quelle chanson choisir?
JM Canoville : Oui, c’est sur que c’était une bonne galère.
Tom Karren : Et celle là est vraiment géniale. Cela résonnait un peu aussi avec la période. Il fallait attendre que les choses passent et cela irait mieux plus tard.
JM Canoville : Le choix des Doors, c’est un peu comme ce que je disais sur les dénominateurs communs du groupe, cela fait partie des formations musicales que l’on a beaucoup écouté et aimé tous les trois. Et on continue de l’écouter. Du coup, l’exercice de la reprise c’est une chose à laquelle on ne s’était pas frotté avant puisque l’on aima bien composer ensemble. Mais cela nous a semblé naturel de faire les Doors parce que c’est un des groupes qui nous fédère.
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Rock Metal Mag : Est-ce-que vous envisagez d’enregistrer d’autres reprises ?
Tom Karren : On verra, on se ferme très peu de portes.
JM Canoville : Mais pour le moment il n’y a pas de piste en vue.
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Rock Metal Mag : Est ce qu’il y a quand même un morceau que vous rêvez de reprendre ?
Tom Karren : Non, il n’y a rien qui me vient. Alors avant de partir sur le projet de reprendre Waiting For The Sun, on avait déjà évoqué les reprises. On se posait la question de savoir si on aimerait reprendre des trucs tous les trois et en fait, non, on est content de jouer du Howard.
JM Canoville : Il y a bien une chanson que l’on a essayé de reprendre et c’était du Nino Ferrer. Mais bon c’est un tout autre exercice.
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Rock Metal Mag : J’ai une question plus personnelle par rapport à votre choix de devenir musicien. Quel a été le déclic pour vous?
Tom Karren : Jouer en concert et voir les gens qui viennent écouter ce que tu fais.
JM Canoville : Oui c’est vraiment un truc magique de voir les gens heureux quand on joue nos morceaux. Après l’envie de jouer de la musique ce la commence comme un hobby qui devient une passion. Après cela devient un moyen de s’exprimer et de faire sortir des émotions d’une autre manière. Et puis ce sont des rencontres avec des gens. Il y a un effet boule de neige. Cela avance, ça va de plus en plus loin et puis ça devient excitant parce que à la base le groupe a été fondé pour faire de la musique mais au final il y a plein d’autres trucs à gérer et à apprendre.
En fait, c’est clairement une passion.
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Rock Metal Mag : Nous sommes à 2 jours de la release party. Êtes-vous un peu stressés ?
JM Canoville : C’est un stress un peu sain.
Tom Karren : Avec des dates comme cette release, tout le monde met la main à la pâte sur l’orga.
JM Canoville : C’est quand même pas mal de surexcitation avec mille missions différentes à faire. Demain on va même faire une résidence lumière pour finir le show light avec Maxime Pierre qui est notre lighteux maintenant et avec qui on va faire notre deuxième date. Et vraiment, jusqu’au dernier moment, on travaille sur plein de trucs.
Tom Karren : Et puis on est pas tout seul puisque l’on a Angie de NRV Promotion à nos cotés, , l’association Below The Sun qui nous a fait faire quasiment notre 1er concert à Paris. Et du coup, tout se monte à partir de rien et puis, clac, des subventions, une salle et la billetterie qui n’arrête pas de monter, c’est vraiment trop cool. Et puis cette release party c’est le début des concerts pour ceux qui découvrent l’album. Mais c’est aussi la fin d’Event Horizon qui est sorti. Une sortie assumée et consommée avec la release.
Cela va être un grand moment donc c’est du bon stress.
Lien du live report : ICI
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Merci à JM, Tom et Angie de NRV Promotion pour cette entrevue.
Photo à la une : Angie Blackson