Entretien avec le bassiste de The Sheepdogs en mai dernier
The Sheepdogs est un quintet originaire de Saskatoon au Canada, influencé par Creedence Clearwater Revival ou encore The Allman Brothers Band.
Un sixième album intitulé « Changing Colours » voit le jour en 2018. Il sera à nouveau salué par la critique et par les fans.
C’est à l’occasion de leur passage en France, en mai dernier, que Rock Metal Mag s’est entretenu avec le bassiste Ryan Gullen.
Photos: Rob Blackham
Rock Metal Mag : Vous voilà de retour en France pour un concert qui affiche complet. Que ressentez-vous par rapport à un tel accueil ?
Ryan Gullen (basse) : Tout d’abord, j’adorerais parler français ! C’est le truc cool avec le Canada, car il y a évidemment une partie française. Cependant, l’apprentissage de la langue s’est beaucoup perdu à l’Ouest donc je ne l’ai pas appris à l’école. Mon jeune frère par contre a pris cette option et il parle couramment le français. Il vit désormais au Québec. Là bas les gens ne parlent même pas anglais. Nous sommes souvent venus à Paris et nous avons même déjà joué dans cette salle auparavant (ndlr: Le Point Éphémère). C’est la troisième fois que nous nous produisons ici pour notre nouvel album. L’accueil en France est toujours excellent ! Les français aiment le rock et ont toujours été gentils à notre égard. Nous nous sentons chanceux d’être aussi bien acceptés par le public de l’hexagone. Nous adorons venir ici !
Rock Metal Mag : Cela fait plus d’un ans que Changing Colours est sorti. Travaillez-vous sur votre prochain album ?
Ryan Gullen : Oui en effet. Nous avons été très occupé avec les tournées. Une fois que l’on aura terminé cette tournée, nous allons enchaîner avec les festivals chez nous. Par la suite, nous commencerons à travailler sur le nouvel album et nous espérons le sortir en 2020 !
RMM : A quoi peut-on s’attendre ? Allez-vous prendre une nouvelle direction, explorer des sonorités différentes ?
Ryan Gullen : Nous ne savons pas encore, nous ne sommes pas sûr. En ce moment nous n’avons pas trop le temps d’essayer de nouvelles choses, car les concerts nous prennent beaucoup de temps et tout doit s’enchaîner très vite. Nous allons rentrer nous reposer et après cela, nous nous retrouverons pour jammer ensemble et voir ce qui en ressort. C’est comme ça que nous procédons habituellement. Je n’imagine même pas ce que ça donnerait si on sortait un album electro/pop (rires).
Rock Metal Mag : Les couleurs de la pochette de Changing Colours me rappellent la pochette de votre album éponyme sorti en 2012. Était-ce un clin d’œil intentionnel ?
Ryan Gullen : C’est drôle car tu es la première personne à avoir constaté ça ! Je travaille étroitement avec les créateurs de la pochette et nous plaisantions sur ce sujet. Tu es la seule parmi des centaines de personnes avec qui j’en ai parlé qui l’a remarqué au premier coup d’œil ! En fait, ce n’est pas intentionnel. Ce sont des graphistes différents qui ont réalisés cette pochette, mais je m’en amuse souvent, car elles sont en effet très similaires et pourtant personne ne nous en avait fait la remarque.
RMM : Quelle est la partie que vous préférez dans l’enregistrement d’un album ?
Ryan : Lorsque nous enregistrons, nous faisons tout séparément. On fait la batterie, puis la guitare etc. Comme je suis le bassiste, je joue souvent mes parties en même temps que notre batteur Sam Corbett. Parfois, la guitare vient s’ajouter et on fait ça ensemble. C’est l’autre partie qui me plait, quand nous ajoutons les divers ingrédients, tels que les pédales, le violon, le banjo. Ensuite, tu ajoutes le chant et c’est là que tu vois le morceau prendre forme. C’est ce que je préfère. Cela part d’une idée, mais tu cherches constamment à voir jusqu’où ça va aller. En tant qu’artiste, voir le résultat lorsque ça se révèle au grand jour, c’est merveilleux. Bien sûr plus tard quand tu partages cette chanson et que tu la joues, c’est aussi cool mais c’est le sentiment que tu éprouves quand tu vois une chanson naître, la manière dont elle se façonne, que j’adore.
RMM : Y a t-il un morceau, provenant de votre dernier album, que tu préfères jouer en live ou avec des paroles qui te touchent plus profondément?
Ryan : J’en ai deux car elles vont de paire. Il s’agit de « Cool Down » et « Kiss The Brass Ring ». Elles sont très fun à jouer car elles sont différentes et très dynamiques et le public adore. C’est difficile pour moi d’avoir des paroles qui me touchent car je ne suis pas le chanteur, je suis juste un choriste. Honnêtement, il n’y a pas un morceau en particulier qui me parle plus qu’un autre. Mes les deux titres que j’ai cité sont ceux que j’aime interpréter sur scène.
RMM : Vous avez un morceau instrumental intitulé en français «Esprit des Corps». Avez-vous déjà pensé à écrire une chanson en français ?
Ryan : On en a justement discuté, car nous sommes populaires au Québec. Dans notre pays au Canada, il y a souvent une forte division entre le côté anglais et le côté français. Avant de faire une tournée française avec les Rival Sons, nous avions fait des dates au Québec et nous avons enregistré une reprise de « What The Hell I Got » de Michel Pagliaro. Je ne sais pas s’il est connu ici, mais il est très célèbre au Québec. C’est un rockeur des années 70. Nous avons enregistré ce titre en anglais mais tout le monde voulait qu’on l’interprète en français. Je pense que ça serait très intéressant de le faire, car nous avons beaucoup de fans ici et au Québec. Les français apprécient beaucoup quand des étrangers font l’effort de chanter dans leur langue. Cela n’est pas évident à cause de la prononciation. Et puis le français d’ici est différent du québécois. Mais interpréter la reprise de cet artiste francophone est le truc le plus proche que l’on ait pu faire. En tout cas, ça serait une expérience vraiment cool. Affaire à suivre…
RMM : Cela fait presque 15 ans que le groupe existe, avec ses hauts et ses bas, mais aussi beaucoup de récompenses. Quelle est l’expérience la plus gratifiante pour toi au sein de The Sheepdogs ?
Ryan : Notre groupe existe depuis tellement longtemps, que bien sûr, au début, nous avions quelques difficultés et seulement une petite reconnaissance. Alors à l’époque, on nous disait de ne pas jouer du rock’n’roll, mais c’est ce que nous aimons faire. Tu voyages sans gagner un sou car ce n’est pas ce qui compte. Le moment le plus merveilleux, c’est quand tu peux quitter ton travail pour te consacrer pleinement à la musique. Ça ne fait que depuis 2011 que l’on peut en vivre, donc environ 8 ans. Pour nous c’était un grand moment. Vivre de notre passion, c’était bien sûr notre plus grand but. Avant, quand on rentrait de tournée, il fallait pointer au boulot le lendemain. Maintenant, le fait de pouvoir faire de la musique à plein temps, c’est vraiment très gratifiant. Il y a eu les récompenses, les milliers d’albums vendus et les concerts complets, mais pour moi ce ne sont que de petites victoires comparées à ça. Continuer de faire de la musique, d’en faire mon travail, c’est vraiment magnifique.
RMM : En ce moment même, si ta vie pouvez être une chanson, quelle serait-elle ?
Ryan : Pourquoi pas « Ramblin’ Man » des Allman Brothers Band ! Car j’ai le sentiment que nous sommes tout le temps en voyage. Cela a été une année et demie remplie d’intenses tournées. C’est bien de voyager, mais il y a toujours un moment où ta maison te manque. D’ailleurs, il y a énormément d’artistes qui écrivent sur le fait d’être constamment en tournée, se languissant de leur nid douillet. Donc pour moi à l’heure actuelle, ça serait cette chanson, c’est certain !
RMM : Allons-nous vous revoir prochainement, peut-être dans une salle plus grande ?!
Ryan : Oh oui ! Nous revenons toujours ici avec plaisir. Je ne pense pas que nous reviendrons cette année, car comme je l’ai dit plus tôt, nous allons enchaîner avec les festivals et l’enregistrement du prochain album. On s’amuse toujours ici. Nous avons joué dans plein de salles différentes à Paris et c’était toujours super. Nous aimerions revenir pour jouer davantage en France. Le concert de ce soir est complet, donc c’est génial. La dernière fois que nous avons joué au Point Éphémère, c’était en 2015, juste après la tragédie du Bataclan. Cet endroit est donc devenu spécial pour nous car il y a des gens qui sont venus à notre concert alors qu’ils étaient au Bataclan quelques jours auparavant. On avait entendu ce qui était arrivé alors on était vraiment époustouflé de voir ça, de discuter avec ces personnes qui se trouvaient là bas. C’était une sacrée expérience. C’est pour cela que nous aimons revenir dans cet endroit. Et puis cette année, nous avons joué au Bataclan aux cotés des Rival Sons. C’était très spécial pour nous.
Retrouvez le compte rendu du concert de The Sheepdogs (+Creatures) ICI