Entretien avec Mattjö HAUSSY et Christine Roche du groupe HRAFNGRIMR
Entretien avec Mattjö et Christine du groupe HRAFNGRIMR, le vendredi 14 juin au Dr Feelgood Rocket grâce à la journée promotion organisée par Roger de Where The Promo Is.
1er album « Niflheims Auga » sorti le 13 mai 2024 chez Season Of Mist
HRAFNGRIMR, est un groupe de Folk nordique créé par Mattjö Haussy (ex- Skáld).
Tracklist
1 Níu Bylgjur (Neuf vagues)
2 Niflheims Auga
3 Ferðin (le voyage)
4 Allt Til Valhallar Dura (Tout à Valhalla Dura)
5 Yfir Tárin (Au fil des larmes)
6 Brýr (Des ponts)
7 Draugr (Fantôme)
8 Hleypimaðr ( Coureur)
9 Skuggar (Ombres)
https://bfan.link/niflheims-auga
HRAFNGRIMR, Line up
Mattjö HAUSSY : Chant
Christine ROCHE : Chant
Arnaud « Hindrik » Stefanakis : Choeurs, lyre, saz
Mostefa ELKAMAL : Guembri et Guitare
Nicolas DEROLIN : Percussions et Darbouka
Olivier « Nesh Keltorn» Sans : bouzouki, Talharpa, guitare
https://www.facebook.com/Hrafngrimrmusic
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Rock Metal Mag : Pourquoi avoir choisi le nom de HRAFNGRIMR (Ravengrimr) qui signifie celui qui porte un masque de corbeau » ?
Mattjö : Alors en toute sincérité, c’est parce que je suis particulièrement attaché au totem que représente le corbeau dans la mythologie scandinave et à tout ce qui est lié au corbeau. Donc au départ j’ai créé ce groupe mais maintenant il appartient à tous et le hasard a bien fait les choses puisque dans mon groupe précédent c’est un petit peu les attributions que j’avais au niveau de mon costume qui était une évocation directe au corbeau. Alors c’est marrant parce que c’est dans la continuité.
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Rock Metal Mag : C’est ton départ de Skald qui t’as poussé à fonder le collectif HRAFNGRIMR (Ravengrimr) ou tu avais déjà ce projet en tête avant?
Mattjö : Avant, j’étais dans pas mal de groupes de metal et j’ai toujours été passionné par l’univers viking depuis l’enfance. Je fais de la reconstitution historique, de l’archéologie vivante. Cela m’intéresse beaucoup mais je ne me sentais pas capable d’explorer ce coté musique des vikings malgré tous ces groupes qui sont arrivés dans les années 2009/2010 et ceux qui existaient depuis les années 1990. Avec Skald j’ai beaucoup appris et compris pas mal de choses aussi mais on m’a invité à partir et je n’avais pas trop le choix.
Du coup le lendemain, j’ai fait HRAFNGRIMR et c’était réglé.
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Rock Metal Mag : Donc ce n’est pas toi qui a décidé de quitter Skald, est ce que l’on peut en parler?
Mattjö : Alors moi je n’ai pas de problèmes, mais c’est peut être eux qui en auront. Je n’en sais rien. J’ai toujours été bienveillant vis à vis de ce groupe et j’ai toujours eu un discours relativement positif. J’ai mon point de vue mais peut être qu’il ne sera pas partagé.
En fait, je n’étais pas assez docile et l’on m’a reproché de ne pas avoir été assez bon. Alors c’est leur point de vue, mais j’ai fait tout mon possible pour être le meilleur possible. Donc, avec HRAFNGRIMR, j’avais besoin de me prouver des choses. Il faut être sincère dans la vie et cela ne sert à rien de faire semblant.
Aujourd’hui, on est complètement dans autre chose.
Et je n’ai pas de conflit vis à vis d’eux, ni aucun problème, que ce soit avec le label, les membres du groupe. J’achète les albums et d’ailleurs il y a encore mon nom puisque j’ai créé le logo de Skald.
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Rock Metal Mag : Comment est née la collaboration entre toi, Christine et les autres membres de HRAFNGRIMR ?
Mattjö : Alors, au début, j’avais décidé de faire un collectif ce qui rendait les choses un peu plus faciles en fonction des disponibilités de chacun puisque l’on partait de zéro. On ne pensait pas qu’il y aurait un public aussi réceptif à notre travail. Du coup, j’avais pioché un peu dans mes connaissances et aussi mes amis. en fonction de celui qui peut ou qui ne peut pas. Donc, voilà, pour moi c’était sain, mais en fait c’était une grosse connerie.
On se rend compte, au final, que plus il y a de personnalités, plus ou il y a d’ambitions ou d’affinités différentes en rapport avec la musique.
Christine : En fait, ce n’est pas une rencontre d’amitiés, mais plutôt une rencontre d’opportunités. Et par conséquent, les réactions et les comportements ne sont pas les mêmes.
Mattjö : C’est ça. Alors, avec Christine on se connait depuis très longtemps et on a commencé à sortir ensemble en 2021. Ensuite, elle a participé à quelques jams et les autres membres du groupe ont trouvé sa voix incroyable et voulait qu’elle vienne dans le groupe. Alors moi, je n’étais pas très chaud car j’avais peur de mélanger un peu les choses.
Finalement, cela s’est fait et au fur et à mesure il y a des membres qui sont venus et d’autres qui sont partis., toujours pour des problèmes d’ego et d’ambitions qui n’étaient pas les mêmes. Nous, notre démarche, c’est vraiment de se faire plaisir entre nous, d’être bienveillants et de partager quelque chose avec le public.
C’est vraiment une démarche sincère.
Christine : Et puis spontanée. On a envie de s’amuser et de jouer de la musique ensemble.
Mattjö : Et nous ne sommes pas obligés d’être de supers rock stars.
Rock Metal Mag : Le principal est qu’il y ait une belle alchimie et un bon feeling.
Mattjö : C’est ça. Au départ, j’ai peut être répété le même problème du groupe d’avant et maintenant, il y a un lien affectif et familial. Mus, je l’ai connu à l’époque où il jouait dans Arkan et c’est le parrain de ma fille. Donc, nous sommes tous liés, bienveillants, respectueux et patients. On a un des musiciens qui a eu une période difficile, donc, on lui a laissé le temps et on ne l’a pas remplacé.
C’est de l’humain et il n’y a pas que la réussite à tout prix.
Si c’est pour vendre son âme, cela ne nous intéresse pas et c’est peut être pour ça que je me suis fait virer du groupe d’avant. (rires) Donc, c’est ce coté humain que l’on privilégie. Et ce serait complètement stupide que ce ne soit pas le cas puisque les textes que l’on chante et l’univers néo-nordique auquel on participe sont dans une démarche sincère et sereine.
Là, aujourd’hui, on est un groupe et on tient tous la barre du navire. On se la partage, on se relaye, on se soutient et on se consulte. Je ne suis plus aux commandes de tout.
Christine : On travaille tous ensembles.
Rock Metal Mag : Donc, en tant que groupe à part entière et non plus en tant que collectif?
Christine : En tant que vrai groupe. Le mot collectif me dérange car les membres y sont interchangeables. Dans un groupe tout le monde a sa place et elle est très importante. On est un groupe soudé et sans un de ses membres on ne pourrait pas avancer.
Mattjö : Aujourd’hui et de plus en plus on peut identifier HRAFNGRIMR à travers ses membres. Contrairement à d’autres projets où peu importe le visage ou l’âme du musicien car c’est l’entité qui compte. Donc c’est un choix et nous n’avions pas envie de faire ça.
Christine : HRAFNGRIMR, maintenant, c’est l’addition de chaque personne et le cocktail d’un bout de chacun. Donc, c’est important. Si une personne vient à manquer, ce cocktail n’est plus aussi savoureux.
Rock Metal Mag : Et quels sont les autres membres du groupe, en dehors de vous deux ?
Mattjö : Alors on a Nicolas Derolin, Mus Elkamal, Arnaud Stefanakis qui est un ancien membre d’Otargos et de Nightcreepers et il joue actuellement avec Deadwar, et maintenant on a Nesh, Olivier Sans, qui est dans Azziard et Nydvind et ancien membre de END OF MANKIND.
Mais, c’est tout récent. C’est un copain de longue date et on était dans la même troupe de reconstitution. Et en fin d’année dernière il avait fait un petit remplacement d’Arnaud au festival de Quéven car il avait une date le même jour avec Deadwar. Donc, On a fait venir Nesh et cela s’est bien passé. Ensuite avec Arnaud ils se sont trouvés une complicité et une complémentarité aussi bien en terme de personnalité que d’instruments. Et cela a donné une vraie richesse musicale.
Voilà, donc maintenant on est un vrai groupe de 6 membres.
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Rock Metal Mag : Depuis quand est née cette passion pour la mythologie scandinave et la musique Nü Nordic?
Mattjö : Alors en ce qui me concerne depuis tout petit et c’est un peu l’impulsion du groupe. J’ai embarqué mes camarades, mes amis et mon amoureuse dans ma fantaisie. Ils m’ont suivi volontiers et ils ont apporté avec eux leur fantaisie. C’est ce qui a donné la couleur à l’album. Et ils ont apporté de leur spécificité.
Christine a un type de voix qui n’a rien à voir avec les groupes de néo-nordique ou de pagan actuel ou encore de folk.
Christine : Je viens vraiment du rock, du punk et du metal et je suis issue de cette mouvance là. Et je ne savais même pas que cette musique existait avant de connaître Mathieu. (rires) J’étais vraiment metal indus, metal prog, metal hardcore, etc..
Donc lorsque l’on s’est revu et mis ensemble en 2021, c’est lui qui me l’a fait découvrir.
Ce qui est intéressant ce sont mes origines scandinaves. Et ma grand mère m’a légué, avant de mourir, une broche avec un Drakkar. Alors comme elle me l’a raconté, elle faisait partie d’une grande famille bourgeoise en Estonie et selon elle je fais partie d’un longue lignée viking. Et cela m’a fait rire parce que j’ai cette origine dans mon sang mais pas dans les croyances, et Mathieu m’a apporté ce coté là dont je n’avais pas connaissance, avec la musique en plus.
Comme je suis quelqu’un de très féru de musique, j’étais très heureuse de connaître de nouveaux sons. En fait, on se complète parfaitement.
Mattjö : Et du coup, justement, il y a cette invitation à l’aventure et au voyage. C’est pour cela que l’on s’est complètement permis, sans gêne, d’apporter des instruments orientaux, grecs, et pour ça Nicolas Derolin est un spécialiste des instruments orientaux et percussions. C’est vraiment un tueur à la Darbouka. Donc, il a amené cet univers avec lui et on l’a invité à donner de sa personnalité artistique sans suivre quelque chose.
Pour Mus, c’est pareil. Il vient du metal oriental et il avait déjà cette affinité avec les instruments à cordes orientaux. Mais il a décidé de jouer du Guembri, un instrument maghrébin à archer, comme une sorte de contrebasse. Donc il a voulu explorer des trucs.
Christine : Et il a mis aussi de la guitare électrique dans certains morceaux.
Mattjö : Tout le monde y met sa patte. Nesh à des affinités avec l’univers viking et Arnaud aussi. Donc c’est assez riche.
Rock Metal Mag : On peut dire un mélange de plusieurs civilisations.
Mattjö : Oui voilà c’est ça, moi, je fais du chant d’inspiration Mongol. Mais ce mélange est porté par un fil conducteur scandinave. Et on pense que toutes les traditions du Monde ont une origine commune. Donc tradition cela veut dire transmettre et autrefois on le faisait par le chant, en dehors du caractère spirituel. Et on ritualisait tout par la musique: la naissance, la mort, la moisson, les récoltes…
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Rock Metal Mag : Et avec Christine venant du punk rock, j’imagine que vous écoutez d’autres styles musicaux ?
Mattjö : Moi, à la base, j’écoute beaucoup de punk, de rock, de metal, d’electro, du Hip Hop américain. Je suis un énorme fan de Max Cavalera, de Nirvana. Quand j’étais plus jeune j’écoutais aussi beaucoup de rap français et j’étais fan de NTM et d’IAM. Je n’arrive pas à satisfaire ma curiosité musicale autant que Christine qui est une vorace et qui découvre tous les jours des nouveaux sons. Elle m’envoie des liens toutes les semaines.
Christine : La musique, cela m’excite en fait, et je regarde toujours les sorties de la semaine. Et dès que cela me plait je mets de coté dans une playlist . J’aime toutes sortes de musiques à partir du moment où elles me parlent. Après, je suis une grande fan de Björk, de Mike Patton, de Nine Inch Nails et d’énormément de choses plus hardcore ou plus douces. Ce qui m’intéresse, c’est que la musique elle me surprenne.
Mattjö : C’est la recherche de l’émotion, continuellement. Même dans notre travail, on veut vibrer et pas être juste dans l’exécution.
Christine : C’est ce que l’on a recherché dans cet album, l’émotionnel.
Mattjö : En fait la musique Folk, Scandinave, je l’ai découverte tardivement au début des années 2000., quand j’ai vraiment essayé de trouver des textes et des chants traditionnels. C’est lorsque j’ai commencé à faire de la reconstitution historique. Ma passion pour l’histoire scandinave et les vikings c’est depuis tout petit mais dans cette musique pas depuis si longtemps que ça.
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Rock Metal Mag : Quel est la signification de Niflheims Auga et que racontez vous dans cet album?
Christine : C’est le regard de Niflheims.
Mattjö : Alors, moi, cela me ressemble d’être sur scène avec une tenue viking et tout le monde me connait comme ça depuis près de 25 ans maintenant. Seulement eux, cela ne leur ressemble pas car ils ne viennent pas de cet univers. Et d’autre part c’est dommage d’utiliser des textes employés par tous les autres groupes. Ils sont extrait d’un recueil, de sagas et de poèmes tirés de l’Edda , qui est un texte islandais du 13ème siècle. Donc, Wardruna, Heilung, Nytt Land.. ont tous été piocher dedans.
Donc, on s’est dit que l’on pourrait faire nos propres textes. Alors on ‘est rapproché de Jules Piet qui est un universitaire strasbourgeois et qui nous a accompagné dans la traduction de nos propres textes. Alors au début, j’écrivais seul et j’essayais d’être dans l’univers qui existait au moyen âge. Mais en fait, nous ne sommes pas au moyen âge et nous sommes des artistes et des chanteurs du 21ème siècle. Donc pourquoi ne pas garder cette langue pour le coté un peu mythologique, immersif et fantaisiste et pour faire revivre ses sonorités intéressantes mais tout en abordant des thèmes qui nous choquent aujourd’hui comme la violence, les inégalités et les injustices. De nos jours la violence et la misère d’il y a 1000 ans ne devraient plus exister.
Cela nous permet d’avoir un engagement et de l’exprimer par rapport à certains sujets d’actualité.
Et je ne suis plus le seul à écrire. Donc, Niflheims Auga, c’est le regard de Niflheim dans la mythologie scandinave, où tu as 9 mondes et le notre Midgard, c’est la terre du milieu. Niflheim est un de ces 9 mondes ( ctrl : Niflheim, Muspelheim, Asgard, Midgard, Jötunheim, Vanaheim, Alfheim, Svartalfheim, et Helheim) et c’est un monde de brume et sur lequel on n’a pas beaucoup d’écrits. Il y a un lien direct avec Helheim, le monde des morts. Donc il n’y a pas grand chose d’écrit là-dessus, cela nous laisse une grande liberté pour créer avec de la fantaisie tout un univers.
Et comme il y a de plus en plus de personnes qui aiment ce genre de musique, cela a réouvert les ponts entre ces 9 mondes.
Alors, on serait des artistes ou des poètes de cet univers là, venus s’aventurer en Midgard.
Christine : Et on constate ce qui s’y passe avec le regard que l’on a en tant que personnages de Niflheim. En fait, ce qui est intéressant, c’est que l’on a gardé le vieux norois avec la représentation et la symbolique des kenningar ( figure de style de l’époque) . Et on a utilisé les êtres venant de Niflheim comme prétexte pour parler de thématiques qui nous préoccupent actuellement dans le monde. D’ailleurs une traduction des textes est en cours et on en publie déjà quelques uns.
Mais c’est important de parler de ce qui se passe dans le monde et de l’émotion que cela nous renvoie.
Et puis c’est ce qui s’est passé il y a 700 ans dans les textes de l’Edda et il y a des choses que l’on retrouve en 2024. Donc l’important était d’y mettre notre émotion contemporaine.
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Rock Metal Mag : Donc vous ne parlez pas et ne comprenez pas le vieux Norois?
Mattjö : Non, mais à force je comprends quelques mots, puisque c’est une langue que je chante maintenant depuis 6 ou 7 ans. Et ce n’est pas une langue qui se parle. Elle est très proche de l’islandais et elle n’a pas autant évoluée que le norvégien ou le suédois.
Après c’est une langue qui a des racines germaniques et on va retrouver des mots allemands, anglais. Donc on peut s’y retrouver. Et avec ce personnage de HRAFNGRIMR qui va observer ce qui se passe et avec cette volonté d’être contemporain et moderne cela nous donne toute la liberté de dire ce que l’on a envie de dire tout en utilisant des instruments, des méthodes et des technologies actuelles.
Christine est pas mal electro et j’aime beaucoup ça aussi, donc on peut se permettre de rajouter des petits clins d’oeil.
Christine : On n’a aucune limite et on ne se pose pas de questions.
On a juste envie de se faire plaisir et de vider ce que l’on a dans la tête.
Mattjö : On ne se pose pas du tout la question de savoir si le public en général ou le public Pagan va aimer ou pas. On se demande juste comment nous, on a envie de le faire et de le vivre. C’est une liberté qui est précieuse.
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Rock Metal Mag : Quel est votre processus de composition ?
Mattjö : Alors il y en a plusieurs. Quand l’un d’entre nous à une bribe, on commence à construire tous ensemble autour. Souvent c’est une jam avec Christine, puisque nous sommes en couple et que l’on aime bien s’amuser et enregistrer des trucs. Et comme on fait écouter aux copains et aux collègues si ils trouvent ça trop bien ils nous disent qu’il faut que ce soit sur l’album. D’autres fois, on est en répétition avec un peu de temps à tuer alors on jam tous ensemble et il peut naître quelque chose.
D’ailleurs, comme chacun apporte sa touche, cela se ressent aujourd’hui par rapport à ce que je faisais avant. J’étais à l’initiative d’un peu tout et il y avait un ancien membre qui est parti, qui faisait les petits arrangements et les petits mixage. Mais c’est beaucoup moins riche quand tu es seul puisque le noyau dur de chaque chanson, les textes, les choix des thèmes venaient de moi. Donc maintenant nous sommes 6.
Christine : Et tous d’univers un peu différents. Du coup cela donne des tonalités émotionnelles et des couleurs musicales éclectiques et métissées.
Mattjö : Alors je n’ai aucun souci avec ce que l’on a sorti avant. J’en suis très fier et heureux car c’est très personnel mais là je suis d’autant plus satisfait du résultat de notre 1er album. Il est vraiment multi personnel. On a pris le temps mais on a laissé le temps aux gens.
Christine : Du coup, on a vécu tous des choses ensemble et on s’est créé des souvenirs ensemble.
Mattjö : Et là, on a utilisé de vrais instruments et pas des samples parce qu’avant je composais tout seul devant mon ordinateur. Donc, on ne pourra pas nous reprocher de ne pas être authentiques.
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Rock Metal Mag : Emotionnellement, est ce qu’il y a un morceau qui vous touche plus qu’un autre et pourquoi?
Mattjö : C’est dur parce que l’album est un tout.
Christine : On nous a posé souvent cette question là et c’est compliqué parce que les chansons ont toutes une coloration émotionnelle bien particulière. Elles ont toutes une origine et une essence différente et c’est pour ça qu’elles sont complémentaires aussi.
Alors d’habitude j’en dit au moins 7 sur 9, même si je les aime toutes. Mais il y en a une qui me touche particulièrement car elle fait écho à ce que l’on a pu dire jusqu’à maintenant. En fait Mat et moi, avons perdu pas mal de personnes que l’on aimait depuis 2 ans. L’année dernière j’en ai perdu 3 et c’était très compliqué et finalement celle qui me touche le plus c’est Skuggar, la dernière de l’album, car elle évoque cela.
Cette chanson est particulière parce qu’au final, c’est un peu un hommage aux personnes disparues et qui sont restées dans notre coeur, telles des ombres. Et puis ce sont des choses qui habiteront toujours notre esprit et qui vont vivre avec nous jusqu’à la fin de nos vies et jusqu’à la fin des temps. Et c’est ce que l’on dit dans le refrain : ils battront dans notre coeur avec nous jusqu’à la fin des temps.
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Rock Metal Mag : Je trouve que Yfir Tárin au centre de l’album à un coté beaucoup plus mélodique.
Mattjö : C’est normal, parce que c’est Mus qui a composé cette chanson, comme une ballade rock, il y a 10 ans. C’est une chanson que tu mets, par exemple, à la fin d’un album de metal. Et à l’époque il m’avait demandé si je ne pouvais pas trouver une ligne de chant et des paroles. Et Yfir Tárin, veut dire derrière les larmes et à la base le titre était Beyond the Tears. On a donc écrit ça il y a 10 ans mais cette chanson nous tenait tellement à coeur que l’on a essayé de se la réapproprier.
Christine : C’est vrai qu’émotionnellement, elle est très touchante.
Mattjö : Elle parle de dévastation. Je m’étais imaginé une personne dans un décor de dévastation et de guerre parce qu’à l’époque, il y avait la Syrie et c’était compliqué. J’ai du mal à comprendre le concept de la guerre et que l’on puisse encore la faire aujourd’hui, que des jeunes meurent ou que des bombes tombent sur des écoles ou autres. J’ai du mal à comprendre qu’en plus de 15 000 ou 20 000 ans de civilisations, même si j’exagère, on ait pas compris certaines choses.
Christine : Ou tout simplement que l’on ne tire aucune leçon du passé.
Mattjö : Donc cette personne dans un décor de ruines, pleure et elle est prête à tout donner pour retrouver ce qu’il y avait avant. Et cette chanson on n’a pas eu besoin de changer le texte. On a demandé à Jules de le traduire et de l’adapter avec les figures de style des poètes scandinaves du moyen âge et de lui donner une sorte de regard de l’époque. Mais c’est un texte hyper actuel qui me touche beaucoup.
Normalement on la chante en duo et notre réalisateur, Louis Ville, a fait l’excellent choix de mettre plus en avant la voix de Christine. Elle arrive à transmettre cette émotion avec maîtrise et puissance. Et cela donne des frissons.
Du coup, cela nous fait super plaisir d’entendre cette chanson arriver à un tel résultat et à cette finalité.
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Rock Metal Mag : Est ce que vous songez à faire un clip ?
Mattjö : Alors très bonne question puisqu’un clip va sortir sur Skuggar. Il a déjà été tourné et il arrive prochainement. Il est en post prod. Mais cela prend plus de temps que prévu mais on aimerait bien le sortir avant d’aller au Hellfest. Donc on verra.
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Rock Metal Mag : Justement c’est génial puisque HRAFNGRIMR est programmé le samedi 29 juin à 13h35 sur la TEMPLE. C’est une sorte de consécration pour vous?
Mattjö : C’est un immense honneur et un immense plaisir et c’est aussi une récompense. Le Hellfest c’est le temple pour les métalleux comme nous. La Temple j’y suis allé 2 fois avec Skald et Heilung. C’est une expérience intense, géniale, une énergie, un partage avec un public de fou. Et je suis ravie de pouvoir partager ça avec Christine et les autres.
Christine : Oui et puis c’est un peu un level au dessus. L’année dernière, nous étions au Motocultor, ce qui était déjà génial car c’est un super festival. Et c’est vrai que le Hellfest va être une sacrée expérience, excitante pour chacun.
Mattjö : Et on va confronter notre musique à un public qui n’est pas forcément venu pour nous et qui va venir par curiosité pour nous découvrir.
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Rock Metal Mag : Est ce que vous avez prévu un décor particulier pour ce concert de HRAFNGRIMR,?
Mattjö : Non. on y réfléchit mais en termes de logistiques, ce n’est pas toujours évident. On est déjà 6 sur scène et on a 2 danseuses pour les festivals. Donc, on a un univers et il va se passer des choses. Nous sommes particulièrement férus de théâtralité dans la musique, d’immersion et de choses comme ça. Il n’y aura pas de grand décor, même si j’aimerais bien, mais nous n’avons pas les équipes et les moyens pour ça. Pas encore tout du moins.
Christine : On aimerait avoir une scénographie et des choses spécifiques, mais c’est vrai que dans un premier temps on voulait vraiment se consacrer à la création de notre musique et de notre album. Mais ce sont des idées que l’on va peut être pouvoir mettre en place en 2025.
Mattjö : On a aussi beaucoup travaillé sur les costumes pour être contemporains et dans quelque chose d’onirique. Il y a des connexions avec le Pagan et l’univers viking médiéval, mais on reste habillé de manière moderne.
Voir le live report du Hellfest : ICI
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Rock Metal Mag remercie Mattjö et Christine du groupe HRAFNGRIMR, Roger de Where The Promo Is, et le Dr Feelgood Rocket.
HRAFNGRIMR BANDCAMP : https://hrafngrimr.bandcamp.com/album/niflheims-auga-digital