Rencontre avec BEYOND THE STYX

Rencontre avec BEYOND THE STYX

Rock Metal Mag a eu le plaisir de s’entretenir avec Adrien et Emile de BEYOND THE STYX jeudi 15 mars au Doctor Feelgood les Halles.

Rencontre avec
Adrien et Emile
le batteur et le chanteur de
BEYOND THE STYX
jeudi 15 mars
au Doctor Feelgood les Halles.

Le nouvel album de BEYOND THE STYX,  « Stiigma » est sorti le 23 février 2018 chez Klonosphere / Diorama Records, distribution Season of mist.

Enregistré par David Potvin au Dome Studios ( Kronos, T.A.N.K, One Way Mirror… ) et produit par Nick Jett ( Terror, Backtrack, Lionheart, Thick As Blood, Ringworm, Broken Teeth…)

 

Line Up

► Emile: vocals ◄
► Adrien: Drums  ◄
► Victor: lead Guitar  ◄
► David: rhythm Guitar  ◄
► Yoann: Bass ◄

Tour dates:

16 Mar => Le Zinc, bar à Poitiers @ Poitiers
17 Mar => Bordeaux / La Rochelle ?
07 Apr => Le Biplan @ Lille
28 Apr => Mondo Bizarro @ Rennes
03 May => ROCK N EAT official(by céd & mike) @ Lyon
04 May => Blacksheep @ Montpellier
05 May => Monster’S Art – WMC @ Fréjus
11 May => The Outbreak Festival @ Blois
12 May => El Camino @ Caen
01 Jun => L’AppArt Café @ Reims
08 Jun => sous réserve de dispo Adrien
02 Jul => Horizon Fest @ Auxerre

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http://www.beyondthestyx.com/

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Emile et Adrien

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Rock Metal Mag :  En 2016, Antho a quitté le groupe, vous aviez passé une annonce pour trouver son remplaçant, vous pouvez m’en dire un peu plus sur le choix de votre nouveau guitariste.

Emile : Antho a choisi de quitter le groupe puisqu’il a décidé de regagner son projet parallèle qui est devenu son projet principal AO. En fait la nouvelle perspective et les différentes orientations du groupe ne lui parlaient plus, mais on s’est quitté en très bons termes. Il faut le dire car c’est important. On a donc commencé à procéder à une phase de candidatures, qui est relativement longue même si le choix s’est fait assez rapidement. En général on reçoit un bon petit paquet de réponses mais finalement le choix se fait tout seul assez rapidement. Donc Victor a été retenu à l’unanimité après l’essai. C’était une vraie belle rencontre. C’est quelqu’un qui n’est pas issu du milieu Hardcore. Il a des influences très disparates, comme un petit peu chaque membre du groupe. Il faut reconnaître aussi qu’il a un talent de compositions notable tout comme Antho qui prenait part à la compo et aux arrangements. Et là Victor à des talents d’arrangeur très importants.

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Rock Metal Mag : Quelles sont les principales influences musicales de chacun d’entre vous?

Emile : Alors, personne n’a les mêmes influences dans le groupe.

Adrien : On a une base commune et des divergences en terme de goûts musicaux.

Emile : C’est vrai que cela se ressent à travers certaines de nos compositions. En écoutant Stiigma, même si ce n’est pas le patchwork de Leviathanima, notre album précédent, on peut se rendre compte qu’il y a des accents plus bit down sur certaines chansons, ou plus punk hardcore sur d’autres, même parfois des choses qui frisent le Death old school, jusqu’au Black. C’est Beyond The Styx tout ça et on le vit bien.

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Rock Metal Mag :  Le titre de votre album Stiigma a une signification particulière?

Emile : Non il n’y a pas de signification exacte. Le plus important est que chacun puisse s’approprier les choses. Cet album, c’est le nôtre mais je préférerais que ce soit celui du public, parce que c’est grâce à lui que Stiigma est là aujourd’hui. Parce que les gens nous ont fait confiance et que l’on a eu aussi envie d’écrire ça pour eux. Et donc la définition latine de stigma, c’est stigmate, et cela peut représenter tout un tas de choses. Il y a l’aspect religieux et mystique, en pensant forcément à la couronne d’épines du Christ ou alors aux coups plantés. Mais un stigmate c’est aussi un moyen de marquer au fer rouge un esclave,…. Pour nous cet album, c’est un marqueur de notre histoire. C’est clairement un choix fait avec Adrien il y a trois ans et demi, mais sur lequel Yoann et David , avant que Victor nous rejoigne, étaient d’accord avec nous. Donc, notre choix était de prendre un virage à 90 degrés. On a toujours parlé de faire du hardcore, mais on était pas réellement persuadé d’en faire.

Adrien : Je pense qu’avant,  on était pas prêt pour en faire.  En fait ce sont les différentes dates que l’on a faites, l’expérience en Live qui nous ont conforté dans cette envie. On s’est rendu compte que ce sont vraiment les sonorités que l’on avait envie de jouer.

Emile : Et puis ce sont ces valeurs là que l’on a envie de soutenir. Au delà des sonorités et de l’aspect Live Rock’n’roll qui nous ont toujours habité, c’est délicat de se dire hardcore lorsque l’on a rien à dire. Et il y en a qui le font, mais j’espère plus beaucoup,  car c’est embarrassant de s’engager dans une telle voie artistique quand on a rien à soutenir. Nous on a des choses à défendre et on les dit haut et fort. Et je pense, comme le disait Victor, que l’évolution artistique et le format des chansons s’est aussi imposé à nous, parce que l’on aurait pu continuer à faire des titres de 4 minutes , mais on en avait pas envie, il faut le dire. Donc tout ça fait que nous voilà aujourd’hui.

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Rock Metal Mag :  Pourquoi les deux i de Stiigma?

Emile : Alors c’est pour accentuer la dualité, et le fait que finalement, ce nom personne ne l’aura. Mais je pense aussi que si l’on tape Stiigma sur internet, on doit nous trouver très facilement. C’est également notre deuxième album et c’est aussi renforcer la dualité de notre Artwork. Et puis cela évite d’entendre : Stigma, ah oui c’est la définition de stigmate. Il y a plus de choses que ça. En tout cas cet album nous a marqué et l’on espère qu’il marquera, en toute humilité, une petite partie du visage underground du Metal Hardcore français.

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Rock Metal Mag : Quelles sont les différences majeures entre ‘Leviathanima’ et “Stiigma”

Adrien : Alors déjà en termes de compositions. Nous n’avons pas du tout composé de la même manière. Clairement, on a composé dans la salle de répétition. Donc on était entre nous et c’était : ça c’est cool, oh non, c’est nul, ça me plait, ça on le dégage,  donc voilà ça c’est fait comme ça ! Et en composant ainsi on arrivait très vite à la fin des morceaux. Ils étaient courts et on avait pas forcément besoin d’en rajouter des caisses et des caisses comme on a pu le faire avec  ‘Leviathanima’, où c’était plus de la composition extérieure, si je peux dire. On testait les morceaux quasiment finis en répét, on faisait quelques petits arrangements, Emile posait le chant et puis voilà. Alors que là, on a construit les choses ensembles donc on est arrivé beaucoup plus vite à la conclusion. Donc c’est ce qui a changé en terme de composition mais il y a également du changement au niveau du son. On avait envie d’un son un peu plus hardcore et ça se retrouve dans les riffs. Il y a la façon dont sonne les amplis, la batterie, le chant…etc, mais il y a aussi, les riffs que l’on produit et ce sont des rythmiques que l’on aurait pas forcément faites avant. On a simplifié le coté rythmique mais pour avoir plus de puissance. On s’est dit que cela ne servait à rien de tricoter 25 000 notes à la seconde et des fois, il vaut mieux faire un accord et c’est parti.

Emile : Il faut que ça tape juste au bon moment pour que l’impact soit présent.  Mais je pense aussi qu’à l’époque de notre adolescence, on avait besoin d’étaler plus de choses. Alors que maintenant on accepte qu’un morceau ne fasse que 2 minutes 20 et qu’il n’y ait rien besoin de rajouter, que ce soit un solo ou un quelconque arrangement. Et le fait d’avoir composé cet album en studio, le rend encore plus digeste pour le Live. On sait clairement comment ça sonne parce qu’on a voulu accentuer dans cette dimension une sonorité partagée par le groupe.

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Rock Metal Mag : L’enregistrement a eu lieu au Dome Studio avec David Potvin, comme pour le 1er album est ce que le rythme a été aussi intense?

Adrien : L’enregistrement est toujours un moment intense, puisque l’on donne le meilleur de soi, au moment où on fait la prise. Et même si c’est la dixième prise il faut encore donner le meilleur de soi, et toujours dans un laps de temps très court. On a fait les prises en 18 jours, encore moins que sur le premier album , avec 21 jours. Mais cela permet aussi de se mettre une pression positive. Clairement, il faut y aller et on est pas là pour enfiler des perles. Voilà, on enregistre, on y va, on fait le riff, on fait toutes la partie, on fait le chant. En plus David est quelqu’un d’agréable mais il est très intransigeant. Si le riff ne sonne pas, il ne va pas nous passer de la pommade, et il va nous dire clairement, ça s’est pourri, on dégage et on recommence. On le prend pas mal, faut mettre son ego de coté,  comme dans tous les studios où on prend tous des claques à chaque fois. Et même si on s’y est préparé. Donc, oui un rythme intense mais plaisant, parce que c’est aussi l’accouchement.

Emile : Il faut être paré, car c’est hyper frustrant un passage en studio. On ne se rend pas compte mais,  on a l’habitude de vivre et de faire les choses ensemble pendant toute une période,  et là, on fait tout séparément. C’est comme décomposer un enfant, si je peux dire, dans son processus de création. C’est complètement chimérique parce qu’on regarde l’autre enregistrer une partie alors que l’on a pas encore enregistrer la notre. On essaie d’imaginer et de projeter la chose alors que ce n’est pas encore fait. C’est hyper frustrant, parce qu’une fois que c’est fait, si on entend une chose mal faite , c’est trop tard et il faut s’y habituer. C’est difficile pour le batteur qui commence, et c’est aussi difficile pour le chanteur qui voit tout le monde faire la fête et qui lui, ne peut pas, parce qu’il doit passer en dernier. Voilà, c’est une hygiène de vie aussi et c’est un certain rythme. C’est du stress ! C’est du travail, tout simplement. Mais bon, on est là pour ça aussi. C’est toujours une expérience un peu particulière, mais qui forge l’esprit d’un groupe et fait sa force.

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Nick Jett Photo by Michelle Olaya

Rock Metal Mag : Cette fois-ci la production a été assurée par Nick Jett. Pourquoi ce changement?

Emile : Parce qu’il faut changer .

Adrien : C’est l’évolution musicale qui fait que l’on avait envie de changer le mixage. On a écouté plusieurs personnes qui mixaient, plusieurs sons, on s’est fait des playlists et une fois que l’on s’est mis d’accord, on a contacté Nick Jett qui était partant pour nous faire notre mixage. Sa sonorité nous plaisait et on lui a donc fait confiance. On lui a envoyé les prises et il nous a renvoyé son mixage dans la foulée,  à un mois près. Donc cela s’est relativement bien passé et c’était aussi intéressant de changer avec une personne qui travaillait différemment par rapport au mixage du précédent album. Donc, c’est moi qui m’occupait des échanges avec Nick Jett, puisque nous ne sommes pas allés aux Etats Unis et c’était donc des échanges par mails. Mais ce n’était pas le même type d’échange et c’était plus amical que pour « Leviathanima » pour lequel c’était très professionnel.

Emile : C’était assez simple, et c’est toujours un vrai plaisir d’être accueilli comme ça aux Etats Unis. On est un petit groupe français, on a pas encore tourné outre atlantique et on a été accueilli sans avoir l’impression d’être une vache à lait. Il faut dire les choses car ce n’est pas toujours le cas en Europe. Il y a libre entendeur. Donc on s’est pris des portes aussi, et il y a clairement des gens qui ne nous ont jamais répondu ou d’autres qui nous ont dit non, j’ai pas le temps. Donc, ça fait plaisir d’avoir ce genre de retour, d’avoir ce genre d’implication de travail de la part d’un grand nom.

Adrien : Il y a aussi le fait que c’est un musicien, puisque c’est le batteur de Terror, qui tourne dans le monde. Donc je pense que c’est ce qui fait la différence entre la personne qui est juste ingé son et l’autre qui est à la fois musicien et ingé son. D’ailleurs, la première fois que nous l’avons contacté, il était même prêt à venir en Europe pour faire la production. Donc il était partant pour prendre l’avion, le studio … Mais, bon c’était trop tard on avait déjà entamé un processus et on ne voulait pas non plus aller trop vite puisqu’on ne le connaissait pas non plus. Par contre ce serait aujourd’hui, peut être qu’on le ferait.

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Rock Metal Mag : Par apport aux paroles de Stiigma, on peut dire que vous êtes un groupe engagé ?

Emile : Oui, et je pense même depuis toujours. Note bassiste a dit un jour, le Van c’est le groupe et il n’a pas tort car les discussions que l’on a pu avoir dans ce van au cours des 5 dernières années, m’ont persuadées, malgré les changements de line up que nous avions des valeurs communes. Donc je pense que, même si nous ne sommes pas un groupe végétarien et que l’on a quand même 2 membres du groupe qui ont un régime particulier dans cette optique là, défendre la cause animale ça ne choque personne, aller à l’encontre de la course à l’armement, comme  Paranomination, ça ne choque aucun des membres du groupe, ou quand j’évoque des choses un petit peu plus personnelles, sur la mort, à travers une chanson comme Décima, j’estime avoir l’aval des gars et si une chanson prêtait trop attention ou à polémique, ils me le diraient. Mais ils ont suffisamment confiance en  moi pour savoir que je ne mets pas les pieds là où je ne serais pas capable de les mettre. Adrien a dit qu’il a fallu pas mal de temps avant de pouvoir utiliser clairement le terme Hardcore sur notre nom de groupe. Je suis quelqu’un qui lit, qui se renseigne, je ne vais pas mettre les pieds dans le plat même si j’ai mon coté provocateur, je le reconnais, mais je l’assume, j’y réfléchis, je le pense en amont et je n’arrive pas avec des choses qui sortent de nulle part ou de sources hasardeuse. Chacun des textes écrit a clairement tout son sens. Neoblivion, parle indirectement de la Syrie, King S parle de la cause animale, c’est un documentaire sur la population des lions décimée à travers l’Afrique depuis 100 ans qui m’a influencé, mais ensuite chacun peut y voir ce qu’il veut. Par contre contrairement à « Leviathanima », on a des thématiques que les gens peuvent s’approprier, sur le plan plus terre à terre , plus facilement. C’est moins métaphorique, sauf peut être Lightmare, qui l’est un peu plus, mais chaque chanson à son propre thème et je pourrais en parler pendant plus de 5 mn sans aucun souci. C’est ce que je fais sur scène où ça me tient vraiment à coeur de m’engager à ce niveau là . Des fois il y a des applaudissements, d’autres fois les gens ne comprennent rien, mais tant pis, ce qui est dit est dit !

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Rock Metal Mag : Et quel est le sens de DTNT ?

Emile : Les morts ne parlent pas, ne racontent pas d’histoires. « Dead Men Tell No Tales« . Je crois que c’était un terme utilisé par la Mafia, et ça fait référence un peu à l’omerta (ndlr: loi du silence). C’est vrai que par principe un mort ne raconte pas de conneries. Mais la thématique de cette chanson, c’est un peu, le silence est d’or. Je pars un peu du principe, que si ce que tu as à dire n’a pas d’intérêt, ferme ta gueule. Moi aussi il a fallu que j’apprenne à fermer ma gueule par moment, parce que ça sert à rien de parler pour parler.Je pense que l’on apprend plus en écoutant les gens. Et ces trois dernières années j’ai beaucoup appris en écoutant ma famille, mes amis, le groupe. Je suis éducateur spécialisé dans mon travail et j’écoute la jeunesse, mes collègues de travail. Et après avoir écouté on peut dire des choses. C’est une digestion longue mais intéressante.

Adrien : Et je partage complètement les mêmes idées. Comme le disait Emile, tout à l’heure, par rapport au fait qu’il n’avait pas besoin de l’aval du groupe, mais sans en avoir besoin, il l’a car on est tous d’accord sur beaucoup de choses et effectivement dans le van on a eu des discussions très longues, sur parfois un point avec lequel on a fait toute la route. On est sur la même longueur d’onde, alors à des petits détails près, bien évidemment, parce que l’on ne peut pas non plus être tous d’accord sur tout, heureusement.

Emile : On ne brandit aucun étendard politique mais on a des valeurs humanistes que l’on peut les retrouver n’importe où. On croit aussi en l’humain autant qu’on le déteste. Il n’y a rien de plus beau ou de pire qu’un être humain. On est conscient que nous en sommes et on est conscient de nos limites. Avant je ne me serais pas risqué dans une telle thématique, parce que je n’avais pas le bagou, ni la maturité pour défendre ce genre de choses. Je n’en avais pas envie car je pense que je n’étais pas prêt. Et puis je n’avais pas les sources car avant d’affirmer quelque chose,  il faut avoir une bonne source, même erronée mais c’est important d’avoir quelque chose et ça ne tombe pas du ciel.

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Artwork réalisé par Ammo ( Neurosis, Amenra, Unsane…)

 

Rock Metal Mag : C’est Ammo qui a réalisé l’Artwork, comment s’est fait le choix de cet artiste?

Adrien :Par des choix graphiques et démocratiques. On aime travailler avec des personnes vraies et qui sont des artistes. On aime ce coté la. Pour L’EP et le précédent album, ce n’est pas le même artiste qui a réalisé la pochette mais ce n’était pas juste un photomontage réalisé avec photoshop, c’était un vrai dessin. Ammo, c’est aussi un artiste qui dessine et avant d’avoir la pochette sur l’ordinateur c’était sur un bout de feuille au crayon de papier. Donc il y a eu plusieurs propositions de plusieurs artistes et on a voté démocratiquement pour Ammo. Et on est très satisfait du résultat.

Emile : Ammo a travaillé pour Marvel !

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Rock Metal Mag : Pourquoi avoir représenté une femme qui avale un sabre?

Emile : C’est une image qui m’a fait flasher et j’en ai parlé avant même que l’on ait le nom de l’album et que l’on ait fini de l’écrire. Après là aussi, les gars mont fait confiance et j’ai apprécié, parce que j’ai commencé à en parler à David et Yoann et ils m’ont dit « carrément! ». Et je ne m’y attendais absolument pas. On nous a dit c’est une image trop connotée sexuellement, cela peut nous porter plus préjudice qu’autre chose. Et les gars m’ont dit non et que forcément il y avait un truc la-dedans. J’en ai parlé avec Ammo et franchement, moi, je vois une image clairement apocalyptique avec une avaleuse de sabre, sans lui parler qu’il fallait qu’elle soit éventrée ou autre. Mais c’était au début, parce qu’après il y a des idées qui se sont greffées. Victor en a apporté tout comme David.

Adrien : Et Ammo également.  Il ne  faut pas oublier qu’on lui a laissé pas mal de carte blanche. Tu lui a donné l’image et le premier dessin qu’il nous a proposé était déjà presque celui là. A part quelques détails en plus. Donc, on l’a laissé travailler en lui donnant quelques petites directives, en lui disant s’il fallait plus ou moins de ci ou de ça, mais la pochette c’est vraiment son travail.

Emile : Dans tous les cas, pour revenir sur la connotation symbolique, pour moi, une avaleuse de sabre dans ce contexte là, symbolise à la fois la mort et la vie, le nom même de notre groupe Beyond The Styx. Et vraiment il n’y a rien de plus fort que de voir une porteuse de vie, porter la mort, et se l’imposer. Et c’est la représentation de notre société qui s’impose d’avaler des sabres. Tous les jours on nous en fait bouffer et il y en a qui n’arrive pas à passer. Et cette image elle me fait aussi un peu penser à Aphrodite (ndlr : déesse de l’amour et de la sexualité) qui sort des eaux. Mais du coup ce n’est pas du tout ça et c’est plus une danse macabre. Mais je ne pourrais pas dire ce qu’elle annonce.Chacun est libre de s’approprier ce visuel, sombre mais en adéquation avec l’esprit de l’album et notre dynamique.

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Rock Metal Mag : Vous avez sorti la vidéo de “Danse Macabre” pourquoi le choix de ce titre?

Adrien : Alors c’est le réalisateur, (ndlr: Sébastien Vallée) avec qui on a fait un travail d’équipe qui a fait le choix de ce titre.

Emile : En fait on avait fait une sorte de pré-sélection entre nous et lorsqu’on lui a proposé les moreaux , il a choisi « danse Macabre ».

Adrien : Oui, il a dit, c’est carrément ce morceau là que je veux, j’ai des idées de scénario. Il nous a proposé des choses avec ce que nous lui avons apporté. Donc, clairement on s’est dit que si on arrivait à montrer en vidéo ce qu’il y a sur le papier, cela va être cool.

Emile : En sachant qu’à la base, David et moi-même, car on s’occupe plus de l’aspect vidéo, et surtout David maintenant, on ne souhaitait pas partir dans quelque chose d’aussi violent et c’est finalement l’artiste vidéaste lui-même qui avait déjà travaillé pour Canal + plusieurs fois mais qui n’avait pas  effectué de clip vidéo. Donc il a essayé plusieurs plans et il nous a dit clairement que c’est ça qu’il fallait et comme avec Ammo on lui a fait entièrement confiance. Et nous sommes allés dans sa direction, aussi risquée soit elle, parce que ce n’est pas pour faire de la contre pub, mais on a quand même frisé la censure de Youtube. Parce que la mise à mort à l’heure actuelle c’est un podium pour Daesh, sauf que nous, à aucun moment, les paroles et la scénographie vont dans le sens d’un plébiscite de la mise à mort ou du soutien d’un régime totalitaire. Ce que l’on met en exergue, tout simplement, c’est notre société qui effectue une danse macabre, jour après jour, mais au bout de la corde on est en pleine asphyxie. Il y a des personnes qui s’en complaisent, et que ce soit dans les classes populaires ou les classes plus aisées. On participe tous à cette danse macabre, a s’asphyxier les uns les autres, à s’assassiner les uns les autres et presque à jouir de ces faits divers plus sordides les uns que les autres et qui font le chou blanc de la presse, des médias qui nous assaillent d’images plus horribles les unes que les autres. On regarde le JT et c’est interdit aux moins de 12 ans maintenant et encore je pense qu’ils sont lights des fois; C’est horrible ! et horrible dans un univers post-apocalyptique, mais l’idée d’un esprit fantasque est de mettre ces idées en avant, tout en laissant à chacun la liberté de se les approprier. On nous a demandé si il y aurait une suite, ce qui se passait, ce qui arrive à l’enfant, c’est hyper intéressant et nous étions à 20 000 lieues d’imaginer un tel retour du public.

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Rock Metal Mag : Vous prévoyez de sortir un nouveau clip?

Adrien : Oui, c’est dans les bacs, j’ai envie de dire. Par contre on ne sait pas quand. Il y a quelques idées et il y a déjà de belles pistes.

Emile : Il n’y aura rien de nouveau avant la rentrée scolaire prochaine, d’un point de vue film. Par contre on a de belles images live et il y a une belle tournée en cours, donc là par contre il y aura des choses sous peu.

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Rock Metal Mag : Est ce qu’il y a un titre qui vous touche plus particulièrement et pourquoi?

Adrien : D’un point de vue de composition, je dirais que c’est « Danse Macabre », dans le sens où il a été composé en dernier car on arrivait pas à le finir en fait. Cela a été dur et finalement le morceau a été achevé un mois avant l’entrée en studio. On cherchait des idées parce que c’était le dernier morceau. L’album était fini et on avait déjà tous les titres mais n arrivait pas à trouve une fin à Danse Macabre . Et finalement, ce sont les deux guitaristes qui se sont retrouvés un aprem et qui ont trouvé l’idée. Pour moi,  c’est donc ce titre là parce qu’il a été en parallèle de deux autres morceaux. Donc celui ci m’a plus marqué parce que l’on a mis du temps à trouver la fin.

Emile : Alors moi, ce serait plus la chanson « Walls [Cement Of Disorder]« ,  pour sa thématique. L’élection de Bush avait été un coup, mais le jour où Donald Trump a été élu à la présidence des Etats Unis, j’ai pas trouvé de mots ! C’est un cauchemar ! Je peux comprendre que l’on vote contre quelqu’un mais là, même si il y a le système des grands électeurs qui nous distinguent profondément des Etats Unis, je me suis dit qu’est ce que les médias ont fait. Même les Simpson s’en étaient foutus, ne pensant pas que cela pouvait arriver un jour, et au delà de ça, de la personne et de ce qu’il incarne, ce sont ses idées auxquelles adhèrent bon nombre de personnes la-bas. Quand on parle de construire un mur entre le Mexique et les Etats Unis, j’ai l’impression de revoir le mur de Berlin, que je n’ai pas connu mais dont j’ai lu et vu des documentaires; Alors que l’on puisse dire ça en 2017, après tout ce que l’Europe a subi, je ne comprends pas. Je crois que ce sont bien les américains qui nous ont aidés à détruire aussi, indirectement ce mur et c’est à la fois eux qui parlent à l’heure actuelle d’en construire un. Moi, je suis vraiment scié et ça me choque parce que je ne pense pas qu’au Texas. Je pense à Jérusalem, à la bande de Gaza, à ces pays où on pense réduire les problèmes avec des murs. Est ce que nous en Europe, à un moment on aura pas un mur par rapport à la crise migratoire, qui nous concerne aussi pare qu’on le veut bien. Quand on va en Afrique et que l’on sous-paie les africains et que nous leur faisons croire que l’Eldorado c’est l’Europe, et qu’ensuite on se plaint de les voir venir parce qu’ils crèvent la dalle et que l’on investi ^pas dans leur pays. Donc je me dis juste qu’à un moment donné il y a un gros souci partout. Et lorsque l’on me parle d’ériger des murs cela m’inquiète car j’ai l’impression de voir les croisades et que l’on retourne en arrière. Mais certains pensent que l’histoire est un éternel recommencement. Moi je trouve dingue de dire des choses pareilles et je dis dans cette chanson, les mots n’ont jamais construit les murs. Il ne faut pas oublier une chose, c’est que la violence commence par des mots et ça finit par des actes. Donc, moi ce qui me gène c’est que ces mots ont quelque par été prononcés et qu’il y a des gens qui vont maintenant prendre les mots au pieds de la lettre et vont commencer à poser des parpaings les uns sur les autres. Je trouve ça très grave à l’heure actuelle. Comme je le disais, je suis éducateur spécialisé et je ne suis pas un fervent de l’enfermement, quel qu’il soit, même si parois il faut aussi passer par là, quand il n’y a plus de limites. Mais je pense que nous avons la possibilité d’instaurer des limites avant de construire des murs de 12 ou 18 mètres de haut.

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Rock Metal Mag : Est ce que vous avez de nouvelles compositions en préparation ou bien vous faite un break total pour vous consacrer uniquement à Stiigma?

Adrien : on a eu envie très rapidement à la sortie de l’album, de se remettre tout de suite à composer et pour être franc nous n’avons pas réussi. En fait on a trop le nez dans notre nouvel album à l’heure actuelle. Donc on prend un peu de recul, on fait ce que l’on a à faire et on commence à tourner et « on y retourne ». Par contre les guitaristes ont déjà commencé dans leur coin à faire quelques petits riffs qu’ils mettent dans une boite à idée, en quelque sorte. Donc on a pas encore recommencé à composer en tant que groupe, mais ça arrive.

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Rock Metal Mag : Vous avez commencé votre tournée depuis le 2 mars comment ça se passe?

Adrien : Depuis le 23 février exactement, parce que la Release fait partie de la tournée. Et cela se passe bien. On a que des bons retours pour l’instant et le public est bien présent et très impliqué en Live . Les ventes se passent super bien en Live et on a que des retours positifs.

Emile : Les gens qui n’ont pas de retour positifs partent avant, bien que j’aimerais bien connaître leurs critiques car les critiques négatives sont instructives, même si à vouloir faire plaisir à tout le monde on fait plaisir à personne. Donc nous, on ne cherche pas à plaire  à tout le monde à travers cet album, mais les critiques négatives sont intéressantes à entendre, parce que nous avons évolué, et puis aussi parce que j’aime bien échanger avec les gens. Mais ce qui est sur c’est q’à l’heure actuelle les retours sont ultra gratifiants. Et à la vue du pari engagé, c’est réussi et on va continuer à poursuivre dans cette voie là. On a encore des choses à dire et un paquet de villes dans lesquelles on a pas encore joué.

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Rock Metal Mag : Quels sont vos projets pour les années à venir?

Adrien : un prochain album, plein de dates à l’étranger, et j’espère toujours la même envie et la même motivation et je pense que l’on est bien parti pour.

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Rock Metal Mag remercie Adrien et Emile du groupe Beyond The Styx et Roger de Replica Promoton et le Dr Feelgood les Halles

 

  Yoann CésarEmile StyxAdrien StyxDavid Govindin et Victor Nettoyeur.