Phil Manca : interview au Hard Rock Café

Phil Manca : interview au Hard Rock Café

Interview au Hard Rock Café à Paris avec Phil Manca qui sortait le même jour son troisième album Layers of Pain

Entretien avec Phil Manca au Hard Rock Café à Paris à l’occasion de la journée promotion organisée par Roger de Where The Promo Is

Phil MancaNouvel album « Layers of Pain » qui sort ce vendredi 9 juin 2023 chez TremoloProd / Distribution Kuroneko.

Phil MANCA album

Tracklist

 The Race is On
Angel Don’t Cry (West Memphis 3)
Flat Brains
Layers of Pain
Love in Vein
Nightstalker
S.M.I.L.E
High and Short
Life in My Hand

Membres du groupe

Eric Lafont: batterie
Josselin »JJ »Jobard : chant / basse
Phil Manca: guitare

https://www.facebook.com/OfficialPhilManca/

________________________________________________

Rock Metal Mag : Tu es un artiste accompli et très prolifique puisque tu as collaboré avec de nombreux groupes et projets musicaux, dont ERA .Tu as également réalisé plusieurs BO de films, tu as écrit et produit l’opéra rock « Ypse » et tu es l’auteur de la comédie musicale « Jack et le haricot magique » . Tu as également rendu un bel hommage à Gary Moore et finalement depuis 2018 tu t’es lancé en solo et tu as 2 albums à ton actif, Signs et «Dancing Spirits» de 2020 et un troisième Layers of Pain qui sort aujourd’hui. Qu’est ce qui t’a poussé a vouloir sortir tes propres albums après toutes ses années déjà couronnées de succès?

Phil Manca : Succès et galères aussi. Alors, c’est justement après avoir fait cet hommage à Gary Moore, pas en album mais en concerts, que l’on m’a demandé pourquoi je ne faisais pas mon propre truc. En fait, cela ne m’était jamais venu à l’idée de monter un projet sous mon nom tout simplement parce que je n’avais pas les couilles de le faire. Il faut affronter le public, il faut parler aux gens et ce n’est pas mon truc. Je suis un peu stressé et donc il faut casser le mur.(rires) Là, je l’ai un peu fissuré.

Donc, j’ai fait un premier album. C’est d’ailleurs ce que faisait Gary Moore, un mélange de Blues Rock avec l’énergie rock mais qui restait assez Blues. Ensuite j’ai fait un deuxième album moins Blues, (ndlr : Dancing Spirits ) et le troisième Layers of Pain est un retour vers le Hard Rock qui a été mes premières armes.

______________________________________________________________

Rock Metal Mag : Quels sont les artistes qui t’ont le plus influencé en tant que guitariste ?

Phil Manca : Alors le 1er guitariste qui m’a interpellé c’est Pete Townshend de The Who. Pas trop au niveau des solos de guitare mais plutôt pour tout ce qui est rythmique. Après c’est Jimmy Page. Ensuite, je suis tombé sur Michael Schenker et là, il y eu une évolution. Et puis, Jeff Beck. Il y a aussi 2 guitaristes qui sont moins connus, Dick Wagner et Steve Hunter qui ont accompagné Lou Reed et Alice Cooper, et après il y a Gary Moore.

Si tu veux analyser en deux mots mon jeu de guitare, c’est l’énergie et la mélodie.

Cela ne peut pas être dissocié et il faut qu’il y ait les deux. Si ce n’est que mélodique, c’est tout mou. Cela peut être sur une note ou deux mais il faut qu’il y a ait le truc qui  « Kick your ass », qui te pousse au cul.

_______________________________________________________________

Rock Metal Mag : Le line up a changé puisque le bassiste de Trust, David Jacob n’est plus là et c’est le chanteur et multi instrumentiste Josselin « JJ » Jobard qui le remplace à la basse. C’est plus simple en trio?

Phil Manca : Non, c’est plus compliqué. Il n’ y a pas de camouflage derrière avec un clavier ou un second guitariste et donc on a pas le droit à l’erreur. Mais Josselin était déjà bassiste et chanteur sur le projet Gary Moore. C’est moins simple car il faut vraiment assurer beaucoup plus qu’à 4 ou 5.

Mais ça va rester comme ça. J’aime beaucoup cette formule à trois. J’aimais beaucoup Motörhead, qui était aussi trois, ou ZZ Top. On va garder la formule guitare, basse, batterie et voix. C’est beaucoup plus compliqué à jouer puisque l’on chante tous les trois avec les choeurs à assurer. Mais je pense que les gens vont apprécier cette formule.

_________________________________________________________

Rock Metal Mag : Si je te dis que ta musique est un condensé de Hard Blues Rock tu penses que c’est une bonne définition?

Phil Manca : Oui sauf que sur cet album, il n’y a pas beaucoup de Blues. C’est plus du Heavy Rock, comme on appelle ça maintenant. Le dernier titre est peut être un petit peu plus bluesy, mais sinon tout l’album est surtout Heavy Metal.

__________________________________________________

Rock Metal Mag :  Comment s’est déroulée la composition de Layers of Pain et quand a-t-elle commencée, puisque c’est toi qui compose tout je présume ?

Phil Manca : Oui, je compose tout. Alors, ça part d’un riff de guitare catchy. D’ailleurs j’ai toujours mon téléphone et mon dictaphone avec moi, car cela peut m’arriver n’importe où. Donc j’ai toujours une guitare, ou alors je chante carrément le riff dans le métro. Comme je ne sais pas écrire la musique, j’ai peur de ne pas m’en rappeler.

Une fois que j’ai ce riff, j’essaie de le faire évoluer par la suite pour avoir un couplet /refrain et éventuellement un couplet/pont. Après je travaille la ligne de chant et une fois que j’ai ça je trouve la ligne de basse et je programme la batterie. Une fois le morceau terminé, je l’envoie aux autres.

Donc j’ai commencé la composition pendant le Covid, il y a un an et demi.

________________________________________________________

Rock Metal Mag : Est ce que cette période a influencé ton écriture?

Phil Manca : indirectement oui. On était réduit à regarder des séries ou des documentaires parce que l’on se faisait un peu chier avec ma femme. Donc on est tombé sur des documentaires sur des tueurs en série, sur des gens qui pensent que la terre est plate, que des trucs de cinglés. D’ailleurs j’ai fait une chanson sur un tueur en série, Nightstalker.  Une chanson sur les gens qui pensent que la terre est plate, Flat Brains. Une chanson sur les pauvres gosses qui ont été accusé de meurtre et condamné à mort aux Etats Unis alors qu’ils n’avaient rien fait,  Angel Don’t Cry (West Memphis 3).

On a regardé aussi des trucs sur la dépression, donc voilà, c’est très noir. Cela n’inspire pas la gaieté, mais je ne veux pas non plus influencer les gens à aller se suicider. Ce n’est pas le but et l’album n’est pas du tout dépressif.

Il y le titre Layers of Pain qui me tenait beaucoup à coeur.

Je parle des personnes qui se retrouvent de plus en plus jeunes dans la rue. C’est d’ailleurs Layers of Pain qui a donné le titre à l’album. C’est sur l’exclusion.

____________________________________________

Rock Metal Mag : En ce qui concerne les textes tu les écris avec ta compagne Frédérique Arguello ?

Phil Manca : Non, c’est elle qui écrit les textes. Elle est quasiment née aux Etats Unis, donc elle a un réflexe anglo-saxon pour écrire les textes en anglais. Un français ne peut pas l’avoir même si il est bilingue. Il faut avoir cette culture de la rythme catchy. Donc avec elle, l’alchimie se fait parfaitement. Quand je compose les morceaux, j’écris les textes vite fait et ensuite il y a un petit truc qui l’inspire pour un thème. Et de là, elle trouve tout de suite des bouts de phrases qui flashent.

C’est important. Toujours le riff de guitare et la mélodie catchy.

______________________________________________________

Rock Metal Mag : Et JJ n’a pas envie des fois, d’écrire ses propres textes ? On dit que c’est plus facile d’interpréter avec émotion une chanson écrite par soi-même.

Phil Manca : Alors je lui ai déjà demandé, mais ce n’est pas son truc. Et puis Roger Daltrey n’a jamais écrit une chanson et il chante très bien le répertoire des Who. (rires)

_______________________________________________________

Rock Metal Mag : Tu me parlais de tueur en série avec Nightstalker, présenté en premier single. Pourquoi as tu choisi d’évoquer dans ce morceau le serial killer Richard RAMIREZ qui sévissait aux USA pendant les années 80?

Phil Manca : Parce que comme je te disais on est tombé par hasard là dessus. Et puis il y a une histoire avec une casquette AC/DC qui a été retrouvée avec du sang sur une scène de meurtre. Et le groupe AC/DC qui tournait à cette époque là a été obligé d’annuler plusieurs dates car les gens pensaient que le tueur était inspiré par la musique du groupe et par le Metal. (rires) Donc voilà d’où vient l’inspiration et bien évidemment je ne fais pas l’apologie de ce tueur.

_______________________________________________________________

Rock Metal Mag : Pour le mixage et le mastering tu as retravaillé avec Alexis & Christophe Danetz au Studio de la Relève/Rosemère-Montréal . C’est un peu le dicton, on ne change pas une équipe qui gagne ?

Phil Manca : Oui, et là j’ai fait plus fort car je suis également allé enregistrer là-bas. Avant, je restais à Paris et on envoyait les fichiers à mixer à Montréal.

_____________________________________________________________

Rock Metal Mag : Est ce que le titre S.M.I.L.E est un acronyme à libre interprétation comme par exemple  « Service Making Individual Lives Easier » (Service facilitant la vie des individus) ou bien il a une signification précise pour toi?

Phil Manca : Je voulais que ce soit un peu énigmatique comme N.I.B. de Black Sabbath. (rires) Tout le monde se demandait ce que cela signifiait mais en fait ça ne veut rien dire. Et S.M.I.L.E est une chanson qui parle de la dépression et tous les jours il faut sourire, même quand tu n’es pas bien. Donc sourire, sourire et c’est tout. En fait, c’est juste pour appuyer sur le mot SMILE que j’ai séparé les lettres.

____________________________________________

Rock Metal Mag : « The Race is On » parle du combat intérieur contre les addictions. Et ce que c’est un sujet auquel tu as été confronté toi-même ou bien l’un de tes proches?

Phil Manca : Alors bien sur, j’ai connu ça et j’ai eu des addictions à plusieurs trucs. Mais ce qui a déclenché l’inspiration pour les paroles c’est l’un des copains de mon fils qui était addict à l’alcool. Et il est mort à 25 ans je crois. De toutes façons, on est tous un peu addict, je pense. Je sais que moi, j’ai du mal à passer une soirée sans boire un coup, mais sans pour autant être alcoolique.

Avant les gens se défonçaient tous et les jeunes qui venaient aux concerts étaient tous un peu raides. On faisait ça pour le fun. Mais maintenant, j’ai l’impression que c’est plus pour tenir le coup, avec des médicaments, de l’alcool…

__________________________________________________

Phil Manca vinyle

Rock Metal Mag : Tu as lancé une campagne ULULE pour financer la production de 200 vinyles. C’est une première  pour toi ?

Phil Manca : Oui, j’ai tenté le coup et cela a marché. Je n’avais pas les moyens de financer la production des 200 vinyles. Ensuite on en fera peut être d’autres avec une plus belle pochette. Là c’est une production pour un vinyle simple qui ne s’ouvre pas. Par contre j’ai fait un beau Splatter rouge et noir.

_____________________________________________________________

Phil MANCA album

Rock Metal Mag : Qui a réalisé cette pochette 

Phil Manca : Alors c’est la photographe, Joséphine Peters. C’est sur le tournage du clip Nightstalker, dans un studio de tournage de publicité. Elle shootait un peu tout et à moment elle nous a pris de dos. J’ai trouvé la photo un peu énigmatique et qui reflète bien la noirceur de l’album. Sur les autres pochettes de l’album c’était moi en gros plan donc ça m’a saoulé. Donc comme c’était le troisième album j’ai préféré qu’il y ait les 3 personnages.

_______________________________________________________

                                Rock Metal Mag : Tu dis « Le rock se meurt et le heavy comme je l’entends encore plus » . Tu parles de la scène Heavy Rock française ou internationale?

Phil Manca : De la scène mondiale. Déjà je pense qu’en général la guitare disparait. Je ne parle pas du Metal mais de la production rock et pop. Avant il y avait toujours un solo de guitare, maintenant c’est fini, il n’y a plus de guitare du tout. Sur Michael Jackson il y en avait et sur n’importe quel artiste de pop il y avait toujours un peu de guitare. C’est quelque chose qui a tendance à disparaître et c’est un peu dommage.

Et puis il n’ y a plus d’artistes de Hard Rock ou de Metal au top des ventes. Il n’ y a plus d’AC/DC, de Metallica. C’est toujours de la variété et que ce soit en France ou aux Etats Unis.

Rock Metal Mag : Tu as quand même des supers guitaristes comme Satriani

Phil Manca : Oui ça marche, mais ce ne sont plus des méga stars. C’est surtout ça que je voulais dire. En tout cas je ne vois pas d’artiste qui peut concurrencer Beyoncé, Lady Gaga ou des rappeurs.

______________________________________________

Rock Metal Mag : Est ce que votre agenda concerts est prêt pour 2023?

Phil Manca : Alors, le problème est que je n’ai toujours pas de tourneur pour l’instant. Donc, la promo de cet album va servir à générer un maximum de followers sur les réseaux sociaux et sur Spotify. Il faut absolument que la masse des fans grossisse pour faciliter le travail du booker. Le but est d’intégrer les festivals.

_______________________________________________________

Rock Metal Mag remercie Phil Manca, Roger de Where The Promo Is et le Hard Rock Café.