Overdrivers : interview avec Anthony et Adrien

Overdrivers : interview avec Anthony et Adrien

Gaëlle a pu s’entretenir avec Adrien Desquirez (chant, guitare) et Anthony Clay (guitare), du groupe Overdrivers au sujet de la sortie de leur nouvel album Kings of the Road

Entretien avec Adrien Desquirez (chant, guitare) et Anthony Clay (guitare), du groupe Overdrivers à l’occasion de la journée promotion organisée par Replica Promotion au Dr Feelgood Rocket à Paris.

Interview réalisée par Gaëlle

Nouvel Album « Glory Or Nothing » sorti vendredi 7 mars 2025 via Rpm-Roar (Reigning Phoenix Music)

Overdrivers pochette

Membres du groupe OVERDRIVERS :

Adrien Desquirez – Chant principal, guitare rythmique
Anthony Clay – Guitare principale, chœurs
Florian Morgano – Batterie, chœurs
Lion Das Neves – Basse

overdrivers

[photo ©Kalimba_Mendes]

https://www.facebook.com/overdriversofficial

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Rock Metal Mag : Overdrivers est de retour avec un nouvel album, 4 ans après Rock Out. Quatre ans entre deux albums cela peut être qualifié d’un peu long. Combien de temps cela vous a réellement pris pour composer et enregistrer « Glory or Nothing » ?

Adrien : Alors déjà, après Rock Out on a énormément tourné et il y a eu trois changements de line up. Donc, on a été très perturbé puisque le premier bassiste avec qui on avait démarré est parti et cela a été un petit peu brutal pour nous. C’était compliqué et c’était un mauvais moment puisque l’on a perdu beaucoup de temps sur les enregistrements. Et en plus, on tournait énormément.

Ensuite, la formation du deuxième bassiste a pris du temps et il est parti aussi (rires). Donc cela a repris du temps.

Anthony : En gros, l’écriture de l’album s’est étalée sur environ 3 ans et c’est surtout sur la dernière année où l’on a charbonné, en se disant que cela commençait à faire long.

Adrien : En plus, il aurait du sortir avant mais avec les labels on ne décide plus de la date. Nous, on est prêt depuis un moment déjà. On est entré en studio il y a un an et depuis avril/mai il est déjà masterisé. Mais après cela n’est plus de notre ressort malheureusement.

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Rock Metal Mag :  La musique d’Overdrivers respire le hard rock et le heavy mais sur le tout premier morceau (Kings Of The Road) et sur le dernier (In fear, Blood and Fire), on sent une influence power metal mélangée au hard. Est-ce que c’est un style qui fait également partie de vos influences ?

Anthony : Alors c’est marrant parce qu’au départ on a commencé Overdrivers tous les deux et nous sommes fans d’AC/DC. Mais Adrien est fan de Malcolm Young et moi d’Angus Young. En fait, on est tous les deux du même village et au tout départ, j’avais posté une vidéo sur internet et il a vu que je jouais de la guitare. A partir de là, il m’a dit que ce serait bien que l’on joue un morceau ensemble. Et on a commencé à jouer tous les deux sur Back In Black. On a de grosses influences de rock australien qui tabasse.

Du coup, quand on a commencé la composition de nos premières chansons, on aimait bien le son pur d’une guitare dans un ampli, sans trop d’effets. Donc, c’est le son que l’on aime et forcément c’est un son un peu à la AC/DC. En plus on aime bien faire des riffs syncopés.

Adrien : Et puis la priorité de notre musique, ce sont surtout les riffs.

Anthony : En fait, le but n’était pas de faire du AC/DC mais notre musique sonnait très rock australien quand on composait. Donc, on se mettait des barrières si on composait des trucs un peu différents qu’AC/DC ou Airbourne n’auraient pas fait. Et au final sur cet album on a composé ce que l’on aime, c’est à dire de la musique avec des gros riffs de guitare et des gros refrains.

Adrien : On ne s’est pas mis de barrières.

Anthony : Et on a eu plus de temps que les autres albums pour le composer. Cela nous a permis de revenir sur les compos, d’améliorer et d’ajouter quelques petites touches par ci par là. Cela nous a permis d’avoir des influences un peu différentes des autres albums.

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Rock Metal Mag : Quelles erreurs en studio ou même pendant la compo vous vous êtes promis de ne plus jamais reproduire ?

Anthony : Alors, déjà, l’erreur que je ne fais plus ou que j’essaie de ne plus faire c’est de ne pas faire attention au rythme. Avant quand je jouais je n’y faisais pas plus attention que ça et la première fois que je suis arrivé en studio, l’ingé son qui est très carré, m’a dit que ça n’allait pas du tout car j’étais devant le tempo. Alors que moi, dans ma tête j’étais dedans et limite, j’étais vexé. Du coup, il m’a montré son ordi et effectivement on voit sur les graphiques que j’étais en avance par rapport au tempo.

Et en fait pendant tout le premier album, j’ai du me forcer à jouer en retard dans ma tête pour être pile poil sur le tempo. Pour ne pas refaire cette erreur, j’ai beaucoup travaillé au métronome. Donc, je joue toujours un peu en avance mais moins qu’avant.

Ensuite, dans le processus de composition et avec l’expérience que l’on a maintenant, il faut arrêter de chercher trop loin. Par exemple, si l’on trouve un riff qui nous semble plutôt être un riff de couplet, pour le reste de la composition il va falloir chercher une transition et un riff de refrain. Et parfois, pour faire la transition, on part dans des trucs très loin.

Adrien : Parfois, c’est instantané car très logique. D’autres fois, on trouve pas, on part sur autre chose et ça nous oblige à changer complètement le refrain. Et on se rend compte, au bout de deux semaines, que cela n’a plus rien à voir avec l’idée d’origine.

Anthony : On part dans des trucs trop compliqués et on jette tout, ou bien le lendemain on plaque juste un accord et ça marche. Finalement, la solution la plus simple est toujours la meilleure.

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Overdrivers pochette

Rock Metal Mag : La pochette de l’album me fait un peu penser à l’affiche du film Last Action Hero. Est-ce que c’est un clin d’oeil volontaire ?

Anthony : Bravo, pile poil.

Adrien : Cela faisait partie de nos influences et on a envoyé ça comme illustration à Grégory Lê .

Anthony : On avait alors choisi le titre de l’album, Glory Or Nothing et on s’est demandé comment l’illustrer.

Adrien : On a eu beaucoup d’idées et finalement c’est le batteur qui a trouvé l’idée d’une explosion où on est propulsé. Donc on est resté dessus et on a passé une bonne partie de la soirée à faire évoluer le truc un peu comme l’affiche de Last Action Hero.

Anthony : On est donc rentré en contact avec l’illustrateur et dans les exemples de styles que l’on voulait il y avait l’affiche de Last Action Hero. C’était le fil rouge.

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overdrivers concerts

Rock Metal Mag : Vous avez réussi à exporter votre musique à l’étranger. Il en va de même pour les tournées. Est-ce que c’est difficile, voire encore plus difficile qu’avant de trouver des dates à l’étranger ?

Adrien : Déjà c’est difficile de trouver en France, alors c’est très difficile de trouver à l’étranger.

Anthony : Il y a un paradoxe, car c’est très dur de tourner à l’étranger mais on y est plus écouté qu’en France.

Adrien : Avec Spotify, on a toutes les statistiques et la France est notre 5ème auditeur. L’Allemagne vient en premier et après ce sont, la Suède, la Norvège et les Etats Unis. En France, surtout pour le hard rock, les organisateurs aiment bien faire jouer des groupes étrangers.

Par exemple, les festivals par chez nous, comme le Raismes Fest, le Bully, aiment bien faire jouer des allemands et des anglais et ils mettent un groupe français en première partie. Pourtant, en France, on a des groupes supers doués que ce soit dans le thrash, le heavy, le hard rock ou dans l’extrême. Mais, ils vont mettre un groupe anglais ou allemand en tête d’affiche et le groupe français en ouverture.

Anthony : Ils ont le défaut d’être français.

Adrien : Et le problème est que le français qui veut aller jouer à l’étranger, comme en Allemagne ou en Angleterre, c’est très difficile car les allemands et les anglais aiment leurs groupes. Donc il n’y a pas beaucoup de places pour les français.

Rock Metal Mag : Et l’Espagne?

Adrien : Alors l’Espagne justement on y retourne car il y a une certaine facilité. Il y a deux ans j’avais contacté le booker et il était d’accord pour partir sur une tournée. Cette année on l’a recontacté pour 2025 et c’est avec plaisir qu’il a accepté de repartir sur une tournée. La première fois, cela s’est très bien passé car les espagnols kiffent ce que l’on fait.

Anthony : Et le gros avantage de tourner en Espagne, c’est qu’ils font la fête tous les soirs. Donc, un lundi ou un mardi soir, cela va être blindé.

Adrien : Nous, à notre niveau, si on veut faire une tournée en France, c’est jeudi, vendredi ou samedi. Dimanche cela devient compliqué et il faut jouer à 16h. Et le jeudi c’est dans les grandes villes.

Anthony : Donc l’avantage en Espagne est que tu peux tourner tous les jours.

Adrien : Et là je suis en relation pour jouer au Portugal pendant nos journées off car c’est un peu comme en France. Si ce n’est pas des vendredis ou des samedis ce n’est même pas la peine.

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Rock Metal Mag : Est-ce que vous avez déjà eu des grosses galères façon Spinal Tap ?

Adrien : On a déjà eu un accident de voiture, mais aussi un accident de camion à 2h du matin à Orléans. Le camion est parti avec la dépanneuse et tout le matos dedans et on n’a pas pu jouer. On a donc du annuler.

Anthony : On est également tombé en panne sur l’autoroute.

Adrien : En fait on est tombé en panne sur la patte d’oie de la sortie de l’autoroute et comme on bouchait la circulation, il a fallu pousser le camion jusqu’à la sortie. Finalement, on a pu se garer et l’organisateur a envoyé des belges nous chercher avec des pick-up et nous aider à décharger le matos pour aller jouer en Belgique. Après le concert, on a pu laisser le matos sur place mais on devait le récupérer avant lundi.

Anthony : Du coup, il y a un mec, que l’on ne connaissait pas, qui nous a logé ce soir là. C’était dans une grande ferme et c’était un peu spécial car c’était dans une pièce avec plein de matelas partout. Au matin, au réveil, on le voit passer avec un vrai coeur saignant dans la main. Donc, on s’est regardé avec de grands yeux et on lui a demandé ce qu’il faisait. Et en fait, il allait nourrir son caïman (rires).

Et j’avais remarqué qu’au plafond il y avait une auréole, donc quand il nous a demandé si on voulait voir, on est monté avec lui. On a traversé sa chambre et on est arrivé dans une autre salle avec un vivarium. Dans le grand bassin il y avait un caïman ! Nous, on avait dormi en dessous du caïman (rires). Donc en soi, ce n’était pas vraiment une galère puisque ça s’est bien fini.

Adrien : On a eu aussi un  pneu crevé avec un mal de chien pour récupérer la roue de secours qui était bloquée. En fait c’est un vieux camion et le câble qui tenait la roue de secours était complètement rouillé. C’était un samedi et on jouait près d’Annecy, heureusement on a pu faire venir un dépanneur en 1/2 heure.

Anthony :  Il a réussi à couper le câble avec une meuleuse et il nous a sauvé la mise. Donc voilà pas mal de galères.

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Rock Metal Mag : J’adore vos petites bios très drôles sur votre site. C’est important pour vous de ne pas vous prendre trop au sérieux ?

Anthony : Oui, on aime l’autodérision. Avant dans les années 80, on pouvait jouer sur une image avec des nanas sexy… Maintenant, on fait plus attention à la façon dont on traite le sujet. Quand on raconte une histoire avec une gonzesse et un mec, il faut toujours que l’on se foute de la gueule du mec. Et cela correspond vraiment à l’humour que l’on aime bien.

Adrien : On est très fan de la série My Name Is Earl et on aime bien ce genre d’humour.

Anthony : Oui le mot exact c’est un peu  »la culture du looser ».

Adrien :  Cela dit, tout ce qui est dans les bios est réaliste (rires).

https://www.overdriversrock.com/band

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Rock Metal Mag : Et justement par rapport au fait que vous devez faire attention à ce que vous écrivez, est ce que vous pensez que l’attitude rock’n’roll et la façon de vivre qui va avec, existe encore réellement de nos jours ?

Anthony : Alors déjà, on doute que cela ait vraiment existé un jour. Par exemple, lorsque l’on voit des mecs qui se droguent vraiment, à 27 ans ils sont morts, comme Morrison. Mais lui, il l’a vraiment fait.

Adrien : Après quand on voit des films comme The Dirt, c’est romancé.

Anthony : Quand tu vois les mecs qui boivent 2 bouteilles de Whiskey avant d’aller sur scène et qu’ils assurent c’est plus une image qu’ils se donnent. Je pense que dès que les Mötley Crüe voyait une caméra ils prenaient leur bouteille de Jack Daniels à la main parce que cela faisait partie du cliché. Mais je ne pense pas qu’à l’heure actuelle cela existe encore réellement.

Adrien : Il y a beaucoup de gens qui croient à ces histoires, donc dans le milieu amateurs ça existe encore. Sauf qu’ils montent bourrés sur scène en se prenant pour Mötley Crüe et ils sont ridicules.

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Rock Metal Mag : Et qu’auriez vous fait comme boulot si vous n’étiez pas devenu des musiciens ?

Anthony : A la base j’ai fait des études d’archéologie, donc probablement archéologue.

Adrien : Moi, après l’armée, je voulais prendre mon sac et partir soit au Canada, soit en Angleterre, soit en Australie. Et finalement le projet du groupe m’a fait repousser et encore repousser.. Après, si j’étais parti est ce que je serais encore là-bas ou est-ce que je serais revenu? Je ne sais pas.

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Rock Metal Mag : Et vous avez commencé la musique à quel âge?

Adrien : Moi à 16 ans. Ce n’est pas si jeune que ça

Anthony : J’en avais 15. Et on n’a aucun parent musicien.

Adrien : Alors pas du tout. Moi j’ai joué de la musique pour faire chier mes parents (rires).

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Rock Metal Mag : Cela fait presque une dizaine d’année qu’ Overdrivers existe (2015). C’est quoi votre petit conseil pour durer dans la musique ?

Anthony : C’est compliqué. Mais il faut bien s’entendre et régler les problèmes quand il y en a.

Adrien : Oui, beaucoup d’échanges. Un groupe qui démarre, c’est toujours tout beau. C’est comme un couple. Au début, on est amoureux et ensuite il se passe toujours des choses et des conflits. Un groupe c’est pareil. Donc il faut discuter et échanger sinon le noyau pourrit et cela contamine tout le reste.

Anthony : Mais de base, il faut bien choisir les mecs et surtout ils faut bien s’entendre avec. Tu vas tellement vivre des moments où tu es sous pression, où cela ne va pas forcément bien mais, où il faut quand même assurer. C’est plutôt dur parfois.

Adrien : Il y a plein de musiciens pressés de jouer en concert qui prennent un peu n’importe qui. Mais, nous on a toujours fait attention aux ambitions des musiciens qui voulaient jouer avec nous. Le groupe n’existait pas encore que l’on était déjà prêt à quitter nos boulots. On ne pouvait pas prendre un père de famille avec des obligations qui passent avant le groupe.

Anthony : Il faut vraiment des mecs avec qui tu t’entends bien de base et des mecs avec les mêmes ambitions. Et des mecs qui ont les mêmes goûts musicaux, cela aide aussi. On évite ainsi les conflits de compositions et ça allège d’un gros poids.

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Rock Metal Mag : On passe à un sujet un peu plus préoccupant. Vous qui avez un univers très old school, est-ce que l’intelligence artificielle dans la musique vous fait peur parce que l’on voit des trucs assez dingue par rapport à ça.

Anthony : De toutes façons c’est là, et on ne peut rien contre ça. Il faut prendre ce qu’il y a à prendre mais de toute manière, vu comme c’est parti, il arrivera un moment où l’on se fera dépasser par tout ça. Donc cela peut faire un peu peur. Après l’intelligence artificielle ne remplacera jamais un musicien qui bouge sur scène. Concernant les concerts, ce n’est pas gênant. Après, pour la composition, il faut quand même avoir une sensibilité humaine pour réussir à trouver le bon truc.

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Rock Metal Mag : Pour finir, avez-vous une date parisienne ou francilienne à annoncer?

Anthony : Pas encore mais on espère que cela arrive.

Adrien : On va trouver.

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Rock Metal Mag remercie Anthony et Adrien du groupe Overdrivers et Replica Promotion

https://rockmetalmag.fr/overdrivers-kings-of-the-road/