Nevraska : Chronique par Khaos

Nevraska : Chronique par Khaos

Découvrez I left work on my way home December 1st 1955, le nouvel album du duo Nevraska, à travers la chronique de Khaos

CHRONIQUE PAR KHAOS

Nevraska : Album I left work on my way home December 1st 1955

Dare de sortie : 29 octobre 2020

TRACKLIST

1.Nothing to live with the law 04:26
2.Welcome to first class 04:52
3.Panic highway 03:48
4.Invisible walls 06:00
5.A bit more 02:44
6.Hornet vision 03:48
7.Interlude 01:18
8.Themis 03:15

https://www.facebook.com/Nevraskaband/

**********

Nevraska. Vous ne connaissez pas Nevraska ? Ben vous avez loupé un sacré truc. Comment faire de la musique technique, recherchée, expressive avec juste deux instruments habitués aux fonds de cour : basse et batterie ? Et bien ce duo a trouvé la formule depuis 2014 avec un simple single pour appâter les oreilles, puis l’album Grave Romance sorti en 2016 avec l’appui du producteur Suisse Serge Morattel.

On se retrouve quatre ans plus tard avec un changement de line up puisque Jérémy vient remplacer Cyril derrière les futs pour une formule toujours égale mais encore plus travaillée. Emprunts au post-rock, au noise, au blues, au jazz, c’est tout un panel de sons qui passent par ces deux instruments et des samples savamment choisis. Discours célèbres ou plus recherchés, ils font office de paroles à l’image du titre de l’album, les propos de Rosa Parks suite à son refus de laisser sa place à un blanc dans un bus en cette fameuse date du 1er décembre 1955.

Jérémy Armignon et Pascal Revil ont cependant amélioré la potion avec l’apport de musiciens et chanteurs invités qui leurs donnent plusieurs flèches à leur arc. Dans le premier titre nommé Nothing To Live with the Law c’est Ben Prieur chanteur du groupe Nurse qui s’y colle de manière très mélodieuse.

L’introduction abrasive a le chic de mettre tout le monde d’accord sur un air rythmé à souhait. J’apprécie particulièrement la rupture rythmique vers 2.30 minutes. La basse se fait moins cogneuse. Cela permet d’introduire un discours de Ruth Bader Ginsburg, la doyenne de la cour suprême américaine.

C’est toute l’ambiance de l’album très inspiré US où succèdera à cette militante démocrate un célèbre républicain : Ronald Reagan. Dans le deuxième titre Welcome to the first class, sa voix qui accompagne ce morceau hypnotique est syncopé au son de basse mélodieuse. C’est fou ce que les différentes pédales permettent en terme de variétés sonores.

Avec Panic Highway on aborde le morceau le plus cogneur de l’album. Il est agrémenté d’une interview de Franck Zappa. On se rends compte de l’apport indispensable de la batterie et d’un jeu varié et expressif. Beau titre pour rendre hommage au génial guitariste.

Ce qui fait le charme de Nevraska, c’est aussi les très nombreux changements de rythmes. Ils laissent des surprises à plein de moments. Le volontairement répétitif et la rupture s’entrecroisent farouchement. Parfait exemple dans Invisible Walls où la voix est celle d’une femme en détresse non identifiée.

A bit More c’est clairement mon morceau favori de l’album. Plus calme, il laisse ressortir les sons d’une basse qui singe à merveille une guitare électrique, le tout avec des passages vocaux d’Elodie Cilente.
Hornet Vision revient dans le musclé avec un riff abrasif pour mettre en valeur Nina Simone lorsqu’elle exprima son rêve de devenir la première pianiste noire de musique classique.

L’histoire ne lui a pas donné cette place mais celle d’être une des figures majeures du jazz pendant plusieurs décennies. En arrière, un saxophone grinçant semble symboliser toute l’instabilité de l’existence, les rêves inaccomplis à cause de plafonds de verres infranchissables. Et on s’y cogne.

Puis arrive l’interview de Rosa Parks qui donne le titre de l’album avec l’apport d’une vraie guitare jouée par François Verseau. Au désespoir des plafonds de verres succède l’espoir de renverser des montagnes. La portée sociale et culturelle de l’acte de résistance de Rosa Parks n’est plus à démontrer.

Pour finir, le titre éponyme est une orgie sonore, déflagration énergique qui résume l’album sans tomber dans la répétition.

Khaos

BANDCAMP