LIFE OF AGONY: interview

LIFE OF AGONY: interview

La sortie du 5ème album studio tant attendu de Life Of Agony intitulé « A Place Where There’s No More Pain » est imminente, puisqu’il sera dans les bacs le 28 avril via Napalm Records. Rock Metal Mag a pu s’entretenir avec Alan Robert, bassiste du groupe de metal alternatif américain, au Hard Rock Café à Paris. Rock Metal Mag : Parlons

La sortie du 5ème album studio tant attendu de Life Of Agony intitulé « A Place Where There’s No More Pain » est imminente, puisqu’il sera dans les bacs le 28 avril via Napalm Records. Rock Metal Mag a pu s’entretenir avec Alan Robert, bassiste du groupe de metal alternatif américain, au Hard Rock Café à Paris.

life of agony A place where

Rock Metal Mag : Parlons de votre nouvel album « A Place Where There’s No More Pain ». C’est un titre assez explicite.

Alan Robert :Oui c’est quelques chose d’important pour nous. Ce titre provient de la chanson du même nom et nous portons beaucoup d’importance aux paroles. Pour moi ce titre représente un endroit où il y a une connexion entre nos fans et nos performances live. Il y a toujours une véritable énergie et beaucoup de positivité, même si la musique peut être sombre et déprimante. En fait c’est très cathartique pour nos fans de savoir qu’ils ne sont pas seuls. Il y a d’autres gens dans le monde qui sont comme nous, qui expérimentent la même sorte de tristesse, de perte ou de regret. Les concerts nous offrent la chance d’être tous ensembles et d’être dans un lieu sûr. A en juger par leurs réactions, il semble que nos fans aiment vraiment les nouvelles chansons. Ils sont impatients d’entendre le nouvel album. Nous avons conscience que cette connexion est réelle et qu’elle s’est construite au cours des 20 dernières années. C’est ce qui est intéressant. Le message du groupe est : « vous n’êtes pas seuls ! ».

*******

Rock Metal Mag : Comment serait cet endroit si parfait pour toi ?

Alan Robert : A titre personnel, ça serait probablement avec ma famille. J’ai une petite fille qui m’attend à la maison. Nous avons nous même construit un landau pour elle. Nous serions dans un endroit en dehors de la ville où il y aurait la nature tout autour. Je sais que certaines personnes n’ont même pas cela alors je me sens chanceux.

*******

Rock Metal Mag : Vous êtes à nouveau réunis et plus de 10 années se sont écoulées depuis votre dernier album. Comment te sens-tu à l’idée de revenir sur le devant de la scène ?

Alan Robert : Je me sens fière d’être capable d’accomplir cela. Il s’est passé beaucoup de choses durant ces 10 années et je ne pensais pas que j’enregistrerais à nouveau un album. Nous étions tellement désabusés par notre expérience avec notre label, avec les contrats… Notre précédent album « Broken Valley » sorti en 2005 via Sony epic a été un vrai désastre. Je ne sais pas si tu le sais mais sony avait apposé un logiciel espion sur les Cds de certains artistes cette année là. Les gens aux États-Unis s’en sont rendus compte et ont porté plainte. La compagnie a perdu le procès et a dû retirer tous les albums de la vente. Ils ne les ont jamais remis en vente ! Ça s’est passé 3 mois après la sortie de notre album et c’était vraiment terrible. Tu travailles pendant des années sur l’écriture, l’enregistrement, tu es impatient de finir pour promouvoir l’album en tournée et finalement ça ne se fait même pas. Ça nous a pris beaucoup de temps pour nous remettre de cette mauvaise expérience et pour nous sentir bien en créant de la musique. Mais la raison pour laquelle nous sommes si enthousiastes avec ce nouvel opus, c’est par ce que nous avons tout fait selon nos propres conditions. Nous l’avons produit avec quelqu’un que nous avons choisi et qui connaît le groupe depuis que nous sommes des gosses. Le label Napalm Records nous a totalement donné carte blanche dans le processus de création, sans jamais intervenir. D’ailleurs ils n’ont entendu aucunes chansons ou démos avant que l’album ne soit fini. C’est devenu rare de nos jours dans l’industrie de la musique, donc ils méritent beaucoup de crédit pour avoir foi en leurs artistes. Nous pouvons nous exprimer comme nous le souhaitons, sans compromis.

*******

Rock Metal Mag : Et lorsque vous vous êtes séparés en 2012, on dit que c’est parce que vous n’arriviez pas à vous mettre d’accord en studio ?

Alan Robert : C’est en partie une des raisons… Nous étions en tournée à ce moment là et Mina Caputo (chant) a fait son coming out en tant que transsexuelle. Ça a été un vrai choque pour nous parce qu’elle ne nous a rien dit pendant toutes ces années. Ça nous a pris un certain temps pour digérer la nouvelle. Nous nous sommes alors demandé si nous voulions continuer le groupe. Nous avons chacun pris nos distances et finalement avec les années nous sommes à nouveau redevenus amis. En 2014, en Belgique, on nous a offert l’opportunité de jouer avec Marilyn Manson et nous avons pensé que ça serait une superbe opportunité de voir si nous nous amusions toujours ensemble. Nous l’avons fait et ça s’est très bien passé. Il y a une énergie positive depuis cela. Ça fonctionne très bien et c’est ce qui nous a amené à faire ce nouvel album. Nous avons construit quelque chose de fort en tant que groupe live. A la base on ne cherchait pas à faire de nouveaux morceaux mais le label nous a contacté pour ne demander si nous serions d’accord. A ce moment là nous leur avons expliqué que si ne le faisions, ça serait selon nos propres conditions.

life of agony

Photo Credit: Tim Tronckoe

*******

RMM : Justement, comment s’est passé le processus de création pour « A Place Where There’s No More Pain » ?

Alan : Cette fois-ci c’était vraiment différent de toutes les autres fois où nous avons enregistré un album. Comme je l’ai dit, nous n’avions aucune interférences extérieures. Et nous voulions que chaque partie de chaque morceau soit approuvée par chacun des membres. S’il y avait une partie que quelqu’un n’aimait pas ou qui pouvait être meilleure, alors on la retravaillait. Nous faisions des compromis entre nous et nous nous soutenions mutuellement pour donner le meilleur. C’est pour cela que nous pouvons tous nous dresser fièrement en disant « c’est notre album ! ». Dans le passé, nous nous chamaillions parfois par rapport aux chansons. Il y a beaucoup de titres que nous n’avons jamais joué en live et je pense que c’est une erreur. Mais nous avons appris de nos erreurs. A l’époque, nous avions toujours beaucoup de pression de la part des labels qui voulaient que les albums soient fait à telle date, pour que la machine ne s’arrête pas. Nous avions aussi une grosse pression de la part de certains producteurs qui ne nous connaissaient pas assez bien. Il y avait une sorte de dysfonctionnement et nous n’arrivions plus à nous mettre d’accord. Nous n’avons même pas fait de vidéo pour «Ugly ». Nous pouvions le faire, nous avions le budget mais nous n’arrivions pas à nous mettre d’accord. Ce nouvel album est meilleur car nous étions les seuls à avoir le contrôle, nous étions maîtres de nous-mêmes.

*******

RMM : C’est un album très attendu. Êtes-vous nerveux par rapport à ça et aux critiques ?

Alan : Nous nous en fichons maintenant. Nous sommes dans le milieu depuis plus de 25 ans et il y a toujours eu des gens pour dire « oh cet album est excellent » « cet album est mauvais » etc. Ça rend idiot, donc ça n’a plus d’importance. Tout ce qui importe, ce sont les fans, ce sont les gens qui écoutent et qui apprécient notre musique pour ce qu’elle est. Nous avons des fans de tous les âges tu sais. Différentes générations de personnes ont découvert le groupe au fils des années. Tu as ceux qui découvrent le groupes et qui vont se mettre à écouter les anciens albums. Et puis tu as ceux qui nous écoutent depuis le début et qui continuent à nous être fidèle. Chaque album représente un moment différent dans nos vies et nous n’avons jamais voulu faire deux fois un même album. Nous ne voulons pas nous répéter car nous voulons grandir. Nous ne sommes pas honteux des anciens morceaux que nous jouons chaque soir. Tous ces différents titres mixés ensembles permettent au groupe d’être très diversifié et de plaire à une audience variée. Nous avons joué avec Black Sabbath, David Bowie mais aussi les Foo Fighters et c’est ce qui nous rend capable de toujours nous adapter au public que nous avons devons nous.

*******

RMM : Quelle est la meilleure chose que tu as appris en étant dans un groupe depuis autant d’années ?

Alan : La passion. La passion de vivre ensemble, d’être ouvert à de nouvelles idées. Nous respectons chacun d’entre nous. Nous sommes amis depuis que nous sommes des gosses et beaucoup de gens me demandent comment ça se passe depuis que Mina a fait son apparition… Et puis rien n’a changé. C’est la même personne que celle avec qui j’ai grandi, mais avec une poitrine et beaucoup plus de joie de vivre. Certaines personnes fermées d’esprit n’essaient même pas de comprendre. Je pense que tout vient grâce à la passion. C’est un don de la vie. Ce n’est même pas le fait d’être dans un groupe c’est tout simplement le fait de vivre. Être dans un groupe est très différent de ce que peuvent penser les gens avec ce qu’ils voient à la TV ou pendant les concerts. Il y a beaucoup d’expérience proche de la mort qui arrivent sur la route. Nous avons déjà eu un accident avec un conducteur ivre par exemple, alors que nous étions dans le tour bus au moment de l’impact. Nous avons été impliqué dans une rixe en Allemagne avec combat aux poings. Il s’est passé plein de choses dingues au cours de ces 25 années avec le groupe. On devrait écrire un livre ! Ce n’est pas une mauvaise idée d’ailleurs. Toutes ces expériences de la vie, même les mauvaises, sont bonnes pour nous. Tu apprends et tu grandis grâce à ça. C’est ce qui nous forme. Et il y a un lien magique entre nous quand nous jouons. Nous créons quelque chose d’énorme. Ça nous a pris 25 ans pour comprendre cela.

*******

RMM : Donc maintenant tout se passe pour le mieux entre vous ?

Alan : Oui, il y a encore quelques trucs à fixer mais sinon ça se passe beaucoup mieux. Nous avons la capacité de nous remettre très vite d’une situation. C’est comme une vraie famille en fait, tu aimes tes frères et sœurs mais des fois tu te prends la tête avec eux. Mais tu t’en remets rapidement et tu rebondis bien plus vite.

*******

RMM : Avec Mina vous avez aussi des projets en parallèles. Tu viens juste de publier un livre de coloriage « The Beauty of Horror: A GOREgeous Coloring Book ». Peux-tu m’en dire plus à ce sujet ?

Alan : Oui bien sûr, voudrais-tu le voir ? *Alan ouvre son sac pour en sortir le livre* C’est mon tout premier livre de coloriage artistique. D’habitude ce genre de bouquin représente des mandalas ou des paysages, mais ici, nous sommes dans le domaine de l’horreur. Celui-ci est sorti en octobre pour Halloween et je prépare déjà la suite. Le prochain livre sortira en septembre 2017.

*******

RMM : Et aimerais-tu associer cette passion pour le dessin avec la musique ? Dans un clip vidéo peut-être ?

Alan : Je suis très impliqué dans tout ce qui touche au visuel du groupe. J’ai toujours créé toutes les pochettes d’albums, les t-shirts, les storryboard (scénarios imagés) des vidéos. Je collabore étroitement avec les réalisateurs de nos clips. Nous avons d’ailleurs une nouvelle vidéo en cours de route pour le titre « World Gone Mad ». Ça sera incroyablement effrayant, comme si Hellraiser rencontrait The Ring. C’est pour cela que ça va aussi être amusant à faire !

*******

RMM : Comment te prépares-tu avant une tournée ?

Alan : Je ne me prépare pas ! D’une certaine manière, c’est comme une seconde nature. Dans le passé, nous tournions avec une grosse équipe dans un grand tourbus et c’était beaucoup d’argent. Et puis en 2014, nous nous sommes dit que si nous revenions, nous devions juste être nous-mêmes. Nous avons réalisé que plus nous avions de personnes autour de nous, plus nous étions distraits. Le fait que nous ne soyons jamais vraiment isolés, sauf sur scène, a affecté l’ambiance au sein du groupe, ça nous a tellement affecté que nous ne nous parlions même plus. Nous étions trop occupés à parler ou à sortir avec les autres. Donc maintenant, on le fait d’une manière plus punk rock si je peux dire. C’est juste le groupe, le tour manager et le chauffeur ! Nous sommes réellement ensembles. Et même si nous devons régler nous mêmes notre matos en face de centaines de personnes, nous nous en fichons ! Tout ce qui compte, c’est la musique. Il y a plus de travail donc le challenge est plus important mais finalement c’est plus facile pour nous. Nous n’avons plus besoin de gérer plein de personnalités différentes, tous les drama… C’est beaucoup mieux. A l’époque, nous vivions dans le tourbus, nous nous douchions et nous changions dans les salles mais nous n’allions jamais à l’hôtel. Au final, ça créait des tensions. Maintenant nous préférons prendre notre temps, aller à l’hôtel et prendre la route le lendemain. Tu as plus de confort en étant dans un vrai lit. Donc voilà, nous avons changé certaines choses pour avoir notre propre nid. Nous n’avons même pas de manager car nous avons viré tout le monde. Je m’occupe de la communication entre le groupe et le label. Je connecte un peu tout le monde ! Ça représente beaucoup de boulot pour moi, mais je sais que ça sera bien fait, car je me soucie de tout le monde dans le groupe et de leurs besoins. C’est assez excitant.

*******

RMM : Pour finir, vous avez un concert à Lyon le 31 mai. Allez-vous jouer ailleurs en France cette année ?

Alan : Éventuellement oui. Nous travaillions sur ça en ce moment mais nous n’avons pas encore de date. Ce qui est sûr, c’est que nous serons de retour en Europe au mois d’août, mais aussi cet automne.

Merci à Life Of Agony, à Him Media et au Hard Rock Café.