KID KAPICHI : Interview

KID KAPICHI : Interview

Entretien avec Jack et Ben du groupe britannique Kid Kapichi. Par Gaëlle

Kid Kapichi, c’est Ben Beetham (guitares, chant), Eddie Lewis (basse), George Macdonald (batterie) et Jack Wilson (chant, guitares). Quatre jeunes d’une vingtaine d’années avec de grandes personnalités, originaires de Hastings, et qui font de la musique ensemble depuis plus de la moitié de leur vie.

Après avoir sorti son premier album « This Time Next Year » de manière indépendante en 2021, le groupe a récemment signé son premier vrai contrat pour le disque  « Here’s What You Could Have Won ». Ce deuxième opus est sorti le 23 septembre 2022, avec 11 nouvelles chansons aux sonorités « beat punk ». Il est produit avec Dom Craik de Nothing But Thieves.

Rock Metal Mag s’est entretenu avec le chanteur Jack et le guitarise Ben lors d’une journée promotionnelle à Paris organisée par Olivier de Replica Promotion

Rock Metal Mag: Il vous a fallu 8 ans pour sortir votre premier album « This Time Next Year » en 2021. Vous revoilà avec un deuxième album, sorti beaucoup plus rapidement cette fois!

Jack Wilson: Nous avions le groupe depuis un moment, mais c’est seulement en 2019 que l’on a commencé à prendre ça au sérieux.

Ben Beetham: Le premier album est en quelque sorte notre ancienne vie ! Cela nous a pris du temps. Il nous a fallu environ 8 ans pour le sortir, soit une éternité ! Il fallait faire cet album jusqu’à ce que le bon moment arrive pour le sortir. Et puis c’est arrivé et on s’est enfin lancé ! Un premier album, c’est une seule fois dans notre vie. C’est ce qui nous plonge dans le grand bain, alors il ne faut pas se louper.

Jack Wilson: Oui, tandis que notre deuxième album, nous l’avons écrit et enregistré en seulement un an.
Nous faisons de la musique depuis très longtemps, mais comme je l’ai dit, au début ce n’était pas sérieux pour nous. Puis on s’est rendu compte que les gens commençaient à s’intéresser à notre musique. De là, on s’est dit qu’il fallait sortir un album. L’engrenage était enclenché et nous voilà maintenant avec un deuxième album.

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RMM: Avez-vous déjà songé à faire autre chose que de la musique ?

Ben: Parfois oui !

Jack: Pour moi ça n’a jamais vraiment été un choix car c’est la seule chose que j’aime faire ! Je suis seulement bon à faire de la musique, donc je n’avais pas d’autres options.

Ben: Quand tu es à fond sur un truc comme ça, tu ne peux pas vraiment penser à autre chose. C’est quelque chose que tu vis à 100% et si ça se fait de manière plus professionnelle, tu dois y consacrer ta vie. Il faut de la persévérance pour atteindre ce que tu désires.

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RMM: Et vous avez l’air d’être autodidacte !

Jack: Ouais carrément ! Nous sommes en mode « DIY », fait le toi-même. C’était le cas jusqu’à récemment, jusqu’à la signature avec un label. Mais avant cela, c’est nous qui faisions absolument tout.

Ben: Nous avons dirigé nos propres vidéos et travaillé sur le storyboard, ainsi que sur la production. Et c’est encore un peu le cas.

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RMM: Liam Gallagher est un fan de votre musique et Frank Carter & The Rattlesnakes vous a même invité sur sa tournée. Comment est-ce arrivé ?

Ben: Nous faisions notre toute première tournée anglaise. A cette époque Jack Saunders était à la tête de l’Indie Show sur Radio 1. Il recevait Frank Carter pendant qu’il passait notre chanson « 2019 » sur les ondes. Et Frank a demandé qui était ce groupe ! Tout est parti de là. Nous avons échangé des messages et il nous a demandé si nous voudrions venir sur sa tournée européenne. C’était une immense opportunité pour nous.

Jack: Nous sommes très chanceux car cela nous a beaucoup aidé.

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RMM: Y a-t-il une chanson en particulier qui a une signification toute particulière pour vous, ou qui est plus personnelle ?

Jack: Elles le sont toutes d’une certaine manière. Toutes les chansons sont très personnelles. Par exemple « New England » nous concerne tous, à cause de ce qu’il se passe dans notre pays avec le Brexit. C’est une chanson anti Brexit ! Ce truc a chamboulé nos vies et bousillé plein de choses…

Ben: En tant que groupe, et par rapport au contexte social… Mais parfois les chansons symboliques ou personnelles ne sont pas nécessairement tristes. Il y en a qui sont plutôt orientées vers la colère.

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RMM: Et quel est le processus créatif du groupe ?

Ben: Le plus souvent, nous nous asseyons dans la cuisine et nous jouons du piano ou de la guitare.

Jack: Il y a deux façons ! Mais 90% des chansons sont écrites avec les gars qui les jouent et les programment sur un ordinateur. Ben écrit les mélodies et j’écris les paroles avec lui. Et puis il y a l’autre façon, celle qui est plus « old-school », où l’on prend juste une guitare et un piano.

Ben: Oui et cette manière de faire est encore plus satisfaisante. Mais nous jonglons vraiment entre les deux.

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RMM: Est-ce que la manière d’enregistrer vos albums a évolué ?

Ben: Oui carrément. Le fait d’avoir fait notre premier album par nous-même nous a poussé à évoluer. Nous avions cela en tête lorsque nous faisions les démos. Cette fois-ci, c’était plus sophistiqué. Nous pouvions exploiter davantage de choses, avec davantage de moyens et travailler chaque chansons en studio.

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RMM: Avez-vous déjà rencontré des problèmes avec vos chansons à cause de leurs paroles ?

Jack: Oui parfois ça arrive, surtout avec les radios. C’était le cas avec « Nature Of The Beast ». Mais au fond, c’est une bonne chose quand ça se produit ! Etonnamment, nous avons eu moins de soucis que nous le pensions. Ce qui se passe en Angleterre rend notre musique plus populaire, donc les gens veulent l’entendre. Les radios doivent s’adapter et les jouer. Il y a 5 ans, je n’aurais jamais pensé qu’une seule de nos chansons puissent terminer sur une radio.

En fin de compte, le contexte actuel nous aide bien. Cela fait pencher la balance en notre faveur, même si ceci ne plaît pas à tout le monde. On n’a jamais laché l’affaire. On ne s’est jamais dit « si on dit ci ou ça, on ne passera pas sur les radios ». Nous disons ce que nous voulons dire et nous avons la chance d’avoir des gens qui nous écoutent. Ce n’est pas le cas pour tous les groupes. Il y en a pour qui ça reste difficile d’avoir de la visibilité, mais cela s’améliore avec le temps et les évènements de l’actualité.

Ben: On ne se prend pas la tête ! Mais « Party at No. 10 » est peut-être notre chanson la plus controversée si l’on peut dire ça comme cela. Elle est passée très peu sur les ondes car elle est ouvertement honteuse.

Jack: Ouais elle n’a été joué qu’une seule fois sur une radio (rires). Cette chanson est vraiment directe. Elle ne fait pas dans la demi mesure. D’ailleurs c’est drôle de lire les commentaires des gens sur ce titre. Il y a aussi « New England » qui est assez controversée.

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RMM: « Here is What you could have won » n’est pas un titre d’album extrait d’un morceau. Qu’est-ce que cela signifie pour vous ?

Jack: Il y avait un jeu télévisé en Angleterre qui passait dans les années 80. C’était vraiment merdique. Ca s’appelait « Bullseye ». Il fallait jouer aux fléchettes mais à la fin si tu perdais, le présentateur te montrait ce que tu aurais pu gagner en disant « here’s what you could have won » (ndlr : Voilà ce que vous auriez pu gagner). C’était comme si tu recevais une énorme claque au visage. C’est un peu ce que l’on ressentait en étant anglais ces dernières années.

Ben: Oui à chaque fois qu’il y avait un vote pour un truc ou une grosse décision, le choix était le mauvais.

Jack: Nous prenions toujours le mauvais chemin. L’exemple le plus probant reste évidemment le Brexit, ou encore les élections… Nous regardions de l’autre côté, ce qui était perdu, et nous nous disions à chaque fois que c’est ce que nous aurions pu gagner si la bonne décision avait été prise. D’où le titre « Here is what you could have won » !

Normalement il y a toujours une raison pour tout, enfin presque ! Parce que pour le titre d’un album, certains se disent juste que ça sonne cool.

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RMM: Quel a été le déclic pour vous d’apprendre à jouer d’un instrument et de vous lancer dans la musique ?

Ben: Nous venons d’un endroit très axé sur la musique. Nous avons grandi en regardant des concerts à couper le souffle. Pour nous, c’était ça la musique, un show grandiose. On se disait que si on devait faire un concert, il fallait que ce soit aussi bien que ce que nous avions vu. On a vraiment grandi avec la musique. Cela ne nous a jamais ennuyé.

Jack: Oui c’était notre quotidien. J’étais toujours entouré de musique. Pourtant je ne suis pas issu d’une famille de musiciens, mais cet amour pour la musique était ce que nous avions tous en commun. J’ai commencé à apprendre la guitare quand j’avais 10 ans. Je me souviens que ma mère avait une superbe guitare. Elle m’a demandé si je voulais apprendre à en jouer, et je répondais que non… donc elle l’a vendu (rires). Deux semaines plus tard je lui ai dit que je voulais faire de la guitare (rires) !

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RMM: Quels conseils donneriez-vous aux jeunes groupes qui se lancent ?

Ben: Je dirais… avoir de la persévérance. Et surtout ne jamais arrêter d’essayer d’être meilleur. Si tu as l’impression que c’est bon, que ce que tu fais est suffisant, alors ça ne va pas ! Il faut que tu repousses tes limites et que tu ailles plus loin.

Jack: Mais surtout, fait le parce que tu aimes le faire. Ne te force pas. C’est vraiment un métier difficile donc tu dois aimer ce que tu fais. C’est un job amusant mais ce que je veux dire c’est qu’il est difficile de se faire de l’argent avec la musique.

Ben: Oui si tu veux te faire de l’argent, alors choisi autre chose (rires).

Jack: Il faut atteindre un certain point pour commencer à en vivre. La passion est le maître mot !

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RMM: Et enfin, que diriez-vous pour convaincre les gens de venir à un de vos concerts !?

Ben: Ça sera la soirée la plus sauvage de toute ta vie !

Jack: Oui, vient et tu ne le regretteras pas ! Si tu es énervé, si tu en as marre, vient nous voir et tu te sentiras mieux.

Ben: C’est à la fois une thérapie et une séance de sport. Et nous avons hâte de refaire ça à Paris prochainement. Pour l’instant on ne peut pas en dire plus, mais on va revenir !

KID KAPICHI

Merci à Jack et Ben de Kid Kapichi et Olivier Garnier de Replica Promotion

 

KID KAPICHI site web officiel ICI