Interview avec Niko chanteur de Tagada Jones

Interview avec Niko chanteur de Tagada Jones

Niko chanteur de Tagada Jones était en journée promotion à la station de radio Rstlss à Paris le 29 septembre dernier et Rock Metal Mag a eu le plaisir de s’entretenir avec lui .

Entretien avec Niko chanteur de l’emblématique quatuor de la scène Punk/Rock TAGADA JONES à Rstlss à Paris

Le nouvel et dixième album « À FEU ET À SANG » sort le 30 octobre 2020 via At(h)ome.

Tracklist

1 A Feu et à Sang
2 Nous avons la rage
3 Le dernier baril
4 Les 4 éléments
5 Pour l’amour, pour la gloire
6 Elle ne voulait pas
7 De rires & de larmes
8 Les autres
9 Un lion en cage
10 La biche et le charognard
11 L’addition
12 Zombie
13 La nouvelle génération
14 Magnitude 13

La musique Punk de TAGADA JONES est un mélange explosif de rock alternatif, de punk hardcore et de metal. «À FEU ET À SANG» en est l’exemple ultime. Il exprime en toute sincérité la libre pensée du groupe.

Quatuor sans concessions et politiquement incorrect Niko, Stef, Waner et Job sont plus unis que jamais dans leur lutte contre toutes les aberrations de notre société. Environnement, conflits,  guerre, religions, addiction, violences en tout genres sont les sujets qui prédominent.

Niko s’égosille à coups de textes réfléchis et engagés. Il balance ses riffs de guitare incisifs, encadrés par la guitare enflammée de Stef et la section rythmique percutante et des plus efficace.

 Une musique coups de poing qui assènent ses refrains entraînants avec urgence. Il va sans dire que ce nouvel album “À FEU ET À SANG” colle parfaitement à l’ADN des Tagada Jones.

Dans les veines du quatuor coule la même ardeur que BERURIER NOIR, LES SHERIFF, PARABELLUM, SICK OF IT ALL,  THE EXPLOITED, RAMONES,  NOFX ou encore  MOTORHEAD.  Mais TAGADA JONES est hors norme et demeure un leader incontestable de la scène Punk Rock.

Facebook : https://www.facebook.com/tagadajonesofficiel

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Rock Metal Mag : Je présume que tu es impatient de sortir cet album malgré la situation actuelle, donc comment s’est passée la composition de A Feu et A Sang, malgré le confinement ?

Niko : Oui, on a du repousser d’un mois cette sortie, puisque elle était prévue le 30 septembre. On a un peu hésité vu que l’on annulait toute la tournée  mondiale. Bon après, il est là, et il est prêt, donc on va quand même le sortir le 30 octobre. On verra ensuite quand on pourra le jouer sur scène. On a à marre de faire des reports, des reports…donc l’album on le sort puisque les gens vont quand même écouter de la musique. On est content qu’il sorte.

Sinon la composition s’est passée presque normalement. Toute la première partie, on l’a fait pré-Covid, donc de façon tout à fait normale. On avait décidé de faire l’enregistrement en deux temps. Une première partie en février et la seconde fin mars. Mais du coup elle a été reporté à la fin du confinement, début mai. Et finalement on l’a un petit peu avancé à fin avril et à part deux/trois titres qui sont nés pendant le confinement, tout le reste était déjà écrit et composé. il manquait juste l’enregistrement.

Cela à un peu influé sur deux / trois morceaux écrits et sur le titre de l’album . Au début il devait s’intituler « Hors Normes » mais à la vue du résultat final et de la conjoncture mondiale, on trouvait que « A Feu et A Sang », ça collait mieux

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Rock Metal Mag : Tu avais déjà des idées de chansons après la sortie de La Peste et le Choléra en 2017 ?

Niko : Quelques semaines ou quelques mois après oui. Il y a eu le mouvement des gilets jaunes et j’ai commencé à écrire le morceau « Nous avons la Rage », à ce moment là. On était en tournée, et nous étions très proche de tout ce mouvement des gilets jaunes. Un telle diversité de gens qui vont dans la rue pour défendre leurs opinions, c’est très bien.

Après, la récupération politique est une chose dont on est très loin.  Mais elle nous a fait freiner sur le mouvement en lui même et pas sur les convictions des gens qui en faisaient partie. Ensuite, on se rend compte qu’il y a quelques personnes qui par soif du pouvoir sont devenues leaders du mouvement ou qui ont pété les plombs. Mais on a préféré retenir l’idée majeures de gens qui vont ensemble dans la rue pour défendre des convictions.

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Rock Metal Mag : Des convictions qui sont restées sans réponses de la part de nos dirigeants politiques.

Niko : Oh, il yen a plusieurs questions. Et dans la chanson je dis que le mouvement a été étouffé. C’est le mot ! d’ailleurs aujourd’hui on étouffe encore sous les masques. Mais la colère est toujours là et c’est surtout ça que je voulais écrire. Ce n’est pas parce que l’on étouffe et que l’on musèle les gens qu’ils vont ne plus penser ce qu’ils pensaient. Cette colère là est toujours présente et c’est le premier titre que l’on a écrit très vite pendant la tournée de la peste et le Choléra.

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Rock Metal Mag : Et pendant le confinement quels sont les morceaux que tu as écrit ?

Niko : Alors il y en a trois. Le premier, « Un lion en Cage », puis un autre morceau mais qui n’est pas sur l’album. Il est quand même enregistré. Et un troisième qui n’a pas été enregistré. Il n’était pas terminé et il était trop court. On va dire qu’il est encore en chantier. En fait on a fait 20 titres et on en a mixé et enregistré 17. Il y en a 14 sur l’album.

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Rock Metal Mag : Tes textes sont toujours aussi contestataires , c’est vrai que les années passent et rien ne change.  Est ce que tu penses qu’il faut en venir à la violence comme moyen d’expression pour avoir des réponses?

Niko : C’est un moyen d’expression , mais de manière générale, je serais tenté de dire que non ce n’est pas le bon moyen. Parfois, une certaine forme de violence peut être nécessaire. Mais on ne pourra jamais dire que c’est LE bon moyen. Mais je peux comprendre que quelqu’un qui va dire 100 fois la même chose sans jamais être écouté, puisse exploser comme une cocotte minute.

C’est sur que, moi, de prime abord,  je vais plutôt défendre le fait de discuter. Après il faut aussi être réaliste et parfois les grands changement passent aussi par la violence. On ne peut pas dire que ça n’existe pas.

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Rock Metal Mag :  Oui mais  le titre « A Feu et A sang », ou encore « Nous avons la rage »,  peuvent en quelque sorte être perçus comme un  un appel détourné à l’insurrection et au soulèvement?

Niko : Nous, notre discours c’est surtout une énorme déception. Je prends comme exemple, les restaurateurs marseillais qui ont baissé le rideau. J’aurais préféré un peu de désobéissance civile pour dire « arrêter de nous faire faire n’importe quoi. »

La désobéissance civile ce n’est pas de la violence, par contre ça peut le devenir, si les flics viennent leur taper sur la gueule. Mais à la base c’est dire que l’on est pas d’accord avec la décision et que l’on ne va pas le faire. Et on verra qui engendre la violence. C’est pourquoi, répondre à la violence par la violence, je peux le comprendre.. Mais qui lance les hostilités en premier? Je ne veux pas dire que c’est tout le temps la police. C’est faux.

Si je prends les attentats de Charlie Hebdo, on est très content de les trouver. Là, je ne dis pas du tout le contraire. Mais, par exemple si les restaurateurs restent ouverts à Marseille, ou Nice.. que va-t-il se passer?. Est ce que le gouvernement va employer la violence pour les forcer à fermer? C’est ça la question.

Je pense que là, on est pas très loin de la cocotte minute. Les gens en ont super marre. Moi, les 3/4 du temps le masque je ne le mets pas. Si je ne croise personne et si j’estime que je ne mets personne en danger, je suis assez grand et j’ai ma conscience pour savoir que je peux le faire. Il y a plein d’endroits où je me ballade et où je ne croise personne. Donc pourquoi je vais mettre un masque tout seul comme un con, à respirer mon propre CO2.

A un moment donné il va falloir de la désobéissance civile. On prône un peu ça, c’est vrai et je ne m’en cache pas. Il ne faut pas obéir tout le temps comme des moutons. Sinon, on aurait jamais fait de révolution. On n’est pas obligé de TOUT accepter.

Rock Metal Mag : Je pense qu’il y a une espèce de parano qui s’installe chez beaucoup de personnes .

Niko : C’était vrai au mois de mars. Par exemple, Rennes est en zone rouge alors qu’il n’ y a que trois personnes hospitalisées en réanimation pour cause de Covid. Je connais quelqu’un qui bosse au CHU, donc je ne l’invente pas. Alors ça veut dire quoi? Il faudrait que les gens soient un petit peu plus soudés. Moi, j’y croyais un peu aux restaurateurs marseillais, parce qu’ils ont quand même une grande gueule. Mais, en étant tous ensembles, parce que c’est tout le monde ou personne.

Si je prends l’exemple des Free Party, les flics n’interviennent pas. Les gens y vont sans hésiter et ils sont tout de suite 500 ou mille, donc voilà c’est trop tard pour intervenir. L’union fait la force. Par contre tout seul on est pas fort.

Rock Metal Mag : C’est sur qu’avec beaucoup plus de solidarité on arriverait à plus de choses et on trouverait surement plus de solutions.

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Rock Metal Mag : Fin juillet est sorti le clip « De rires et de Larmes » . C’est une chanson plus généraliste sur les aléas de l’existence, ses peines et ses joies? Ce fauteuil vide face à toi évoque l’absence d’une personne en particulier ?

Niko : Alors ce morceau là, je l’ai écrit suite au décès de notre sonorisateur. Il était le plus jeune de l’équipe et il est mort du cancer à 33 ans. Donc on a tous ressenti une injustice ultime. Pourquoi lui, surtout que quelques mois avant son décès, il était avec nous en tournée au Japon. Il avait retrouvé le sourire et on avait tous des étoiles plein les yeux car on avait tous l’impression qu’il allait s’en sortir. Mais la maladie l’a rattrapé et on a tous encaissé le coup.

Ensuite, on se disait tous que, de toutes les façons, la vie va repartir. C’est comme ça et même lui nous l’a dit. Comme souvent dans ces moments là, beaucoup de personnes te disent que la vie va continuer et qu’il va falloir y aller.

Donc c’est vraiment le sens premier du morceau, « De Rires et de Larmes », avec une personne qui a disparu. D’où le fauteuil vide car il n’est plus là pour discuter, ou t’entendre, mais toi, tu dois continuer à aller de l’avant. Il faut rebondir et repartir car la vie est faite de rires et de larmes.

Il y a des moments difficiles et même si on ne chantait pas beaucoup ça, car ce n’est pas dans l’esthétique de Tagada, il était hors de question de ne pas faire une chanson sur la perte de cette personne qui nous était hyper chère. Et je sais très bien que cela touche plein de gens.

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Rock Metal Mag : Fin août vous avez finalement intitulé l’album « À feu et à sang  » alors qu’au début on parlait de « Hors Normes » .

Niko : Un lion en cage n’y est pas pour rien. On a changé de titre post-confinement parce que l’on a tous eu ce coté bouillonnant. Le fait de rester sur place a fait que l’on a eu envie d’un titre un petit peu plus dur. Et puis il y a eu l’état d’esprit général avec le Covid sur toute la planète, qui est un peu à feu et à sang. C’est la période  où il y a eu tous les gros incendies, qui existent encore d’ailleurs, en Californie et au Brésil. Donc ils ne sont pas non plus étrangers au choix de ce titre là.

Finalement on s’est dit que ça collait mieux à l’album et à son contenu et aussi à la conjoncture actuelle.

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Rock Metal Mag : La pochette a été dévoilée récemment, qui en est l’auteur? C’est une image très forte cette gamine qui porte la mort dans ses bras.

Niko : Oui c’est ça. C’est ce que l’on a voulu représenter. A la base cette gamine c’est Bansky qui l’a fait et on s’en est inspiré. En fait c’est moi et Jean le boulanger qui avons réalisé cette pochette.

On avait eu un délire un peu Street Arts sur l’album précédent mais on n’avait pas été convaincu par le résultat. On a réitéré et là, le choix du titre nous a vachement aidé car il était plus facile à illustrer. La gamine porte un jerricane avec la flamme et la tête de mort, parce que, A Feu et A Sang.

Rock Metal Mag : Cela fait aussi penser au futur des générations actuelles avec un avenir plus compliqué

Niko : Oui et c’est vrai que l’on avait envie de tout représenter, comme la jeunesse qui va prendre le relais, le flambeau. Ou le problème du pétrole qui va bientôt disparaître, comme avec le morceau qui s’appelle le dernier Baril . Cela représente aussi les grandes et richissimes familles d’Arabie Saoudite et des émirats arabes.

Tous ces gens qui gagnent énormément d’argent avec le pétrole commencent à créer des fonds d’investissements qui sont aujourd’hui les plus importants au monde. Et ils commencent à tout racheter car ils se rendent compte que le pétrole va disparaître.

Il y a aussi un coté où l’écologie est aussi représentée là-dedans. La petite fille avec son bidon, qu’est ce qu’elle va faire? Elle va tout cramer? On se demande ce qu’il va se passer pour la Planète. Donc, voilà, on trouvait que c’était assez bien ciblé en fait.

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Rock Metal Mag : Vous venez de tourner  une nouvelle vidéo sur le titre « Le dernier Baril » avec Les Bidons de l’An Fer.  Comment est née cette collaboration ?

Niko : La vie est faite de rencontres et les rencontres font la vie. Ce sont des gens que l’on a rencontré sur un festival en Vendée où on fait notre festival anniversaire. Il s’est avéré que l’on a super sympathisé avec l’un d’eux. On a trouvé que ce qu’ils faisaient était génial. On les a d’abord invité à notre festival qui n’a pas eu lieu, puisque l’édition est reportée en avril 2021.

Donc, on a décidé de bosser 2 ou 3 titres et forcément il fallait que l’on fasse quelque chose sur Le Dernier Baril qui était déjà en chantier. C’est vrai que là, ça s’y prête vraiment bien. Donc, lorsque l’on a eu l’idée de faire le clip on a tout de suite pensé à eux pour qu’ils viennent nous épauler à l’image.

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Rock Metal Mag : Par rapport à La Peste et le Choléra,  même si vous restez dans le sillon Tagada Jones on peut dire que A Feu et A Sang est encore plus poussé et plus abouti ?

Niko : Oui il est plus poussé et plus varié, car on a voulu aller plus loin. Souvent je suis très déçu par les albums de groupes qui existent depuis très longtemps parce que c’est la copie d’un autre album. Donc, on ne voulait surtout pas ça et on a essayé plein de pistes de travail différentes, avec des exercices de style, pour aller encore un peu plus loin.

Je prends par exemple « Nous avons la Rage ».  Je me suis mis une Beat Box un peu Hip Hop et j’ai fait tous mes textes dessus. Donc, à la base, le morceau est très phrasé Hip Hop. Après on l’a « Rockisé ». Mais, comme tout le monde a trouvé ça bien, on a conservé une partie un peu « Hip Hop » dans le titre. Je voulais un placement de voix totalement différent.

On  voulait faire aussi d’autres morceaux avec La Phaze que l’on a pas pu faire. Et je leur ai toujours dit que l’on devrait faire un morceau ensemble façon « Transplant » et moi je chanterais sur La Phaze. Et comme on ne l’a pas fait je leur ai demandé de me faire les instrus.  En fait, c’est surtout une question de temps et finalement le Covid nous a permis de peaufiner tout ce que l’on n’aurait pas eu le temps de faire sans le confinement. Donc le temps dans la composition ne peut être que bénéfique pour nous. Du coup, on a fait ce titre là qui est plus Transplant et qui est différent de ce que fait Tagada habituellement.

Mais voilà on ne voulait surtout pas que les morceaux se ressemblent ou soient une copie de La Peste et Le Choléra. Donc dans les clips, étant donné que l’on a la chance de pouvoir en faire plein maintenant vu que c’est beaucoup plus facile qu’il y a 15 ou 20 ans, on a voulu représenter cette diversité de l’album.

C’est pour ça que l’on a choisi de Rires et de Larmes qui est l’un des morceaux le plus soft et un des seuls titres sans engagement. Ensuite, Le Dernier Baril qui sort le 16, est beaucoup plus indus et avec une imagerie totalement différente. En plus, nous, on prône la diversité parce que l’on aime ça. C’est aussi pour ça que l’on sort des clips très différents sur des morceaux très diversifiés.

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Rock Metal Mag : Le titre du morceau La Biche et Le Charognard me fait penser à une fable de la Fontaine et la chanson traite du problème des agressions des femmes au quotidien?

Niko : Alors ce titre là était écrit avant le confinement.  Et pendant ce confinement on a tous vu l’augmentation des violences conjugales. Donc je dirais que c’est une satyre de deux choses. Le première, c’est le coté bestial de certains hommes qui ressemblent plus à des animaux qu’autre chose. Et d’un autre coté c’est l’attentisme de certaines personnes. On a tous vu des gestes déplacés mais on est resté sans rien faire. Et lorsque tu regardes bien l’écriture du morceau c’est aussi ça. On regarde mais cela se passe quand même et on fait comme si on ne voyait rien.

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Rock Metal Mag : Il y a aussi un titre que j’aime beaucoup « La nouvelle Génération ».  Est ce que vous allez  sortir un clip sur cette chanson ?

Niko : Peut être plus tard, on ne sait pas encore.  D’ailleurs il y a pas mal de personnes qui aiment bien ce titre. Il s’adresse à la jeunesse. Aujourd’hui il faut que les choses changent car depuis le temps que l’on dit que la planète ne va pas bien, rien a bougé. Donc cette nouvelle génération, c’est la relève qui va peut être faire enfin bouger les choses.

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Rock Metal Mag : Les paroles de tes chansons très percutantes ciblent avec beaucoup de justesse les situations , les évènements et les aberrations de notre monde au quotidien. Tu jongles toujours aussi facilement avec les mots?

Niko : Alors je m’applique des petits exercices de style qui font que dans le découpage syllabique il y a des petits jeux de placements. Mais du coup pendant que j’écris je réfléchis à deux choses . Au sens du texte, bien évidemment, mais aussi à la résonnance musicale des syllabes. Et puis il y a un certain détachement qui ne me fait pas stresser du tout. Et puis au bout d’un certain temps, j’ai aussi trouvé mon style d’écriture. Il est à la fois simple, direct et tourné à ma sauce. Et ça parle aux gens.

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Rock Metal Mag : Est ce que tu as un morceau qui te parle plus qu’un autre sur « A Feu et A Sang »

Niko : C’est difficile à dire. Par exemple, lorsque tu écoutes les nouveaux albums de tes groupes préférés, tu as un ou deux morceaux qui te plaisent et d’autres que tu vas moins aimer . Et puis un an après ça va être l’inverse. Les morceaux que de prime abord tu aimais moins vont devenir tes tires préférés. Pour moi, cela a souvent été le cas.

Donc en ce qui concerne Tagada c’est pareil. Lorsque l’on compose des morceaux, il y en a qui nous séduisent tout de suite. Donc on les joue et on les rejoue puis on les enregistre, on les réenregistre, on les clippe… Mais il y a des titres qui sont moins instantanés et qui, avec du recul, te plaisent un peu plus. C’est assez rigolo.

Moi, j’avais tout de suite aimé « Le Dernier Baril ». C’est marrant parce que j’ai fait une interview pour un magazine très Metal et qui trouvait un coté Rammstein, très martial à ce morceau . Donc, quand ils vont voir la vidéo ça va être encore pire. Et j’ai trouvé rigolo qu’ils me disent ça parce que c’est moi qui ai fait tout le plan et monté tout le titre. Donc, je savais que j’allais l’amener du coté Indus. Par contre le Riff est Stoner Power Rock et pas du tout « Rammestanien ». Alors je les ai invité à réécouter le morceau en leur disant de faire gaffe au Riff de gratte.

En fait pour dire que lorsque j’ai sorti ce titre et que je l’ai fait écouter aux gars sans avoir chanté dessus, ils ne voyaient pas du tout où je voulais l’amener. Donc en discutant avec eux, j’ai pu leur expliquer la direction musicale que je souhaitais lui donner. Il y avait un coté moins évident au départ et après coup, ce morceau se retrouve être notre favoris.

Quand on fait de la musique, on a une idée en tête, mais on est pas forcément convaincu du résultat. Il y a aussi  « Les 4 éléments » que je considère comme un morceau très rock. Je l’ai tout de suite beaucoup aimé.

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Rock Metal Mag : Toi et les gars du groupe vous êtes toujours aussi soudés au bout de 8 ans, c’est un beau parcours.

Niko : Oui ça se passe très bien. C’est comme les couples. Il y a des gens qui ont du mal à se trouver et puis ils se séparent. Mais à un moment donné, ils trouvent la bonne personne et ça continue jusqu’au bout. C’est sur qu’ à 4 c’est plus compliqué qu’à deux, mais on est vraiment une bonne équipe. Il y a une bonne osmose, on s’entend bien et on se complète bien. On est soudé et on a trouvé une façon de composer qui laisse de la place à chacun.

Moi, j’amène les squelettes mais je n’amène plus de rythmes. Je vais, en exagérant un peu, enregistrer sur un click , ce qui laisse toute liberté au batteur de mettre les plans qu’il veut quand il veut. C’est pareil pour la basse et tout le monde y trouve son compte et c’est beaucoup mieux que ce que l’on faisait avant.

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Rock Metal Mag : L’album se termine sur un long déchirement avec Magnitude 13 . Est ce que tu peux expliquer cette chanson ?

Niko : En fait c’est une chose à laquelle on est tous confronté, une voire plusieurs fois dans notre vie. Directement ou indirectement car tous les jours on a des amis qui se séparent. Et c’est un sujet que je n’avais jamais abordé parce que coté rocker on ne parle pas trop de ça. Et puis on ne fait pas des chansons d’amour, ce n’est pas le thème de Tagada.

Mais, en même temps j’ai quand même eu envie d’en parler car cela nous touche dans la vie de tous les jours. Et puis il faut aussi parfois prendre un peu des risques comme avec ce genre de sujet. Au final il y a plein de gens qui aiment bien ce moreau là. C’est le dernier morceau car il était difficile de lui trouver une place dans la setlist et il a fini là.

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Rock Metal Mag : Et en tant que bookeur avec Rage Tour est ce que tu restes positif malgré tout pour la suite avec la situation actuelle ?

Niko : Le plus dur ce n’est pas pour les groupes car on arrivera toujours à jouer. Le plus difficile c’est pour les petites structures indépendantes. Donc cela pose un gros problèmes pour tous ceux qui vont rester sur le carreau. Avec Tagada on ira , quand on pourra, soutenir les concerts de ceux avec qui on a partagé une tranche de vie, mais qui ont du mal car les temps sont durs. Malheureusement, j’ai peur que le temps que l’on puisse reprendre la route il y ait des structures qui auront mis la clé sous la porte.

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Rock Metal Mag : Vous avez 2 dates parisiennes au Trianon les 27 et 28 novembre 2020, elles seront maintenues? 

Niko : Elles sont bien maintenues. On les fait, car je discute beaucoup sur les réseaux et les gens préfèrent venir même si c’est en assis et masqué plutôt qu’il n’y ait pas de concerts du tout. Les gens en ont marre de ne plus voir de concerts.

Rock Metal Mag : C’est sur qu’il y a un gros manque. La culture est mise aux oubliettes.

Niko : En berne ! En même temps si on va loin, c’est ce que Hitler faisait et ce que font tous les dictateurs. C’est le premier truc qu’ils font: écraser la culture.

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Rock Metal Mag  remercie Niko et Him Media et la station de radio Rstlss