Entretien avec le fondateur de Porn

Entretien avec le fondateur de Porn

Entretien avec Philippe Deschemin du groupe Porn, au Dr Feelgood les Halles à Paris

Entretien avec Philippe Deschemin fondateur du groupe Porn

En octobre 2017, PORN publiait son troisième album The Ogre inside- Act I, premier volet d’une trilogie basée sur l’énigmatique personnage Mr Strangler.

Le 22 février 2019, PORN revient avec « The Darkest of Human Desires – Act II », le second volet de cette trilogie et Rock Metal Mag a pu s’entretenir avec Philippe Deschemin au Dr Feelgood les Halles .

Zinzin Stiopa – Mr Strangler – The One – The Priest

Philippe Deschemin : vocals, music, lyrics, production (Mr Strangler)
Stephane ‘ZinZin” Rimasauskas : Guitar (Zinzin Stiopa)
(Didier Quincey : Drums)
Erwan Frugier : Guitar (The One)
Hervé Guillemard : Bass (The Priest)

PORN – The Darkest of human desires – Act II
10 – Choose you last words
11 – Evil six Evil
12 – Here for love
13 – Tonight forever bound
14 – Remorse for what ?
15 – My rotten realm
16 – Eternally in me
17 – The radiance of all that shines
18 – Abstinent killer
19 – The last of a million

Rock Metal Mag : Tu es journaliste, écrivain, philosophe et musicien, est ce que la passion de la musique et du chant est née en même temps que la passion de l’écriture ?

Philippe : Non je pense qu’elle est arrivée après . J’ai d’abord eu une passion pur la lecture. Pour tout dire lorsque j’étais très jeune et que j’ai commencé à lire à l’age de 6 ans j’ai eu très rapidement des facilités. J’étais donc le meilleur liseur de ma classe par contre j’étais nul en écriture. J’écrivais vraiment très mal et je me souviens qu’à la maternelle lorsque l’on écrivait bien on avait droit au stylo à bille et dans le cas contraire c’était le crayon à papier . Et moi je suis resté très longtemps avec le crayon. Et du coup, je me suis plongé dans la lecture et j’ai lu énormément lorsque j’étais au collège. A tel point que la documentaliste pensais que je ne lisais pas les livres. Donc, comme je lui racontais les bouquins elle était assez étonnée et bien obligée de me croire.

Dès mon plus jeune age, je me suis toujours imaginé comme un écrivain. Et je n’ai jamais su pourquoi mais j’étais un grand fan de Tintin et je m’imaginais en grand reporter . J’avais une fascination pour les écrivains et leur vie. J’aimais beaucoup la musique aussi et j’en écoutais souvent. Mais je viens d’une famille très modeste et du coup la musique n’était pas présente . Et pour pouvoir faire de la musique il faut avoir un instrument, mais ça coûtait cher. A part la flûte apprise à l’école je n’avais rien de tout ça. Mais cela ne me parlait pas plus que ça. Il arrive que des gens se trouve une passion pendant des cours de musique, mais pas moi. Par contre, même si cela était amusant de chanter faux pour se faire remarquer ou pour faire le mariole, j’avais quand même constaté que j’avais des facilités pour le chant. J’entendais bien et donc je pouvais reproduire vocalement ce que j’entendais. Lorsque l’on avait des cours de chant je trouvais que je n’étais pas mauvais.

Et il a fallu attendre un peu après mes 18 ans pour que je puisse gagner mes premiers sous. De là, je me suis achetée une guitare, à très bas prix et j’ai demandé à un pote de me montrer quelques accords. Et voilà j’ai commencé comme ça. Donc, vu le parcours c’est plutôt le texte en premier qui m’a interpellé. Mais j’écoutais beaucoup de musique en même temps.

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Rock Metal Mag : L’idée de faire cette trilogie basée sur le personnage Mr Strangler est liée à ton roman Contoyen paru en 2014 et à l’histoire de Dimitri?

Philippe : En fait la genèse de l’histoire, c’est que lorsque j’étais en train d’écrire le deuxième volume de Porn «  From The Void To The Infinite » (ndlr: 2011) j’étais très influencé par le poème « The Hollow Men »
« Les Hommes Creux » de T.S. Eliot , qui est un poète anglais. Le thème de ce poème est l’insensibilité et du coup «  From The Void To The Infinite » est beaucoup centré la dessus.

Et j’ai donc commencé à élaborer ce concept d’un ogre intérieur qui te mange et tu finis creux. Du coup je me suis trouvé un peu bloqué par le carcan album pour From The void. Donc je me suis dit qu’il fallait que je démarre un bouquin, et donc le personnage principal Dimitri parle beaucoup de cet ogre intérieur qui le ronge. Et c’est ce qui a donné le point de départ de la trilogie que je suis en train d’écrire musicalement et qui démarre par « The Ogre In Side ».

Mais en fait tout est lié. A chaque fois que je bosse sur un truc, cela m’ouvre une nouvelle idée qu je vais développer. Donc la genèse est vraiment au deuxième album de Porn . Et c’est là en fait que l’idée démarre et qui se traduit par le roman Contoyen, qui fait partie d’une trilogie puisque j’ai commencé à bosser sur le deuxième volet, mais avec des concepts un peu différents et finalement sur Mr Strangler et cette trilogie musicale.

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Rock Metal Mag : Le premier chapitre « The Ogre inside » parlait de nos pulsions internes et de nos désirs les plus sombres, du combat contre cette force intérieure, cet Ogre qui nous dévore de l’intérieur et qui nous pousse à transgresser les interdits et ce second chapitre « The Darkest Of Human Desires – Act II » évoque donc le passage aux actes ,
puisque l’Ogre a gagné le combat. Est ce que tu peux m’expliquer le cheminement de l’album vers ce que sera le troisième volet?

Philippe : En fait je suis parti d’un truc simple que tous les philosophes et psychiatres essaient de comprendre et qui est la maladie mentale. Grosso modo tout ce qui est considéré comme maladie mentale puisque en fonction des époques et de l’endroit où on se situe sur le continent les choses sont interprétées différemment, avec une vision différente de cette maladie. Souvent elle naît d’une interaction conflictuelle entre ce que l’on veut et ce que l’on peut. Nos pulsions et l’acceptation sociale de ces pulsions là.

Un exemple très simple et qui est d’actualité, est celui d’un jeune garçon qui a des pulsions homosexuelles. On comprend de suite que ce n’est pas trop accepté par la société, en France peut être un peu plus mais pas entièrement. De là donc , va naître de la frustration sur le besoin d’assouvir ces pulsions sexuelles. Tout être humain a besoin de le faire, mais cela va être plus compliqué. Donc il va falloir freiner ces pulsions et ça peut finir dans la démence, dans la dépression ou autre chose. Ou alors aussi je peux accepter d’être moi-même et dans ce cas les choses peuvent se passer un peu mieux, si j’ai la possibilité de partir dans une grande ville et de quitter mon petit village où ce sera mal vécu. Donc, en fait « The Ogre Inside » est un peu la personnification de cette pulsion intérieure, qui te ronge et qui te ronge …

Dans d’autres circonstance on peut citer par exemple les personnes qui vont à leur boulot chaque matin alors qu ‘elles le détestent . Elles se lèvent avec la rage au ventre. Et il y a plusieurs formes de personnification de cet ogre et là en l’occurrence, Mr Strangler comprend qu’il est un tueur. Donc lui ses pulsions, elles sont de l’ordre du meurtre, de l’homicide, ce qui n’est pas acceptable socialement, sauf si il s’était dit « tiens je vais rentrer dans l’armée et devenir tireur d’élite, pour assouvir mon besoin ». Tout au long de « The Ogre Inside » c’est sa manière à lui, de vivre la contradiction entre ce qu’il est et ce que la société attend qu’il soit . C’est à dire quelqu’un d’à peu près normal alors que lui se nourrit de pulsions meurtrières.

Moi je l’ai pris dans ce sens là, mais tout un chacun peut comprendre cela car on est tous soumis à des pulsions. Freud bossait la-dessus dans « malaise dans la civilisation » en essayant de comprendre pourquoi il y a cette névrose consubstantielle à la société . Et dans « The Darkness Into Desire » Mr Strangler a accepté la chose. C’est à dire qu’il a accepté ce qu’il est. Il s’est formé une petite bande et il fait ce qu’il aime, c’est à dire, tuer des gens.

Mais dans l’album il y a quand même des petits passages de mélancolie car il est quand même touché par une partie de la mort qu’il voit et dont il est l’auteur . Dans la partie trois qui est en cours d’écriture et bientôt en cours de composition je vais aborder d’autres thématiques de l’ordre de l’enfermement et de la psychiatrie, puisque finalement il va se faire attraper .

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Rock Metal Mag : Justement pour le troisième chapitre je voulais savoir si le thème serait basé sur les conséquences de nos actes ou alors sur la réhabilitation par la force du personnage central?

Philippe : Alors il y a un peu de ça justement parce que là du coup il va se retrouver en prison et en psychiatrie et cela va permettre d’aborder les thématiques sur : qu’est ce que la maladie mentale ? Est ce que la prison sert à quelque chose ? Mais le thème principal est l’enfermement.

Je me suis beaucoup inspiré des travaux de Michel Foucault « Surveiller et punir » et de BURGESS avec son livre l’Orange Mécanique car tout son bouquin est basé la-dessus.

D’ailleurs à quoi sert la prison ? J’ai pu passer quelque temps en cellule et c’est très particulier. L’enfermement est vraiment une chose très étrange. Je me suis retrouvé en cellule pour des broutilles ou des histoires de garde à vue mais rien de bien grave. Et cela arrive souvent ne serait ce qu ‘en ce moment avec ce qui se passe avec les manifestations des gilets jaunes, tu as vite fait de te retrouver en garde à vue. Et donc la privation de liberté est une situation très étrange et cela peut être très traumatisant. On t’ enlève toute forme d’humanité puisque tu n’as plus de libre arbitre, de liberté d’aller et venir et tout ce qui est dans les bases de l’état de droit français. Quand on te prive de la liberté d’aller et venir tu deviens un sous humain. Donc la prison c’est vraiment très particulier et c’est il est question de son acceptation ou non d’ailleurs et il faut savoir être ultra zen. Tu comptes les jours et tu laisses passer. C’est un sujet qui m’intéresse beaucoup et donc cette troisième partie parlera de ça.

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Rock Metal Mag : Tu t’inspires de l’état de la société actuelle et du comportement des hommes et ta « fiction » est en fait une réalité ?

Philippe : Oui totalement et tout est toujours lié à ça. Pour moi la base même de toute forme de pensée c’est essayer de comprendre ce qu’est l’homme, mais personne n’y est jamais arrivé ou bien on a trouvé des réponses parcellaires ou fausses .

Cette première phase de création de la personnalité, elle répond à cette question là. C’est à dire que l’on sent ce que l’on est au fond de soi et cela rentre en interaction avec ce que l’on est censé être.

Et du coup les débats sur le mariage pour tous, sur tout ce qui est sexualité, nous prouve que ces questions sont toujours d’actualité. Qu’est ce qu’une femme ou qu’est ce qu’un homme ? On se pose la question du féminisme, est ce qu’on devient une femme ou bien est ce qu’on l’est ?

Les sociétés deviennent normatives et créent leurs propres normes et il faut s’y intégrer. Donc il y a des personnes qui s’y intègrent parfaitement car de nature très docile depuis le plus jeune age. Ils sont programmés anthropologiquement et ils suivent la normalité. Mais il y a d’autres individus qui sont beaucoup moins dociles de prime abord sans même sans rendre compte. Du coup de façon incompréhensible ces personnes ne rentrent pas dans le moule et elles sont en marge de la société.

Mais on fait des réhabilitations et beaucoup de gens pensent que l’homme est éternel et ancré dans le temps. Mais l’homme n’a pas toujours été homme, cela dépend de la société . Et d’une société à une autre, l’homme ou la femme sont différents ce qui fait qu’il n’y a pas d’homme au sens non sexué mais il y a des hommes dans le temps. Et dans les époques les choses changent. Je pense que si l’on avait plus souvent cela à l’esprit, on serait beaucoup plus tolérant et on comprendrait mieux les évolutions des sociétés.

A l’époque du mariage pour tous, cela a déclenché beaucoup de questions au sujet de ce qu’est l’homme ou la femme. Et puis c’est lié aussi au discours que sur la France éternelle. Mais, si on se tourne vers le passé, la France n’existait pas . Elle est arrivée très tard dans l’histoire de l’humanité. Et donc ceux qui pensent que la France est éternelle ne savent même pas quand elle a démarré.

Certains pensent que c’est Clovis, d’autres que c’est François 1er, d’autres encore que c’était avant. (rires) Et on se rend compte qu’il n’y a pas de réalité immuable dans l’ordre des choses et que ces choses sont perpétuellement en mouvement et qu’elles évoluent. Chercher à les ancrer c’est ne pas vouloir comprendre le temps. Et soi même on évolue avec le temps, donc si nous même nous évoluons il est difficile d’imaginer l’histoire de l’humanité.

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Rock Metal Mag : Tu penses qu’en chacun de nous se cache un potentiel serial Killer ?

Philippe : Je pense que oui et justement il y a un morceau qui parle de ça et qui est « Abstinent Killer ». Dans cette chanson je suis parti d’un certain postulat, que l’on trouve en psychiatrie et chez certains Profiler qui considèrent que l’acte homicide chez les tueurs en série, répond à une pulsion sexuelle.

Alors à partir du fait que l’on considère que cela vient de pulsions sexuelles cela est lié à une forme de sexualité mais divergente. Donc les tueurs en série auraient une sexualité de l’ordre du passage à l’acte homicide. Et je me suis dit que dans ce cas là, au même titre qu’il y a des pédophiles qui sont abstinents, et je pense qu’il y en a beaucoup, il y a des hétéros qui sont abstinents, tout comme des homosexuels et donc peut être qu’il y a des tueurs abstinents.

Et certains passent à l’acte et d’autres pas. Alors ce qui nous détermine ce n’est pas forcément nos actes, mais ce que nous sommes en essence, même si je considère qu’il n’y a pas vraiment d’essence humaine. Mais on pourrait se dire que parmi nous il y a des tueurs qui ne passent jamais à l’acte. Tout comme il y a des homosexuels qui ne sont jamais passés à l’acte pour des raisons sociales. Et il y a aussi de nombreux pédophiles qui ne sont jamais passés à l’acte mais qui ont ces pulsions en eux et c »est pour cela qu’il y a une certaine forme de pornographie qui joue beaucoup avec ça et qui leur évite de passer à l’acte. Donc oui je pense que beaucoup de personnes sont de potentiel tueurs mais ils ne passent pas à l’acte. Et ils le sont sans haine mais par pulsion.

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L’Orange mécanique » d’Anthony Burgess

Rock Metal Mag : Tu me disais tout à l’heure que tu t’étais inspiré du livre « L’Orange Mécanique » mais est ce que tu t’es inspiré également du film de Stanley Kubrick « Orange mécanique » ?

Philippe : Un peu. Mais surtout du roman. J’aime beaucoup le film de Kubrick mais il n’aborde qu’une certaine partie du bouquin et il fait d’Alex un personnage très rigolo. Il est rigolo avec ses petites chansonnettes et à la fin du film il repasse à l’acte. Alors que dans le livre il se repent et se range. Dans le livre il est beaucoup plus jeune, il n’a que 14 ans et il est beaucoup plus terrifiant et il ne répond à aucune règle, aucune loi. Et rien que son nom a parfaitement été choisi par Burgess puisque Lex c’est la loi et A c’est sans loi. C’est un personnage en dehors de toute morale et qui fait ce qu’il veut.

Et alors que cela n’apparaît pas dans le film, dans le roman, la personne qu’il attaque et qui finit en chaise roulante, c’est cette même personne qui est en train d’écrire un bouquin dont le titre est l’Orange mécanique .C’est une militante anti-prison qui s’insurge contre le procédé de réhabilitation qui consiste à transformer les gens en légumes et comme une orange qui est un fruit mais mécanique.

Ce qui est important pour ne pas faire de mal est de prendre conscience de ce qu’est le mal et de ne pas le faire. Tandis que là ils sont juste empêchés de le faire par la méthode Ludovico. Lorsqu’il a envie d’être violent, il est pris de malaise et il est dans l’incapacité de l’être mais il a toujours cette envie là. Donc, dans son livre Burgess explique que la prison doit servir à te changer et pas à t ’empêcher. Parce que sinon, quand tu vas ressortir tu vas recommencer. Il pose la question de la récidive. La prison doit te faire prendre conscience que ton acte était mauvais. Mais tout ça on ne le voit pas dans le film. Alors l’inspiration vient plus du livre qui est un excellent roman qui parle de la délinquance juvénile, de la prison etc… Il y a presque tout dans ce roman.

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Rock Metal Mag : La pochette de l’album est très représentative du personnage d’Alex dans le film . Qui est l’auteur de la pochette ?

Philippe : Oui, il y a de ça. Dans la pochette de « The Ogre Inside » je voulais vraiment personnifier la chose et on voit la personne qui tient un masque qui pourrait être la façade sociale et à l’intérieur ce monstre qui le ronge. Et dans « The Darkest of Human Desires » , pour mettre en évidence le passage à l’acte, on voit Mr Strangler avec ses personnages autour et sa machette encore ensanglantée à cause de l’acte qu’il vient de commettre . Cette pochette a été réalisée par David, et il bosse avec nous depuis « The Ogre In Side » et il est l’auteur de toutes nos pochettes, dont la dernière pour le single « Here for Love »

David fait bien sur des pochettes pour d’autres groupes. Et donc avec lui cela se passe super bien.

https://www.facebook.com/davidscblackink

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Rock Metal Mag : Pourquoi cette idée d’ incorporer des paroles de Serial Killer dans tes chansons ? (Richard Ramirez , Ed Kemper, Charles Manson, Gerard Schaefer, Jeffrey Dahmer.)

Philippe : C’était pour donner un coté documentaire. Par exemple si tu fais un reportage sur les effets du nucléaire tu vas interviewer des spécialistes du nucléaire.
Donc l’idée était d’avoir de vrais tueurs qui s’expriment. J’ai pris des passages pour illustrer certains de leurs aspects. C’était surtout pour donner un coté plus réaliste.

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Pix by Manuel Salazar  : Philippe Deschemin et Erwan Trugger

Rock Metal Mag : Le processus de composition est resté le même que pour les albums précédents?

Philippe : Avec le guitariste, Erwan, on avait bossé avec Porn sur le premier EP « Call Me Superfurry « de 2005. Ensuite le groupe s’est mis en Stand By et Erwan est parti de son coté. Et en fait, en 2015, il a fait des remix pour Porn qui étaient nickel. Et au détour d’une conversation, on s’est demandé pourquoi on ne ferait pas un nouvel album ensemble.

Donc on a commencé à bosser sur un projet parallèle qui s’appelle « An Erotic End Of Times« . Et cela a super bien fonctionné par rapport à notre manière de bosser ensemble. Erwan a apporté l’essentiel des morceaux de « An Erotic End Of Time » et moi, j’ai fait essentiellement de l’arrangement et du chant.

Du coup, je l’ai mis à contribution dans « The Ogre Inside » afin qu’il travaille sur quelques arrangements, synthés et guitares. Cela s’est bien passé et on a continué pour « The Darkest of Human Desires » . En fait depuis « The Ogre In Side », on ne s’est pas arrêté de composer.

Il y a une continuité dans la composition qui est très importante car elle permet de créer une forme d’homogénéité musicale. Souvent on constate que certains albums sont ratés car il a fallu deux ans pour qu’ils soient enregistrés. Donc, tu perds un peu le fil conducteur et la fibre. Là, comme on ne s’arrête pas , il y a une ambiance qui reste quasi similaire.

J’ai souvent remarqué que dans de nombreux groupes que j’aime beaucoup, lorsque les albums se suivent, se sont les meilleurs car ils gardent une certaine énergie, une forme d’ambiance particulière. C’est pour cette raison que l’on a gardé le même rythme et le même processus.

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Rock Metal Mag : Donc je présume que vous avez déjà composé le 3ème chapitre ?

Philippe : Quasiment. On va démarrer les phases d’enregistrement dans quelques mois pour ce troisième album. Tous les morceaux sont presque finis. Mais on va quand même se donner un peu de temps pour éventuellement en virer un ou deux ou en rajouter un ou deux autres par ci par là. Mais oui, il est quasiment fait

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Rock Metal Mag : Vous avez déjà prévu la date de sortie ?

Philippe : 2020 ! Dans un an donc.

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Rock Metal Mag : Comme pour The Ogre Inside est ce que tu t’es occupé du Mixage sur ce nouvel album ?

Philippe : Oui, comme pour tous les précédents albums, je fais mon mix.

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Rock Metal Mag : Sur « The Ogre inside » tu avais travaillé avec Altho Mastering et pour cet album c’est la première fois que tu travailles avec Tom Baker (Marilyn Manson, Rob Zombie, Nine Inch Nails…) pour le mastering, comment est née cette collaboration?

Philippe : Alors lorsque l’album a été quasiment fini, je me suis dit que j’aimerais bien bosser avec de nouvelles personnes pour le mastering . On a fait tous les albums de Porn avec Altho Mastering et il bosse super bien. En France c’est un de ceux qui bosse le mieux je pense. Comme j’avais envie de changer j’ai regardé un peu d’autres studios. J’avais contacté Fascination Street Studios, en Suède, où beaucoup de grands groupes Metal bossent là-bas et aussi un des plus gros studio de mastering du monde à New york, Master Sound je crois et où Gojira a enregistré son dernier album car il voulait vraiment de la grosse prod.

Et puis j’ai contacté Tom Baker, qui a enregistré les plus grands albums du style comme ceux de, Nine Inch Nails, Ministry, Marylin Manson, Rob Zombie… Et avec lesquels il bosse toujours d’ailleurs. Donc, il avait la possibilité coté Timing de le faire pour Porn, et cela s’est super bien passé. L’album a sonné du premier coup et on lui a juste demandé de faire une ou deux modifs mais pas plus. Il a masterisé mon mix
en peu de temps et il a fait un super taf. Et c’est une super fierté d’avoir bossé avec Tom Baker.

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Rock Metal Mag : Musicalement parlant et par rapport à l’acte 1, je trouve que l’acte 2 est plus mélodique, plus énergique avec un peu plus de touches électro. Tu en penses quoi?

Philippe : Je ne dirais pas qu’il l’est plus mais plutôt que c’est « The Ogre Inside » qui l’est moins. Je voulais que l’acte 1 soit plus lourd, plus sombre et plus introspectif. Il y a quand même des morceaux qui font presque 10 mn comme « Maybee The Last Time » ou « The Ogre Inside ». Je voulais vraiment représenter le personnage très torturé, très angoissé, alors que là, Mr Strangler, accepte ce qu’il est et il est content. Il y a toujours une certaine forme de mélancolie, mais l’album est plus mélodique et plus enjoué, dans une certaine mesure. Donc il y a des morceaux plus rapides, plus frénétiques, comme si il s’agissait d’un personnage de comics un peu fou.

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Rock Metal Mag : Le 8 janvier tu as lancé un défi à tes fans en leur demandant de trouver quel serait le titre du prochain clip, est ce que cela a fonctionné? ( voir: https://rockmetalmag.fr/porn-pack-a-gagner/)

Philippe : Personne n’a trouvé. Ils ont cité plein de morceaux mais en fait ils se sont basés sur le titre en choisissant les morceaux les plus sanglants. Donc, vu que le titre était « Here for Love » alors qu’il s’agissait d’une scène de torture, personne n’a trouvé. Et justement toute la subtilité du personnage est que c’est un tueur mais il fait ça par amour. Donc, dans ce morceau il explique qu’il est là par amour mais que c’est un tueur sans haine. Il dit bien à sa victime qu’il n’y a rien de personnel .

En fait ce que je voulais mettre en avant c’est que souvent lorsque l’on est victime d’une agression, on cherche toujours la raison. Et bien parfois il n’y en a pas. Et ce genre de choses on le voit souvent dans les tribunaux d’assises. Les gens veulent une raison mais souvent le tueur, le violeur ou l’agresseur n’en a pas. Comme il le dit à sa victime, c’était toi mais cela aurait pu être quelqu’un d’autre et tu n’es pas tombé au bon moment.

Mais il faut toujours que l’on cherche des raisons à des situations qui parfois n’en n’ont pas. Comme les victimes d’un attentat qui ont la malchance d’être dans un endroit, au mauvais moment. Certains se victimisent également en pensant que c’est de leur faute, comme les femmes victimes de viol. Donc Strangler s’adresse à sa victime en lui disant que ce n’est pas sa faute et que c’est comme ça. « Demain, ce sera peut être moi, mais cette fois-ci, c’est toi ».

Donc voilà, c’est quelque chose que je voulais aborder brièvement mais qui pourrait faire l’objet d’un bouquin complet par un psychologue. Ce sont de choses vraiment intéressantes. Bien souvent pour faire le deuil d’une situation, les gens veulent une réponse que de nombreuses fois, ils n’ont pas. Et cela crée encore plus d’incompréhension.

C’est comme dans l’amour. Si on prend Montaigne avec la Boétie, on suppose qu’ils étaient amants vu que dans leurs correspondances ils s’aimaient beaucoup. Et à un moment , on pose la question à Montaigne : Pourquoi ? et il répond : Parce que c’était lui, parce que c’était moi. Donc il n’y a pas de raison et pour plein de choses c’est pareil qu’elles soient négatives ou positives.

Darwin qui était croyant, se posait également la question, car lorsque sa fille est morte je crois d’une tuberculose, il a perdu la foi et en regardant le monde il disait : « Tant de beauté pour si peu de choses » et lui, il a passé sa vie à contempler la nature pour en comprendre l’évolution. Mais certaines choses ne s’expliquent pas et dépassent même notre entendement.

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Clip tourné avec Industrialism Films 

Rock Metal Mag : Est ce qu’ un nouveau clip est en prévision et sur quel morceau ?

Philippe : Oui. On a tourné ça il y a peu de temps, aux Etats Unis à Los Angeles et ce sera pour le morceau « The last Of A Million ». Et il devrait sortir fin mars / début Avril. Comme l’album sort le 22 février on va laisser passer un peu de temps avant de sortir le clip. Et on va peut être cliper, mais ce n’est pas sur, « Evil six Evil » , mais plus tard.

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Rock Metal Mag : Un DVD sera au programme ou non?

Philippe : Non, je ne pense pas. Aujourd’hui avec youtube tout est déjà en ligne.

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Rock Metal Mag : Quels sont les groupes qui t’ont le plus inspiré en général?

Philippe : The cure a été une grande influence pour moi, ainsi que David Bowie, Fields of the Nephilim , un des groupe anglais que j’écoute le plus.

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Rock Metal Mag : Est ce que tu as des concerts à annoncer?

Philippe : C’est en cours pour la fin avril avec une date à Paris, Lyon et peut être Toulouse. Ce sera aux alentours du 25 mais ce n’est pas encore confirmé. Cet été nous n’avons pas de dates de festivals, mais je ne pense pas que l’on soit un groupe de festival . Après, vu que nous n’avons pas de tourneur cela est très compliqué. Mais on bosse pas mal avec Base Productions. Mais, on a pas mal de taf et c’est cool que cet été on puisse avoir du temps pour se consacrer au nouvel album.

PORN / The Darkest of human desires – Act II / Nouvel album ! 22 février 2019
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photo Vdpictures – Video & Photo Productions

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Rock Metal Mag remercie Philippe Deschemin du groupe Porn, ainsi que Roger Replica de Replica Promotion et Christophe du Dr Feelgood Les Halles à Paris