Niko Moilanen du groupe finlandais BLIND CHANNEL a répondu à quelques questions au cours de son entretien par Skype avec Gaelle
Blind Channel est un groupe qui rêve en grand ! C’est ainsi qu’il s’offre le privilège de participer en Mai dernier au 65ème concours de l’Eurovision. Il termine à la 6ème place du classement final grâce à leur titre fédérateur « Dark Side ». Plus qu’une simple chanson, les membres de Blind Channel définissent « Dark Side » comme un hymne. C’est une fête dans l’obscurité et un gros doigt d’honneur à la vie en pleine pandémie.
C’est en 2013, dans la petite ville d’Oulu au Nord de la Finlande, que les 6 camarades, Joel Hokka (chant & guitare), Niko Moilanen (chant), Joonas Porko (guitare), Olli Matela (basse), Tommi Lalli (batterie) et Aleksi Kaunisvesi (claviers) forment Blind Channel. Un premier album intitulé « Revolutions » sort 3 ans plus tard, puis, un deuxième effort studio nommé « Blood Brothers » paraît en 2018. Leur dernier opus en date « Violent Pop », sort en mars 2020.
Rock Metal Mag s’est entretenu avec l’un des deux chanteurs, Niko Moilanen, via Skype. L’occasion de revenir sur le concours, sur l’originalité de leur musique et sur le futur du groupe en pleine préparation du successeur de « Violent Pop ».
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Rock Metal Mag: Vous êtes tous très jeunes mais Blind Channel existe depuis 2013. Votre participation et votre classement à l’Eurovision doit être une récompense incroyable. Dirais-tu que c’est votre plus belle réussite à ce jour ?
Niko Moilanen: Oui c’est clairement le plus gros truc qui nous soit arrivé ! Notre carrière a en effet commencé en 2013 et cette aventure qu’est l’Eurovision, ce n’est qu’une étape sur notre chemin. Nous ne sommes pas particulièrement des grands fans de ce concours. La dernière fois que j’ai regardé, cela devait être il y a très longtemps lorsque le groupe finlandais Lordi a remporté le concours.
Je vais t’expliquer comment cela s’est passé. En 2020, tous nos concerts ont évidemment été annulés. Nous ne savions pas quoi faire ! Et surtout, nous ne voulions pas perdre ce que nous avions mis 8 ans à construire. On ne pouvait pas s’arrêter en si bon chemin à cause d’un virus. C’est à ce moment là que notre guitariste a suggéré l’Eurovision. Même si c’est notre plus gros show pour le moment, je pense qu’il y a des choses encore plus grandes qui nous attendent dans le future.
L’Eurovision, comme je l’ai dit, ce n’était qu’une étape. Nous n’avons jamais rêvé d’y participer, ou même de gagner. Notre rêve a toujours été de bâtir une immense carrière musicale. C’est ce que nous nous acharnons à faire depuis 2013 !
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Rock Metal Mag: Je me demandais justement si c’était un choix personnel de participer à ce concours !
Niko Moilanen: C’était bien le cas ! La tournure des événements nous y a un peu poussé. Nous sommes ravis d’y avoir participé. Je pense que cela a permis à plein de gens de nous découvrir, et c’était un peu le but. On constate que nous avons de nouveaux auditeurs tous les jours, et aussi de nouveaux abonnées sur nos réseaux sociaux. C’est vraiment cool ! Des gens nous écoutent dans toute l’Europe et même dans le monde entier parce qu’ils nous ont découvert à ce concours. C’est complétement dingue.
Quoiqu’il en soit, cela n’a pas impacté notre musique à proprement parlé. Quand nous nous sommes lancés dans cette aventure, nous voulions rester 100% nous-mêmes. C’est ce que fait Blind Channel depuis 8 ans. Il n’y a pas de compromis. On fait ce qui nous plaît réellement. Cela s’appelle « Violent Pop » !
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Rock Metal Mag: Une dernière question à propos du concours. Comment vous êtes-vous préparés pour un show d’une telle envergure ? Est-ce vous qui avez choisi les éléments de pyrotechnie par exemple ?
Niko Moilanen: Nous avions une équipe finlandaise composée de professionnels. C’est eux qui nous ont aidé à mettre en place le show, ainsi que nos tenues vestimentaires. Ils étaient tous géniaux ! Bien sûr, nous avions aussi notre mot à dire. On avait beaucoup d’idées, alors on leur en a parlé. Ils les ont ajouté à leurs idées. C’est ainsi que le show est né, petit à petit. C’était vraiment agréable de bosser avec des personnes aussi professionnels.
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Rock Metal Mag: Vous venez de signer avec Century Media Records/Sony Music et vous travaillez actuellement sur un nouvel album. Avez-vous déjà des chansons qui sont prêtes ?
Niko Moilanen: Oui la majeure partie des chansons est terminée. Nous avons toujours plein de morceaux en tête. Et on commence d’ailleurs la prochaine phase demain. On va tous se retrouver afin de choisir les chansons qui formeront le meilleur album possible. Ensuite, nous pourrons passer à la phase de l’enregistrement. On veut faire un super album !
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RMM: Allez-vous garder les mêmes sonorités que sur votre album « Violent Pop » ?
Niko: Tout à fait ! Le titre « Dark Side » est un avant-goût de notre prochain opus, où il figurera. L’album sonnera dans la même veine. Et puis, nous essayons toujours de briser la limite des choses dingues que nous pouvons faire avec la musique de Blind Channel. Cela va vraiment être amusant.
Nous voulons rester nous-même. Il reste beaucoup de travaille à faire, notamment avec notre but de conquérir le monde ! On veut rependre cette Violent Pop.
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RMM: Et donc ce style versatile qui jongle entre le rock, l’électro, le hardcore et même le rap, c’est le résultat de toutes vos influences mélangées ensemble ?
Niko: En quelque sorte. Nous sommes tous de grands fans de Linkin Park, mais nous ne voulons surtout pas devenir une deuxième version de ce groupe. Ce que nous aimons avec Linkin Park, c’est le fait qu’il soit à la base dans un style rock tout en se permettant d’ajouter des éléments plus mainstream. Ce groupe n’a pas peur de regarder ce qu’il se passe dans la musique, avec toutes les nouveautés des autres genres, et de les incorporer dans sa propre musique. C’est ce que nous voulons faire en 2021. Créer de nouvelles choses !
Blind Channel est un groupe de rock, c’est indéniable. Mais nous aimons tous écouter des choses un peu plus mainstream, comme du hip-hop ou de la pop. Il y a plein de trucs cool dans la pop de nos jours. Si on entend un morceau cool à la radio, on veut être capable de faire la même chose, mais à notre sauce évidemment. On ajoute notre touche rock et cela donne la Violent Pop. C’est ce qui fait l’identité de Blind Channel !
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RMM: Oui en fait vous définissez la « Violent Pop » comme votre propre genre musical ?
Niko: Carrément. Je n’ai jamais entendu d’autres groupes de Violent Pop, ou du moins, pas encore ! Plus qu’un genre, je dirais que c’est même devenu notre marque de fabrique. Au début, ce n’était qu’une simple blague…
Il faut revenir en 2013, quand nos premières démos étaient enregistrées. Nous devions les envoyer à des stations de radio. Il fallait les accompagner d’une description de notre musique. A cette époque, le Nu-metal paraissait un peu trop démodé. Cela nous donnait l’impression d’avoir un train de retard, comme si nous avions raté le sifflet de départ. Il y a l’alternative rock, mais c’est la façon la plus ennuyeuse de décrire ce que l’on fait. Ce style ne donne aucune indication sur notre musique, car c’est trop vague. C’est ainsi qu’est venu le terme Violent Pop. J’ai suggéré cette idée aux gars et ils ont adoré. Elle perdure depuis.
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RMM: Et comment partages-tu le chant avec Joel Hokka? Comment décidez-vous qui va chanter quoi ?
Niko: Cela vient assez naturellement. On n’a même pas de système particulier. Une fois que les morceaux sont prêts on se dit juste: « Hey tu devrais chanter cette partie là et moi celle-ci » et ainsi de suite. On procède ainsi depuis longtemps maintenant et on n’y pense pas vraiment.
Quand j’ai commencé à chanter, je n’étais qu’un rappeur ! Au moment d’enregistrer notre premier album, on s’est dit que je pourrais chanter d’une manière plus douce. Je me suis basé sur les vocalistes issus de la pop. Ensuite, on s’est dit que nous pourrions ajouter un peu de screamo, donc j’ai dû apprendre à faire cela. C’est un long chemin, une progression permanente, au fil des années.
Par contre en ce qui concerne les paroles, je dirais que je suis celui qui en écrit le plus. C’est davantage mon rôle. Mais les mecs ont aussi leurs idées. Ils suggèrent un mot, une phrase, ou un thème et de là j’écris des paroles qui collent à ce qu’ils m’ont dit. C’est une méthode qui fonctionne bien.
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RMM: Pourrais-tu envisager de chanter au moins une chanson dans ta langue natale, le finnois ?
Niko: Je ne pense pas que nous ferons cela un jour ! Nous voulons être un groupe international depuis toujours. C’est une tâche difficile si le monde ne peut pas comprendre ce que tu chantes. L’anglais vient naturellement pour nous. Et puis, nous avons grandi en écoutant de la musique avec des paroles en anglais. C’était donc une évidence de poursuivre dans cette voie.
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RMM: Est-ce que Blind Channel est déjà venu jouer en France ? Je ne crois pas avoir vu de date !
Niko: Non ! Nous ne sommes encore jamais venus chez vous ! On est vraiment impatient de pouvoir venir dès qu’on le pourra. Le monde s’offre à nous, alors nous voulons aller dans chaque pays. Cela inclut la France.
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Merci à Niko et à Replica Promotion
[Photo de couverture: Blind Channel by Mona Salminen]