APOCALYPTICA: interview

APOCALYPTICA: interview

APOCALYPTICA est de retour avec un huitième album studio intitulé «Shadowmaker», sorti le 20 avril dernier chez Odyssey music/Caroline. Les finlandais étaient récemment de passage sur Paris afin de promouvoir ce superbe opus et nous avons pu nous entretenir avec Mikko Sirén, le batteur. Rock Metal Mag : Peux tu nous parler du processus de création de « Shadow

APOCALYPTICA est de retour avec un huitième album studio intitulé «Shadowmaker», sorti le 20 avril dernier chez Odyssey music/Caroline. Les finlandais étaient récemment de passage sur Paris afin de promouvoir ce superbe opus et nous avons pu nous entretenir avec Mikko Sirén, le batteur.

Rock Metal Mag : Peux tu nous parler du processus de création de « Shadow Maker » ?

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Mikko : Pour comprendre, il faut remonter loin. Quand nous faisions le dernier album “7th Symphony”, sorti il y a 5 ans (en 2010). Nous avions déjà conscience qu’ensuite on ferait un break car après cet album, nous avons fait une longue tournée internationale.
Donc, nous nous sommes pris 1 an. A ce moment là, nous savions déjà que nous ne pourrions pas laisser libre cours à notre créativité autant que nous le souhaitions. Alors en 2012, nous sommes rentrés de Chine et nous avons décidé de tout faire durant cette année. Nous avons fait une pause de 3 mois avant de commencer réellement un nouveau projet. Mais c’était différent de ce que nous avions fait jusqu’à présent.
Nous avons d’abord sorti un album live (Wagner Reloaded: live in Leipzig, en 2013). Nous étions encore avec un orchestre, sans chanteur et nous n’avions pas la pression d’une maison de disque, qui nous dictait ce que nous devions faire.
Par la suite, on se voyait régulièrement mais sans vraiment savoir ce que l’on désirait. Cependant, nous étions d’accord sur le fait que nous ne voulions pas avoir un programme précis, que ce soit par la maison de disque ou par nous même. Nous souhaitions commencer a composer seulement lorsque nous serions inspirés. Alors on se voyait toutes les semaines, et personne n’était stressé.
Puis nous avons eu le fameux déclic au moment où nous nous y attendions le moins. On pourrait faire plus un chant orchestrale plutôt que de la simple musique instrumentale, un peu comme ce que nous avions fait lors de nos 14 shows avec un orchestre finlandais appelé « Avanti ».
En fait, on avait refait tous nos vieux morceaux d’Apocalyptica mais avec une version différente. Toute notre vie, les gens nous ont demandé de faire des collaborations avec des orchestres, et on pensait  “non c’est ennuyeux”. Mais cette fois, on avait un projet spécifique en tête. Ces musiciens finlandais avaient vraiment une âme de hard rockeurs et ils étaient très inspirants pour nous. Et quand je repense à tout ça, je me dis que c’était vraiment crucial pour la création de « Shadow Maker ».  Nous avons eu une rupture avec notre routine musicale. On a “flirté” avec la musique classique et on s’est senti libéré artistiquement parlant. Alors, tous les quatre, on a commencé a refaire de la musique très rapidement.

[ndlr: Mikko est interrompu par Eicca Toppinen, qui rentre dans la pièce pour lui faire goûter à la petite cuillère de la glace, alors il nous demande si nous aimons la glace (rires)]. Donc bref, on a fait de la musique qui sonnait comme un gros bordel après ce break, car on avait personne pour nous dire ce que nous devions faire, c’était cool, on créait de la musique juste tous les quatre. Mais après on était tous genre “c’est un gros bordel”, même si c’était amusant à faire et que nous le referons peut-être dans le futur. On a repensé à certaines tournées où nos chansons étaient vraiment différentes par rapport aux chanteurs, donc on a commencé à penser “pourquoi n’aurions nous pas juste un seul chanteur ?”, du coup on pourrait créer tout ça avec notre chanteur.

Et là, on a commencé à avoir beaucoup de morceaux avec des chanteurs. On s’est dit “c’est sûrement la bonne chose à faire”. Mais on ne voulait vraiment pas faire un casting, à la American Idol, ça aurait été horrible ! On voulait un chanteur en qui on avait confiance, qu’on connaissait depuis un moment. Donc on avait quelque chose comme 20 enregistrements différents, puis 5 et puis 3. Dans ces 3 là, on voulait que les chanteurs vocalisent sur un titre qu’ils ne connaissaient pas pour qu’ils n’essaient pas de faire une imitation.
On a tous choisi Franky Perez, c’était une évidence. Il avait une force, une intensité, et une agressivité vocale. Il savait comment chanter sur les titres, alors que les autres n’avaient pas cette facilité. On ne connaissait pas du tout le type, on ne savait même pas vraiment comment le contacter. Quand nous avons fait nos premiers concerts ensemble, évidemment rien n’allait comme on le voulait et ça nous faisait rire. On lui disait “tu vas réussir à chanter tes parties ?” et il était genre “ouais ouais”. On avait confiance en ce gars, il a joué avec des musiciens géniaux comme Slash, par exemple. Il collait à notre groupe parfaitement bien. Pourtant il était tellement loin de notre univers. On vient de Finlande, il est a moitié cubain, originaire de Las Vegas.
Mais c’était cool. Enfin bref, nous avons rencontré notre producteur à Nashville et on lui a expliqué qu’on s’était vraiment lancé un challenge, et que, même si on avait déjà fait des trucs avec des grosses guitares et tout, on voulait faire 3 pas en arrière et faire quelque chose de plus intime. Donc on a commencé à enregistrer, avec Nick, le producteur, dans une toute petite pièce. On jouait entre 8 et 10 heures par jour. Nick est un type génial et également une grande source d”inspiration pour nous. De plus, nous étions très excités car nous avions le sentiment d’être un vrai groupe avec Franky Perez, c’était super. Enfin voilà comment nous avons créer « Shadow Maker »!


Rock Metal Mag : As-tu des morceaux favoris dans ce nouvel album ?

Mikko: Je pense que ça change tous les jours. J’ai trop écouté cet album et cela sur tout le processus de réalisation. Sans mentir j’ai du écouter au moins 60 fois chaque titre et c’est vraiment beaucoup. Maintenant si je devais en choisir un ce serait « Riot Lights ». C’est un truc très lourd, comme de la transe, une musique électro. C’était vraiment génial d’enregistrer ce titre. Au tout début je détestais ce morceau, je trouvais ça incroyablement mauvais et jamais je ne voulais jouer ça. Mais j’ai changé d’avis. C’est vraiment un titre très créatif.


RMM : Vous avez collaboré avec beaucoup d’artistes. Est-ce que vous avez envie de continuer et si oui, avec qui ?

Mikko: Après avoir travaillé avec tant d’artistes on ne peut pas continuer dans cette voie là, ça nous donnerait l’impression de tricher. Donc pour l’instant, nous ne voulons plus collaborer avec d’autres artistes.


RMM : Aimeriez-vous, peut-être, travailler avec un artiste venant d’un univers complètement différent ?

De manière générale, je pense que ce serait la chose la plus intéressante à faire. Ça pourrait être bien. Comme de travailler avec un rappeur ou bien, d’anciennes voix tels que George Harrison, Bob Dylan… Ça serait quelque chose de déroutant et sûrement d’enrichissant musicalement parlant mais aussi humainement.

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RMM : Vous avez composé le thème du jeu Angry Birds, comment ça s’est passé ?

Ils voulaient représenter la Finlande, c’est un petit pays donc forcément nous sommes vraiment contents lorsque que quelque chose en sort, comme le hockey sur glace, un jeu vidéo etc. C’est comme une fierté nationale. Mais c’était un peu le bordel, parce que nous avons du enregistrer le morceau entre deux déplacements pour Nashville. On était en Finlande, on a du faire ça en 1 jour. Le lendemain, nous devions prendre l’aéroport pour retourner à Nashville. Mais c’était très marrant à faire. Nous sommes très honorés d’avoir fait ce titre.


RMM: Aimeriez-vous faire ceci pour des films ?

Oh oui bien sur ! Je pense que notre musique est vraiment cinématographique dans plusieurs façons. Il y a une forte connexion. Notre musique a d’ailleurs déjà été utilisée pour des séries, ou encore des ballets. Enfin bon, ce n’est pas très facile à faire car cela prend beaucoup de temps. Mais ce serait vraiment une belle expérience de créer ne serait-ce qu’une chanson pour un film ou pourquoi pas une bande originale, si on a beaucoup de temps !


Vous avez prévu d’enregistrer un DVD pour cette nouvelle tournée (ndlr: le dernier est sorti en 2006) ?

Nous en avons déjà enregistré plusieurs et puis il y a tellement de vidéos disponibles sur YouTube que nous nous sommes dit « pourquoi en enregistrer un de plus ? » . Donc je pense que si nous voulons en faire un, il aura un angle différent, ou bien quelque chose comme The Last Waltz de Martin Scorsese, un genre de « concert moovie ».


Vous avez prévu de jouer dans quelques festivals européens ?

Nous en faisons quelques uns mais pas beaucoup, déjà notre album est sorti en avril et malheureusement il n’est pas possible de faire tous les festivals d’Europe. On va en faire deux en Finlande et en Suède. Cependant, on aimerait bien faire la saison des festivals en été 2016. Et de toute façon, nous serons en tournée européenne en Automne 2015.


Je suis une grande fan de Rammstein, et vous avez fait leur première partie, il y a quelques années de cela. Comment c’était ?

C’était super ! C’était en 2005 je crois, il y a presque 10 ans déjà. C’était bien, et ça a été une très bonne expérience pour nous. Nous avons appris beaucoup avec eux. Surtout sur le point de vue du professionnalisme. Je veux dire, à quel point on pouvait passer énormément de temps pour faire de la bonne musique, et pour faire de bons concerts. Rammstein nous a toujours beaucoup supporté et aidé. D’ailleurs, je joue dans le groupe qu’a fondé Richard Kruspe, Emigrate.


Que penses tu des nouveaux groupes de rock/metal ? As-tu des préférés ?

Dans les nouveaux groupes, il y a Nothing More que j’aime beaucoup et que j’ai vraiment envie de voir en live. J’adore leur deux albums et je pense qu’ils apportent vraiment quelque chose de nouveau dans le milieu de la musique.


Quels moments préfères-tu en tournée et quels sont les pires ?

Pour les meilleurs moments, je dirais à chaque fois que tu as la possibilité de partir en tournée avec ta famille, c’est incroyable. Du coup, on a la chance de pouvoir passer beaucoup de temps ensemble, de partager plein de choses. Sinon, il y a les festivals, c’est super. On se connait tous, alors on passe de très bons moments où on est tous réuni. L’atmosphère est géniale. Pour les pires moments, j’en ai certains en tête, mais je ne préfère pas les dire (rires).


Pour finir, quel est le dernier concert auquel tu as assisté ?

Le dernier ? C’est une bonne question ! Ça doit être en Finlande, il y un bon moment. Ah, en fait c’était Soulfy. Non… Non je dis des conneries ! C’était Cannibal Corpse, et c’était carrément cool.


Merci à Mikko Sirén et au reste du groupe, à Replica Promotion et à Caroline International.