LIVE REPORT : Uli Jon Roth le 8 mars

LIVE REPORT : Uli Jon Roth le 8 mars

LIVE REPORT : Uli Jon Roth le 8 mars à la Maison Bleue à Strasbourg. Textes Khaos / Photos Tiffany

Uli Jon Roth – Interstellar Sky Guitar – La Maison bleue à Strasbourg le 08 mars 2020

Le premier concert de Scorpions en France, c’était à Strasbourg en 1975 pendant la tournée In Trance. Le lead guitariste était alors Uli Jon Roth. Je n’étais pas encore né, mais le Hard Rock naissant avait déjà pris ses aises dans cette région frontalière.

Bien avant les succès ultérieurs des arachnides à la piqûre aiguisée, un public de connaisseurs avait suivi leurs premiers. Ils avaient alors écumé ce qui n’était encore que des petites salles.

Plusieurs devaient encore être présents en cette pluvieuse soirée de mars, malgré la menace et la psychose autour de l’épidémie de coronavirus. Des têtes grisonnantes de « boomers », mais aussi certains de la génération suivante et même des plus jeunes, curieux ou connaisseurs du guitariste virtuose.

La maison bleue a subi une mue importante en 2019, se mettant aux normes pour mieux proposer ses missions de concerts et de studios de répétitions. Label depuis 1999, Dirty 8 et ses déclinaisons précédentes sont des acteurs impliqués au cœur de la scène locale.

La configuration de cette salle fraîchement rénovée peut accueillir jusqu’à 350 personnes pour notre cher Metal, mais aussi bien au-delà. Les Nashville Pussy rendront par exemple visite en mai prochain.

Aujourd’hui, c’est assis et dans un show autant visuel que musical que nous invite Uli et ses collaborateurs.

Derrière une ribambelle de câbles se tient un micro, deux « Sky Guitars » sur leurs pieds, deux chandeliers assez hauts de part et d’autres et surtout un drap blanc devant capter les projections visuelles. Lumières multicolores mais discrètes, on veut nous faire voler dans l’arc-en-ciel sans nous éblouir.

Une introduction cinématique bien construite nous plonge au cœur de l’espace. Des images de l’apparition du monde et machines volantes se mêlent dans une réalisation captivante.

Dommage que la musique ne s’enchaîne pas avec un premier titre. Mais Uli entre en scène après une coupure et le voir sortir des galaxies aurait été super stylé. Surtout que son accoutrement vestimentaire s’y collerait bien.

Un hippie qui aurait pris un vaisseau pour remonter le temps. Pantalon à pattes d’eph, plumes qui pendouillent au bout des manches des guitares, bandana dans les cheveux. Il ne manquait que l’odeur d’encens ou de patchouli…au choix.  

Le premier titre nommé Amadeus est un hommage à qui vous devinez. Son gimmick à la guitare est assez caractéristique. Il présente une introduction soft par rapport à ce qui va suivre. Pourtant Uli commence déjà à torturer son manche de haut en bas avec beaucoup de dextérité.

C’est le deuxième titre, hommage aux USA, qui est le premier bon coup musical et visuel. Là, Uli se lâche et commence à actionner son vibrato avec plus d’entrain. Il passe des mélodies lentes et somptueuses, aux passages plus tortueux et empreints de conflits.

A l’image de l’Amérique, l’écran nous projette des paysages grandioses. Mais aussi quelques apparitions de l’idole Jimi Hendrix et en bouquet final, le discours de Martin Luther King. C’est une Amérique différente de celle d’Hollywood, vue d’un artiste sur la culture de tout un pays.  

Pour le troisième moment, le fils spirituel d’Hendrix se pose sur son tabouret. Il prend une guitare flamenco électro-acoustique à 9 cordes. Un morceau d’anthologie qui débute dans la volupté pour finir dans des rythmes hispaniques hyper punchy.

Si vous êtes guitariste, intéressez-vous à la gamme de guitares qu’Uli a conceptualisé avec le luthier Boris Dommenget.

Il y a trois gammes qui ont été utilisées lors du concert. Outre la version flamenco, toute cette première partie était jouée avec un instrument de la gamme Pegasus. Le son est proche d’une Gibson Les Paul.

La deuxième partie est empreinte de morceaux plus anciens de ses groupes Scorpions et Electric Sun. Ils étaient jouée avec la gamme Aquila, plus proche de la Stratocaster qu’il utilisait avant la conception de ces guitares.

Après l’interlude flamenco, un morceau aurait dû être joué avec un accordage particulier. Mais un souci technique assez embêtant pour le rythme du spectacle l’en a empêché. Uli est alors directement passé à son interprétation personnelle du printemps et de l’hiver des 4 saisons de Vivaldi.

On entre là, dans un aspect plus technique et un peu « froid » de la musique du personnage. Pour les habitués de la musique classique ce n’est pas un problème. Par contre pour des rockeurs familiers de mélodies plus directes, ça demande une certaine adaptation.

On admire toutefois le talent du bonhomme qui n’a visiblement aucun problème d’arthrose au niveau des phalanges.

Après une petite pause bien sentie, retour du maestro avec une composition inédite au sujet du réchauffement climatique. Vous imaginez un peu les sortes d’images qui peuvent défiler sur l’écran arrière.

Cette-fois, Uli a décidé de chanter et j’ai été agréablement surpris. J’ai souvenir des vieux enregistrements de Scorpions où il s’était expérimenté au micro sans me convaincre de son talent à ce niveau.

Avec l’âge, il a su progresser. Aidé d’effets de réverb très intenses, il chante un peu moins forcé et plus mélodique. Morceau hypnotique, de suite contrebalancé par Hiroshima, une composition d’Electric Sun. Là, il utilise au maximum ses pédales à effets et son vibrato pour mimer l’explosion de la bombe et ses ravageuses conséquences.

Lui qui est encore une idole au Japon bien plus qu’en Europe, leur a construit un bel hommage au ton dramatique.

On termine le show dans une humeur plus punchy. C’est certainement ses trois meilleures compositions de l’aire Scorpions : The Sails of Sharon, Pictured Life et Catch Your Train.

Le public se lève sous l’impulsion des riffs entraînants. Son groupe et leur concert « Tokyo Tapes Revisited » (disponible en DVD et Blue Ray) est convoqué via écran géant, sans sa guitare où il joue par-dessus.

Après un rappel et un dernier hommage à Jimi Hendrix, notre guitar hero du soir nous salue avec un large sourire, ravi de l’audience.

Nous rentrons à l’heure des poules pour un soir de concert, 21h30. Mais nous avons le sentiment d’avoir été transportés dans une autre dimension.

Pendant une heure et demi, le voyage a été plein de surprises et d’étonnements. Un show visuel la plupart du temps pertinent même si à un ou deux moments, des images un peu trop simplistes contrebalançaient avec d’autres très travaillées.

Une atmosphère unique pour un moment en dehors du temps. Bravo Uli, continue de nous enchanter tant que tu le peux.

Un grand merci à Dirty8/la Maison bleue pour l’accueil sympathique.

Report : Khaos

Photos : Tiffany

Son site internet : http://tiffaneye.com/

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