THEO LAWRENCE & THE HEARTS: Interview

THEO LAWRENCE & THE HEARTS: Interview

A l’occasion des Rock Awards de Oui FM le 9 mars 2017 au Trianon à Paris, Rock Metal Mag a eu le plaisir de rencontrer THEO LAWRENCE & THE HEARTS Le jeune quintette, Theo Lawrence & The Hearts a déjà conquis la scène rock française, avec  passion et respect de la musique roots américaine mélangée aux sonorités plus traditionnelles de l’Amérique (folk, country, rythme

A l’occasion des Rock Awards de Oui FM
le 9 mars 2017 au Trianon à Paris,
Rock Metal Mag
a eu le plaisir de rencontrer
THEO LAWRENCE & THE HEARTS

Le jeune quintette, Theo Lawrence & The Hearts a déjà conquis la scène rock française, avec  passion et respect de la musique roots américaine mélangée aux sonorités plus traditionnelles de l’Amérique (folk, country, rythme and Blues et rock’n’roll) avec une très grande maturité.

album Sticky Icky paru en novembre 2016.

téléchargement (2)

Line Up

Theo Lawrence : Guitar, Vocal
Louis-Marin Renaud : Guitar, Backing Vocal
Olivier Viscat : Bass Guitar
Thibault L. Rooster : Drums, Backing Vocal
Nevil Bernard : Organ, Keyboard

https://www.facebook.com/theolawrencemusic/

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Rock Metal Mag : Comment avez-vous découvert la soul et le blues ?
Theo Lawrence (chant, guitare) :
Un peu tous de la même manière je pense, au détours d’autres styles. Quand on a 10-12 ans et que l’on commence à écouter de la musique. Ensuite, quand on commence vraiment à rentrer dans le vif du sujet, dans quelque chose d’un peu plus direct comme le rock’n’roll. On aime beaucoup, MC5 ou Iggy Pop And The Stooges, Led Zeppelin. Ça frappe vraiment le cœur d’un enfant de 10-12 ans et c’est en s’intéressant aux influences de ces groupes là, comme les Velvet Underground, que l’on passe à tous les autres courants musicaux qui leurs sont affiliés . Grâce à ça, on peut commencer à se faire sa propre opinion et à trouver sa voie, bien que l’on continue à aimer tous ces groupes lorsque nous étions petits.

Olivier Viscat (basse): Ces groupes là reprenaient des morceaux de blues et de soul, donc forcément on y était confronté de manière indirecte. Ça nous donnait envie de voir ce qui les intéressait tant dans ces musiques là. Enfin en tout cas, c’est de cette façon que j’ai découvert le blues et la soul.

Theo Lawrence : Il y a un dénominateur commun à tous ces styles. Le côté très brut que l’on retrouve dans les Stooges, musique qui a été faîte à Detroit par exemple. Et bien, 10 ans après, John Lee Hooker été influencé par les mêmes contextes spatio-temporels, et du coup, même si c’est pas aussi violent dans les rythmes, qu’il ne joue pas aussi fort, c’est une énergie similaire et c’est la même sincérité qui se dégage de ces musiques. Cela pourrait être aussi, avec de la musique traditionnelle espagnole ou asiatique, ou avec tout. C’est ce qui nous plaît et nous mettons tout ça dans notre musique.

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Rock Metal Mag : Vous avez toujours su que vous vouliez être musicien/ comment ont réagi les parents?
Thibault L. Rooster (batterie): J’ai commencé la batterie à 14 ans.

Theo Lawrence : J’ai eu un premier groupe à 10 ans et j’ai toujours voulu faire ça. Enfin quand j’étais tout petit, je voulais être danseur classique.

Louis-Marin Renaud (guitare): Moi au début je voulais être garagiste jusqu’à mes 8 ans puis après j’ai découvert la basse. J’ai trouvé ça plus intéressant et il y avait moins de cambouis. Puis finalement je me suis dis que la basse ce n’était pas assez bien et que la guitare c’était mieux ! J’ai mis 20 ans à comprendre que ce n’était pas forcément le cas mais sur le moment, c’est ce que je me suis dit.

Olivier Viscat: Moi, je me foutais un peu de tout quand j’étais petit et puis à 15 ans je me suis dit « tiens pourquoi pas former un groupe » et voilà. C’est peut être cliché mais ça a vraiment tout changé ! Donc ça fait depuis presque 15 ans déjà, que je sais que je ferai de la musique toute ma vie.

Nevil Bernard (claviers): Moi je voulais être surveillant de musée (rires), ou peintre. La musique c’était plus quelque chose de familiale qui est venu au fur et à mesure.

Thibault L.Rooster: Moi je voulais être serial killer, tradition familiale (rires) !

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Rock Metal Mag : Théo tu as une voix assez incroyable pour ton âge. Comment as-tu développé ta voix ? Tu as pris des cours ?
Theo Lawrence:
Non jamais. Je chante depuis que je suis tout petit. Mes cours de chant c’était avec les groupes que j’écoutais plus jeune. Et Aretha Franklin c’est ma prof de chant personnel.

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RMM : A titre personnel est ce qu’il y a un artiste en particulier qui vous influence ? Avec qui aimeriez vous jouer ? ?
Thibault L.Rooster:
C’est très classique mais en tant que batteur, je dirais John Bonham. C’est le batteur que j’écoute et admire le plus. J’ai beaucoup analysé son jeu dans les moindres détails. Après je n’ai pas vraiment l’impression de reprendre ce qu’il fait quand je joue. Je ne sais pas si ça se ressent, mais en tout cas, c’est ma plus grande influence.

Olivier : Moi ça reste assez classique aussi, c’est Paul Bogart. J’ai une vraie tendresse pour Paulo ! J’ai beaucoup aimé les artistes bass Mods et Levinson( ndlr: BLADE bass guitar (Levinson made)). Je trouve qu’il y a un dénominateur commun aux bassistes de la soul stricto sensu (ndlr: ausens strict) que j’aime énormément et dont je reprends les lignes. C’est un vrai plaisir de reprendre les lignes de ces gars là. Carol Kaye aussi et puis je vais laisser la parole aux autres !

Nevil: Je vais choisir un mec qui s’appelle Shuggie Otis. C’est un de mes artistes préférés. Il jouait dans le groupe de son père avant et c’était un mutli-instrumentiste qui jouait vraiment tout lui même. Je vous conseille d’ailleurs l’album « Inspiration Information ».

Louis-Marin: En fait au niveau des influences c’est un peu difficile quand on y réfléchit. Cela voudrait dire que ce que l’on joue, on peut le retrouver chez d’autres personnes et ce n’est pas vraiment le cas. Je suis incapable de jouer de la même manière que la plupart de mes influences. C’est seulement dans ma tête que je fais le lien entre moi et ces personnes là. Pour réussir à faire une chose en musique, il faut puiser chez 10 000 personnes différentes, que ça soit à la guitare ou à la batterie ou avec n’importe quel autre instrument. Même pour les arrangements, il n’y a pas une personne en particulier qui fait que je joue comme ça aujourd’hui. Tous les musiciens avant moi ont fait ce que je suis maintenant. Il y a des guitaristes que j’adore mais pas seulement en terme de guitare. En général, j’aime bien les arrangeurs, les compositeurs. Il n’y a pas un nom en particulier, c’est un ensemble.

Theo : Moi, j’ai plutôt des influences pour la guitare car au départ, je n’étais pas vraiment intéressé par le chant. Pendant longtemps j’étais à fond dans la guitare, jusqu’à ce que je me rende compte que le chant c’était très bien aussi. J’aime les guitaristes qui faisaient plus un travail sur la rythmique et les textures, plutôt que sur les notes ou la virtuosité, même si j’ai eu une phase avec Duane Alleman ou encore Jimi Hendrix que j’adorais quand j’étais petit. Du coup parmi les guitaristes que j’adore vraiment il y a Junior kimbrough en delta blues. J’aime aussi tous les guitaristes de studio, du genre Steve Cropper, Jimmy Johnson, ceux qui enregistrent des disques et qui passent du temps à trouver le bon arrangement, la bonne note, ceux qui ne jouent jamais plus de trois notes en même temps, ça me plaît vraiment. Au chant, j’adorais Aretha Franklin bien sûr!

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RMM : Pour vous, que représente le nom du groupe « The Hearts » ?
Theo :
Ce nom regroupe toutes les musiques que l’on aime. Ce sont des trucs qui ne sont pas cérébraux. Je crois profondément en l’unité de l’âme et du corps mais ce sont des musiques qui s’adressent directement au cœur et qu’il ne faut pas cérébraliser ou analyser mais qu’il faut plutôt ressentir avec son cœur. C’est bête à dire, mais je pense qu’à notre époque ce n’est pas si évident que ça et ce n’est pas beaucoup pratiqué. Donc « The Hearts » c’est l’essentiel qui reconnecte les gens entre eux. Le cœur est au centre de tout.

Olivier: C’est ça. Ça a l’air naïf mais c’est très sincère et authentique. Il n’y a pas à chercher plus loin finalement.

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RMM : Vous avez récemment signé avec BMG. Donc le nouvel album est prévu prochainement ? Est-ce que vous avez déjà des idées ?
Theo :
Les morceaux sont quasiment tous écrits et on va entrer en studio au mois de mai. Mais pour le moment on n’a pas trop d’idée.
Louis-Marin: Il y aura du vibraphone et des didgeridoos par douzaines (rires). On va essayer de faire du mieux qu’on peut, comme d’habitude. Il faut que chaque chanson de l’album soit la meilleure. C’est un gros objectif à se fixer. C’est un peu énorme mais on va faire ce que l’on peut pour que toutes les chansons soient parfaites.

Theo : Faire quelque chose que les gens puissent écouter plusieurs fois, pas un disque que l’on pose sur une étagère après une écoute et qui prend la poussière. On veut qu’il accompagne les gens dans leur quotidien.

Thibault: On est très attaché aux disques et chaque chanson a vraiment sa place. Il n’y a pas de chansons qui sont là juste pour faire du remplissage.

Olivier: Moi j’aimerais bien que ce soit un disque que l’on écoute de bout en bout. Avec la digitalisation des morceaux, nous sommes tentés d’acheter un morceau par ci, un morceau par là et au final on morcelle un peu des œuvres, si on peut appeler ça comme ça. J’aimerais que ce soit un truc que l’on écoute comme on lit un livre. Tu ne vas pas juste lire un chapitre ! Il faut le lire en entier.

Thibault: Puis, selon la chanson que l’on écoute dans l’album , celle-ci peut prendre une toute autre signification ou une toute autre dimension qui sera surement plus importante que si cette chanson est écoutée toute seule. Elle gagne donc a être mise à côté d’autres titres, puisque chaque morceau fait évoluer le suivant.

Theo : Tu peux vraiment démolir ton album en mettant la mauvaise tracklist, donc on va essayer de ne pas faire ça (rires) !

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RMM : Et ça ne vous fait pas trop peur de signer avec une grosse compagnie alors que vous étiez indépendants ?
Theo :
Le plus important pour nous, c’est de rester maîtres de nos choix, artistiquement parlant. Je pense que BMG reste une boite assez indépendante. Si nous voulons faire un morceau de 10 secondes, nous le ferons, un morceau de 7 minutes, pareil.

Louis-Marin: Vous verrez bien s’il y a du zouk sur l’album, c’est que le label a eu une une influence sur nous (rires).

Olivier: Effectivement à la base, ça ne nous enchantait pas trop de signer avec un gros Label comme celui-ci, mais il se trouve que nous avons réussi à « dealer » quelque chose de bien pour nous. C’est nous qui décidons de ce que l’on va faire artistiquement et eux sont là pour nous accompagner sur tout ce que l’on ne sait pas faire. Être indépendant c’est bien, mais il y a des limites à l’indépendance. On parle d’argent tout bêtement…

Theo : Tant que nous ne sommes pas piétinés en tant qu’artiste ou harcelés, ça va.

Olivier: Même si jusqu’à présent on a essayé de faire du mieux possible avec très peu de moyen et en bricolant beaucoup. Depuis le début c’est du bricolage et un pari un peu fou ! Mais jusqu’à présent ça a très bien marché et il faut espérer que cette dynamique continue dans cette voie.

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RMM : Qu’est ce qui inspire vos paroles ?
Théo :
Pour le coup, le rock’n’roll ne m’a pas influencé en terme de paroles. A part quelques fois où je trouve ça brillant, mais en général, je n’accroche pas trop aux thèmes abordés car ils sont souvent assez misogynes ou choquants. Pour moi ça discrédite tout de suite l’artiste et ça a finit par vite me gonfler quand j’ai compris qu’il y avait ce truc là sous jacent, un peu partout. Donc cela m’a fait me déconnecter de certains artistes de blues. Parfois je trouve ça génial et très créatif. Robert Johnson par exemple, faisait beaucoup de poésie dans ses métaphores. C’était sa manière d’écrire. Après le reste, c’était une autre époque aussi, mais je n’adhère pas à tous les aspects de ces musiques là. C’est une manière de voir les choses. Ce qui me plaît beaucoup ce sont les textes de Otis Reding, à qui je n’ai rien à reprocher. Quelqu’un qui va te mettre une ligne qui fait bien mal et qui trahit plus, ça fait toute la différence. Il y en a qui ne font pas ça. Ce sont vraiment des thèmes de la vie de tous les jours que l’on retrouve dans notre musique. Cela peut aussi, être des histoires qui ne me sont jamais arrivées. Je pense qu’il y a deux types d’écriture, les choses que tu tires de tes expériences personnelles et les story teller qui font de la romance comme Lee Hazlewood ou même Bob Dylan qui a écrit des choses très personnelles et d’autres choses totalement inventées. Mais malgré le fait que ça soit inventé, ça te reconnecte à des choses que toi, tu connais, à des trucs qui te sont arrivés. Et il y a forcément ça dans nos chansons, quelque chose auquel on s’identifie tous. Je n’écris jamais sur des sujets sur lesquels, je pense, personne ne pourrait s’identifier. C’est parfois très auto-centré car c’est une histoire d’amour donc ça parle de moi et de quelqu’un d’autre, mais c’est toujours un spectre subjectif pour accéder au spectre général.

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RMM: Alors ce soir vous êtes nommés pour le prix BPI (bureau des productions indépendantes). Pas trop stressés ?
Théo:
Pas du tout. Nous sommes très contents de jouer pour Oui Fm qui nous soutient depuis le début.

Olivier: Et bien c’est le Trianon ! C’est vraiment une salle géniale avec un très bon son.

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Rock Metal Mag remercie Theo Lawrence & The Hearts et Oui FM