Interview de Bagdad Rodéo au Backstage à Paris

Bagdad Rodéo existe depuis 2009 et a été fondé par le chanteur Ludo et le guitariste Christophe, qui jouait auparavant dans un groupe de Neo Metal.

Le groupe a commencé à devenir un des piliers du rock indépendant, insoumis, qui combat farouchement l’aseptisation des paroles et permet à l’héritage des «Béruriers Noirs», à « Coluche » et consorts d’exister encore 30 ans après.

En 2017, le groupe revient donc, plus déjanté et acerbe que jamais avec un nouvel album « Trois », cette fois-ci réalisé et arrangé par le groupe lui même. Toujours aussi corrosif, cet album de 15 titres s’annonce comme le projet le plus abouti du groupe, à l’image de son premier extrait «Tes idées».

https://bagdadrodeo.bandcamp.com/album/bagdad-rodeo-trois-2017

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Rock Metal Mag : Vous avez décidé d’être indépendant et en totale auto production. Et vous avez donc mis en place un crowdfounding pour sortir votre 3ème album. Vous pouvez nous m’en dire un peu plus?

Ludo : L’auto production ça enlève les intermédiaires, donc c’est intéressant et ça simplifie aussi les rapports que tu as avec les gens . Tu leurs parles, ils te soutiennent et c’est une grosse preuve d’amour que tu reçois. Il y a le coté argent mais il y a surtout le coté amour. Les gens, ils ont envie que tu sortent un nouvel album parce qu’ils te kiffent.

Christophe : C’est super parce qu’on est complètement libre de faire ce qu’on veut comme on veut. Et les gens qui te soutiennent c’est vraiment génial, surtout quand tu es entre deux albums et que tu ne sais pas comment va être reçu celui qui arrive. Tu ne sais pas ce qui va se passer en fait derrière. Quand on sort un album on a toujours ce stress la, de se dire que peut être que les gens vont trouver ça pourri. Donc, on a la chance d’avoir internet, de pouvoir partager avec les gens et d’avoir ce rapport direct qu’il n’y avait plus lorsque l’on avait des intermédiaires, un label.etc. Il y a 12 ans on avait un Label qui regardait les photos, les machins, qui en fait regardait tout et nous imposait des choses. Et maintenant c’est fini, et ça c’est génial !

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Rock Metal Mag : Aujourd’hui vous travaillez quand même avec Dooweet Agency ?

Ludo : Oui pour la promotion, car ça on ne sait pas faire et à un moment donné il faut pouvoir toucher les médias et avoir des gens compétents pour le faire. Nous, clairement on était pas apte à s’en occuper et puis il faut aussi avoir le temps pour ça. On est déjà musicien, puis producteur , donc ça prend beaucoup de temps parce qu’on fait tout :  les ti-shirts, les visuels… et ça ne s’arrête jamais.

Christophe : Ouais, c’est vraiment une petite entreprise. (rires)

Ludo : Très petite entreprise, une micro entreprise, et donc ça, a un moment donné, il fallait qu’on le délègue parce qu’on savait que nous, on ne pourrait pas le faire. Et puis, c’est quand même important que les gens sachent que l’on va sortir un nouvel album. J’ai pas non plus envie de faire un album si ça ne touche pas de nouvelles personnes.

Christophe : On a quand même un message à faire passer sur pas mal de domaines et ce serait dommage que ça touche personne.

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Rock Metal Mag : Je pense qu’il y a beaucoup de monde en attente de groupes comme le votre.

Christophe : On a pas envie d’entendre dire que le rock en France c’est La Femme. (rires) Le groupe La Femme.

Ludo : Oui, parce qu’on a rien contre les femmes, au contraire. (rires)

Christophe : On a rien contre les femmes, mais contre La Femme, oui !

Ludo : Parce que c’est nul, et tu peux le marquer. Parce que, ça joue mal, c’est « High », et c’est ce que j’appelle des groupes de cocktails parisiens, et ça n’a aucun sens et pourtant ça fait des supers festos, ça fait des couvertures de magazines comme les Inrocks, mais c’est à chier. Attention, j’ai regardé et je me suis renseigné, je ne dis pas ça comme ça, j’ai étudié le Live, le niveau musical, l’écriture des textes, tout quoi, mais je suis désolé. Je ne dis pas que ce que je fais c’est super bien mais la franchement c’est pas bon.  Il faut être réaliste à un moment donné et c’est du pur produit Inrockuptible, merci les inrocks ! Je sais pas si t’aimes bien mais si c’est le cas désolé pour toi. (rires)

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Rock Metal Mag : Moi j’aime bien ce que vous faites et cette façon directe que vous avez de dire les choses.

Ludo : Si tu veux des gens directs tu tombes pas mieux.

Christophe :  Si tu veux à la base, Bagdad Rodéo, c’est quand on était au lycée, il y a maintenant un moment; Il y avait une scène rock française qui était en effervescence et qui avait une liberté de paroles qui n’existe plus maintenant et qui nous manque. Moi, j’ai pas grandi en écoutant du rock français,  mais j’ai baigné dans une ambiance où il y avait La Mano Negra, les Bérus, Ludwig, Noir Désir, Trust, FFF, il y avait une vraie scène de rock en France et même si je l’écoutais pas spécialement à l »époque, je la connaissais. En 1992, j’étais fan de Gun’s and Roses, j’écoutais Slash et j’avais 15 ans. Mais quand cette scène a cessé d’exister, ça nous a manqué. Alors on s’est dit, y a plus de rock en France. Nous à l’époque on avait un groupe qui était signé dans un label qui avait un cahier des charges à suivre. On avait une tenue noire, il fallait que l’on fasse la gueule sur les photos et il y avait plein de choses comme ça qui ne nous correspondaient pas du tout. Alors, un jour on s’est dit, on fout tout ça à la poubelle, et on fait un groupe libre.

Ludo : Après, si tu veux, quand tu vois la nouvelle scène rock, ces 5 ou 10 dernières années….Parce que si le Rock c’est les BB Brunes, je veux bien m’en couper une tout de suite. (rires) . Non mais faut être réaliste!

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Rock Metal Mag : Il y a quand même des groupes comme No One Is Innocent, Mass Hysteria, Sidilarsen…. qui sont excellents!

Ludo : Oui mais ce sont de vieux groupes. Comme Tagada Jones, Lofofora…….Ils étaient déjà là.

Christophe : Alors, avec No One Is Innocent, on a une vieille histoire, parce que, c’est grâce à eux qu’on existe aussi. C’est Shanka, le guitariste de No One, qui a produit le premier et le deuxième album de Bagdad Rodéo. Pas le troisième vu qu’il était pas dispo et on était un peu court en temps par rapport à son agenda et aussi parce qu’on était pas sur d’avoir les sous du ULULE. (rires)

Ludo : Mais aussi parce qu’on avait envie d’apprendre à faire par nous mêmes. Sur cet album on s’est vraiment impliqué à faire beaucoup de phases de la production nous mêmes, c’est à dire, l’enregistrement en studio, j’étais même derrière les consoles pendant qu’ils enregistraient les instruments. Donc, on à fait des choses que l’on avait jamais faites auparavant et ça nous a vachement appris de trucs. Moi, je suis super content et super fier parce qu’on a franchi un cap dans la compréhension de la musique.

Christophe : On a pu avoir le luxe de prendre le temps et de faire un album exactement comme on le voulait.

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Rock Metal Mag : Alors justement,  comment s’est passée la composition et l’enregistrement de “Trois”? 

Ludo : On a passé deux mois assez exceptionnels en studio, dans une ambiance exceptionnellement cool, 5 jours par semaine, 8 heures par jour, quand même. On a fait que ça mais c »était magique. Pas une seule tension, vraiment c’était très cool. Et ça s’est passé à Montpellier aux studios Vox Rapido  qui est un studio associatif avec un collectif d’ingénieurs du son.

D’ailleurs, on les remercie encore mille fois, parce qu’ils sont exceptionnels et ils ont tout compris.

Christophe : Ce sont des personnes qui ont envie de faire des projets. Ils sont investis à 100% dans ce qu’ils font et ils n’ont pas des moyens énormes, mais tout ce qu’ils ont ils le mettent à disposition. Alors, ils mettent vraiment du coeur à faire les choses.et ils ne sont pas là uniquement parce qu’on paie. Ils ont eu envie de faire le meilleur album possible pour Bagdad Rodéo et on les remercie mille fois pour ça. Mais petit à petit, on se rend compte que ça colle pas mal à l’air du temps, parce qu’on va dans une société qui va s’orienter vers des entreprises individuelles et des gens qui se regroupent pour faire des collectifs. On va se taper Macron, surement pendant 5 ans, donc il va quand même falloir s’organiser, sinon ça va être dur quoi ! d’arriver jusqu’en 2022! (rires)

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Rock Metal Mag : Quelle est votre image de la France à l’heure actuelle ?

Ludo :  La France est morose. On a un problème en ce moment avec déjà des politiques qui sont complètement désunis dans plein de partis et qui ont fait n’importe quoi. Ils ne vont plus chercher l’électorat populaire, ce que l’on appelle vulgairement les gens d’en bas. Ils s’en foutent parce qu’ils font de la politique d’élites.Et du coup ces gens là se retournent inexorablement vers des partis comme le Front National, sans raisons apparentes. Et ça, ça pose un gros problème.En ce moment, on a quand même des voleurs ans tous les sens. Un mec comme Fillon, c’est scandaleux. Il a des casseroles au cul, comme c’est pas permis et il arrive quand même à avoir un électorat.

Christophe : Quand tu vois qu’il arrive à faire 20%, c’est scandaleux

Ludo :  Une Marine Le Pen, pareil, avec ses histoires de parlementaires, c’est scandaleux. Après tu as des mecs bien, du genre Hamon, qui a de bonnes idées avec une bonne vision humaniste des choses et qui se retrouve dans un parti véreux tout pourri et qui fait tout pour le flinguer. Donc même si il a de supers idées, elles restent enfermées dans un placard. Et puis au final tu peux rien faire et il se prend 5,6% es voix. On marche complètement à l’envers et ça n’a pas de sens. Mais ça va à l’image du monde avec Trump, Poutine, Merkel et tout ce qui se passe avec tous ces gens là..Ils discutent du Monde avec une froideur exceptionnelle.

C’est inhumain ce qui se passe en ce moment!

Christophe : Moi, j’ai envie de te dire, si Melenchon avait été élu, on aurait peut être arrêté Bagdad Rodéo puisque on se serait dit que finalement les choses iraient mieux.

Ludo :  Melenchon ou Hamon, enfin quelqu’un profondément ancré à gauche, Arthaud même Poutou, (rires). Non c’était extrême. Donc on aurait plus de raison d’être là, parce,que nous, c’est un truc de rebellion. On se considère un peu comme les rebelles dans Star Wars. On est face à une force obscure en ce moment, une force manipulée par l’argent.

Je pense que l’argent a pourri les gens et c’est ça le gros problème, et la vision des gens sur l’argent.

Christophe : Et au final, le résultat du premier tour de la présidentielle démontre le truc. Je pense que les gens sont suffisamment intelligents pour se rendre compte qu’il y a un projet intéressant dans la gauche incarnée par Mélenchon ou par Hamon, Poutou et Arthaud. C’est un projet humaniste, de sauvegarde de la Planète,  qui pose des problèmes de fond et qui vont forcément se poser à l’humanité entière, dans les deux décennies qui viennent. Cela se pose déjà mais ça va faire que s’accentuer. Je pense que les gens le savent, disons une grande majorité des gens le savent mais ils préfèrent quand même garder leur argent.

Ludo : En fait l’image exacte est qu’ils préfèrent voter Macron comme ils jouent au Tacotac, en espérant devenir riches.  (rires) Macron, tu vois, c’est le genre de mac qui va te dire, tout le monde peut devenir riche. Seulement il y en a seulement 0,00001% qui vont y arriver. Et tu en as quand même plus de 20 % qui ont voté pour lui. Donc c’est vendre du rêve et là c’est concret. On est sur une Planète qui est en train de se pourrir, donc faut que l’on arrête de vendre du rêve aux gens. Moi, que l’on me dise demain : » oui, on va vendre ci, et tout va s’améliorer …..etc », encore faut-t-il que ce soit les bons sujets qui sont traités. L’argent, c’est une illusion, tu donnes ça aux gens et ils viennent vers toi. Tu les appâtes avec ça. Et c’est exactement ce qui s’est passé. Fillon c’est pareil, c’est même atroce.

Christophe : Fillon, c’est vraiment décomplexé, parce qu’on arrive au cas où tout le monde c’est que ce mec est un escroc, un voleur, un menteur, mais on va quand même voter pour lui.

Ludo :  Mais comment tu peux dire des choses comme 500 000 fonctionnaires en moins. Dans les écoles, les classes sont surchargées, et c’est pour ça qu’il y a un énorme problème d’éducation car les profs n’ont pas le temps de s’occuper de tous les élèves. C’est la réalité du terrain et lorsqu’il te sort 500 ooo fonctionnaires en moins il y a 20 % qui te crient « Génial, quelle bonne idée, on va faire des économies !! ». C’est quand même dingue, on fait des économie, déjà, en payant pas sa femme avec l’argent public. Sans déconner, ça n’a pas de sens !

Christophe : Moi je trouve ça indécent de dire que les gens qui travaillent au service de l’Etat sont des fainéants. C’est un manque de respect pour une partie entière de la population. Il y a des milliers et des milliers de personnes qui travaillent dans la fonction publique et qui ont envie de bien faire et qui sont motivés par leur travail, mais à qui souvent on ne donne pas les moyens . Pour avoir pas mal côtoyé les administrations, dans les 15 dernières années, la seule chose dont je me rends compte, c’est que l’on ne peut plus parler à quelqu’un directement. On est obligé d’appeler un robot sur un service téléphonique, et qu’il y a de moins en moins d’accueil, de moins en moins de contacts humains entre les gens et de conseils.

Ludo :  Avant, tu prenais ton rendez-vous et tu allais voir quelqu’un, qui essayait de t’aiguiller en te donnant des conseils. Maintenant, en gros, tu dois appuyer sur des boutons et aller sur internet. De toutes les façons, le parti de Fillon, c’est un parti vieillot et pas progressiste. Ils avancent pas ces gens la, ils font toujours la même politique parce qu’ils veulent préserver leur situation. Après, il n’ont rien à proposer,et leurs mesures sont bidon. Si faire de la politique, c’est faire des économies de bouts de chandelles, c’est pas ça, la politique ce n’est pas de la comptabilité. La politique c’est un projet.

Christophe : De toutes les façons, ça fait 15 ans qu’ils font les mêmes politiques. Le gouvernement Hollande avait la même politique, le gouvernement Sarkozy aussi, Raffarin aussi, on voit bien que c’est une politique qui ne fait qu’appauvrir les plus pauvres et rendre plus riches les gens qui ont déjà tout. Donc continuer à voter pour ces gens la, c’est qu’au final, en France les choses ne vont pas si mal.

Ludo : Mais le pire, c’est que ces gens la sont capables de dire :  » ceux qui étaient avant nous sont des enculés et pas nous ». Et les gens ne réagissent pas parce qu’ils ont trop à perdre.

Christophe : Lorsqu’il y a eu la révolution française, parce que les gens ne mangeaient plus, ils se sont battus pour pouvoir acheter du pain. Aujourd’hui, on ne se bat plus pour acheter du pain mais des Iphones. Ce n’est plus la même chose, et on ne se bat que pour le superflus. Donc on est beaucoup plus enclin à accepter de faire des concessions tant que l’on peut garder un petit peu de ce que l’on a déjà.

Ludo :  Tu peux encore t’acheter un Iphone 5 alors que le 7 est sorti. Mais il n’ y a pas que ça, et le problème est que les gens sont fatigués et c’est pour ça qu’ils ne se rebellent pas. Cette société fatigue les gens.

Christophe : Je pense que les gens vont se rebeller petit à petit, de plus en plus. Il y a une nouvelle génération qui arrive et qui est moins blasée.

Ludo : Et ceux là dans 10 ans, ils vont faire chier le monde!

Christophe : On leur a donné de la merde et ils se sentent floués, donc à un moment ils vont demander des comptes.

Ludo : Et il y a quand même des parents qui commencent à leur montrer le bon chemin, par des votes de contestations. Nous, on est issu de familles qui votent traditionaliste, soit pour des socialistes soit pour des gens de droite. C’est pas eux qui nous ont inculqué la rebellion, par contre nous c’est ce qu’on inculque à nos enfants. Donc c’est l’inverse. (rires)

Christophe : On est en train de créer des petits anarchistes en puissance. (rires) On va être obligé de faire un changement de société sinon l’humanité n’existera plus. C’est mondial, de toute les façons et il faut bien que ça commence quelque part.

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Rock Metal Mag : On va quand même revenir à l’album et à la musique. Qui écrit les paroles ?

Ludo : Alors les paroles c’est moi, et après concertation je fais valider les textes à « Tof » et puis si ça lui convient et si on est d’accord on valide ensemble.

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Rock Metal Mag : Vos paroles sont très sarcastiques, est-ce que vous avez déjà eu des critiques ou autres?

Ludo : On a eu quelques insultes, on peut recevoir des menaces, ça peut arriver.

Christophe : Il y a forcément des gens qui le prennent mal.

Ludo : Moi, je pense pas appeler à la haine dans mes textes, je jette juste un regard sur des situations. Après, si ça plait pas aux gens ce n’est pas mon problème, mais ça fait parti du jeu. Tout le monde ne peut pas t’aimer, donc ça faut l’accepter. Mais sinon, ça va, parce que tu sais, j’ai une grande gueule et à partir du moment où on m’attaque j’ai des arguments en stock par rapport au problème. On sait se défendre.

Christophe :  Après, quoi qu’il arrive on cherche pas à être donneur de leçons, parce qu’on est pas forcément meilleur que les autres. On exprime un point de vue ou un constat, mais on va pas chercher forcément à expliquer aux gens qui sont cons.

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Rock Metal Mag : Et vous pensez que des artistes comme vous il en faudrait beaucoup plus de nos jours?

Ludo : Ah ouais, grave! Il faut de plus en plus d’artistes qui ont des choses importantes à dire. C’est pas en chantant l’amour à tue tête, avec un morceau de coton dans la bouche que tu vas faire avancer les choses, ou avec un vieil accent pseudo-américain que ça va faire avancer les choses. (rires)

Christophe : Après, je pense qu’il y en a, mais on est vraiment une minorité. On est plus censuré par les professionnels, du genre programmateurs de radio ou autres programmateurs artistiques, que par le CSA qui ne nous a jamais censuré. Il y a un organisme de censure en France qui ne nous censurera jamais parce qu’on dit des choses

Ludo : Comparé à Eric Zemmour………..on est des petits gentils.

Christophe : Mais on arrive quand même dans une époque, où tu n’as pas besoin d’aller jusque au CSA, puisque les gens te censurent avant. On est censuré par plein de gens qui nous disent, c’est trop vulgaire. Alors ce sont les mêmes gens qui écoutent les Rolling Stones qui ont sorti « Starfucker » en 1974 et qui ont fait une bite géante sur scène pendant toute la tournée américaine, et les mêmes gens qui écoutent des groupes de Metal qui disent des « fuck » dans toutes les phrases. Mais dès que c’est en français, ça ne passe plus et on est vulgaire. On est pas vulgaire, on parle directement avec un langage grossier.

Ludo :  On est grossier. Coluche était grossier et j’assume pleinement.

Christophe : Dans certaines situations, certains mots s’appliquent mieux que d’autres.(rires)

Ludo : Si tu veux dire à quelqu’un de la fermer, tu lui dis pas, s’il te plaît tais toi, tu lui dis  » ferme ta gueule », et ça marche mieux.

Ludo et Christophe : Et de toutes façons, on ne changera pas.

Christophe : Des Coluche il en faudrait plus, mais le pauvre, ça lui a pas réussi, malheureusement.

Ludo :  Le problème c’est que souvent, les artistes commencent revendicatifs et rebelles et finissent par se plier au système. Prenons Renaud qui était quand même parti sur Fillon ou Macron. Mais bon, il a été malade aussi. Il a beaucoup picolé et je pense qu’il a perdu beaucoup de neurones.

Christophe : Attention, c’est quelqu’un pour qui on a beaucoup d’estime, pour l’ensemble de ce qu’il a fait, pour ses textes et aussi pour le personnage qu’il est. C’est quelqu’un qui nous a beaucoup influencé. D’ailleurs au début de Bagdad Rodéo,  on reprenait Hexagone.

Ludo : Maintenant, ce serait bien que les jeunes artistes comprennent qu’il faut faire bouger les choses. Parce qu’artiste, c’est aussi, réveiller les consciences. C’est pas simplement faire un truc plat lisse que tout le monde va bouffer; C’est pas ça.

Christophe :  On a un gros problème depuis la génération « Star Académie » et « Nouvelle Star » et « The Voice ». Avec ces émissions la, on a fait croire aux gamins que ce qui était important c’est d’ être connu, d’être star, ou d’avoir un statut. Moi, quand j’avais quinze ans, je voulais faire de la musique, j’aimais le Rock’n’Roll. J’ai vu Gun’s and Roses sur scène en 92, j’ai vu Slash la première fois de ma vie, et j’ai dit, putain, je veux faire ça! Je veux faire du Rock’n’Roll. C’est tout con mais c’était ce but la qui était vachement important. Et maintenant, les mômes ils veulent que ça marche, peu importe ce qu’ils chantent. On a des émissions qui passent en prime time plusieurs semaines d’affilées, avec des gens qui sortent des albums, dont certains, ont quand même quelque chose, et qui ont du talent, mais 90% du temps, à part quelques exceptions, on va leur faire chanter de la merde et ils vont accepter parce qu’ils vont rentrer dans le truc, et six mois plus tard plus personne n’en parlera. Et ce sera fini. Moi, j’ai jamais voulu ça et ça me saoule et c’est depuis que ces émissions de télé réalité existent que tout a changé. Les mômes ont juste envie d’être connus et peu importe le contenu. Nous on est pas connu mais par contre on fera du Rock’n’roll jusqu’au bout.

Ludo : On espère quand même qu’on laissera une petite empreinte dans notre truc. On cherche quelque chose de plus profond et on veut dire, voilà, on a créé une musique qui restera à jamais et que personne d’autre ne fait.

Christophe :  Dès que l’on trouve que ça ressemble à quelque chose, on le fout à la poubelle

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Rock Metal Mag : Vous avez fait un premier clip avec le titre “tes idées”, est-ce que vous avez prévu d’en faire d’autres?

Ludo :  Oui, on en a prévu d’autres mais on a pas eu beaucoup de temps.

Christophe :  Oui, on économise pour avoir 80 euros, pour pouvoir faire le suivant. (Rires)

Ludo : Oui en fait c’est ça, parce qu’on fait que des clips à petit budget. Donc c’est 200 ou 300 balles maximum. Donc là, on a eu beaucoup, beaucoup de trucs à préparer, avec le Ulule, les envois, l’administratif et la gestion avec la compta et plein de trucs comme ça. Mais on en fera, parce que ça nous fait marrer. Pas parce qu’il faut en faire mais ça nous fait vraiment rigoler de faire des clips, et ça fiat vraiment partie de notre univers.

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Rock Metal Mag : Et alors, comment s’est passée la réalisation du clip « Tes idées »?

Christophe :  Alors nous, on a toujours le même réalisateur, c’est Bertrand Boissimon, qui est un ami et quelqu’un qui a beaucoup de talent et c’est lui qui fait toutes nos vidéos. Il a beaucoup d’idées sur le visuel et c’est surtout Ludo qui discute de tout ça avec lui, parce que moi, coté visuel, je fais ce que je peux. (Rires). Mais il y a des lacunes.

Ludo : C’est vrai qu’avec Bertrand, on se connaît bien et on a une facilité d’échange sur les idées parce qu’on se respecte beaucoup artistiquement. Donc ça nous permet d’avoir une première base, après on créé un thème, un sujet et des idées. On met tout à plat et on évolue sur le sujet et ça marche vachement bien; C’est un mec comme nous, qui n’a pas de limites. Les seules limites qu’on va se fixer, c’est de savoir si ça nous fait rire. Si demain on doit faire plus thrash, on le fera tant que ça nous fait marrer.

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Rock Metal Mag : Et en ce qui concerne la pochette, comment s’est fait le choix? 

Ludo : Alors, pour tout ce qui est pochette et visuel, c’est mon truc à moi. C’est mon petit jardin secret. J’adore ça. Je kiffe le graphisme pare que c’est un prolongement et une autre façon de s’exprimer, et d’aller encore plus loin que la musique. Et ça j’adore, ça me permet de faire des livrets jeux dans les albums, de faire des pochettes que je trouve drôles et de synthétiser les idées de Bagdad Rodéo dans un visuel. C’est vraiment un bel exercice. Celle de Trois c’est un visuel sur l’américanisme profond. En plus à l’intérieur de la pochette il y a Trump et Kim Jong-un, et c’est un jeu que j’avais fait juste avant et en fait, l’actualité me donne raison. Trois, c’est quasiment 5 mois plus tard, après la création de la pochette et j’ai totalement raison. Donc je trouve ça génial, parce que c’est une satire. C’est drôle, c’est dénonciateur, mais après c’est pas prétentieux. Ce n’est pas le but du jeu. On est pas es mecs de chez Charlie Hebdo. On travaille pas autant qu’eux sur ce genre de trucs. Mais c’est petite façon à nous de rajouter encore un peu plus de piquant à la musique et aux textes.

Christophe : C’est un ensemble et c’est assez raccord, autant avec le clip que le visuel de la pochette. Tout est orienté dans la même direction et avec humour.

Ludo : C’est pas parce que tu parles de sujets sérieux, que tu es obligé de tirer la gueule.

Christophe : Avec humour et dérision tu toucheras plus de gens, parce qu’ils préfèrent venir se marrer avec nous plutôt que de voir des mecs qui se prennent pour des Rock Stars.

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Rock Metal Mag remercie Ludo et Christophe pour cet entretien et Sarah de Dooweet Agency qui  a permis de réaliser cette interview.

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